LA VARIANTE CHILIENNE, de Pierre RAUFAST
Publié le 13 Janvier 2016
Roman - Alma Editeur - 260 pages - 18 €
Parution le 19 août 2015 : rentrée littéraire !
L'histoire : Pascal, professeur de littérature emmène Margaux, une de ces éleves de terminale, pour quelques vacances et la mettre à l'abri, dans un gite loin de tout. Là, ils font la connaissance de Florin, leur voisin. Un homme atypique, sans souvenir. Enfin presque... Car Florin, privé de mémoire, range ses souvenirs dans des bocaux. Un caillou pour chaque souvenir...
Tentation : La blogo
Fournisseur : La bib'
Mon humble avis : Pierre Raufast a fait parler de lui en 2014, avec son remarqué premier roman : la fractale des raviolis... Que je n'ai pas encore lu. Et comme, depuis août 2015, la blogo fait l'apologie du 2ème roman de l'auteur, je me suis dit, allez hop, un petit coup de variante chilienne !
Pour info, le titre est inspiré d'une partie de cartes que jouent sur plusieurs jours des personnages du roman. Voilà pour l'explication de ce titre pour le moins intriguant !
Pour le reste... donc l'essentiel... Et bien sachez que dès les premières pages de ce livre, je m'y suis sentie bien, comme si je pouvais m'installer confortablement tant dans l'objet que dans l'histoire.
Il se dit qu'il y a du Giono dans l'air. Certainement, même si ma lecture de Giono remonte à une vingtaine d'années.
Mais nous voilà en pleine campagne vallonnée, quelque part, presque en huit clos. Nous ne sortons du huit clos que pour remonter le temps et les souvenirs.... des souvenirs d'ailleurs assez pittoresques, voire rocambolesques, profondément romanesques, poétiques pour certains, loufoques pour d'autres.
Et l'on est bien avec Florin, Pascal et la jeune Margaux. On boit du bon vin avec eux, on regarde les étoiles, on s'interroge en silence sur la vie et l'autre, en fumant une bonne pipe. Le temps pourrait s'arrêter.
D'ailleurs, pour Florin, le temps s'arrête un peu tous les jours. Suite à un accident au cours de son adolescence, celui-ci a perdu la mémoire mais aussi la capacité à s'émouvoir. Plus de joie, mais plus de peine. Plus de peur, plus de colère, mais encore des valeurs morales. D'ailleurs, les valeurs morales sont-elles liées aux émotions où à l'éducation ?
Et les souvenirs ? Sont-ils notre socle ou un poids que nous portons ? Florin, qui ne peut les conserver dans sa mémoire, les transforme en cailloux qu'il range dans des bocaux, classés par années. A chaque événement qu'il ne souhaite pas oublier, il ramasse un caillou qu'il finira par pouvoir reconnaitre entre mille au touché, et lui attribue l'événement, le souvenir. Jusqu'au jour où...
Au cours du roman et des belles soirées d'été, Florin pioche dans les bocaux et racontent à Margaux et Pascal ce que fut sa vie.
La narration est entrecoupée par les confessions de Margaux à son journal intime. Confessions touchantes, très justement écrites et magnifiquement poétiques.
Bref, cette Variante Chilienne fut pour moi un véritable plaisir de lecture, autant joyeux qu'émouvant, et la découverte d'un sacré conteur en la personne de Pierre Raufast. Enfin un coup de coeur, ça faisait longtemps !
"Les "si" sont des carrefours invisibles dont l'importance se manifeste trop tard" (P. Raufast)
11/12