COMEDIE FRANCAISE, Ca a débuté comme ça... de Fabrice LUCHINI
Publié le 30 Mars 2016
Essai - Editions Flammarion - 233 pages - 19 €
Parution le 2 mars 2016 (Nouveauté)
4ème de couv : Il nous a fait redécouvrir La Fontaine, Rimbaud et Céline. Il incarne l'esprit et le panache de la langue française.
En prose, en vers et même en verlan, il a donné sa voix à d'immenses auteurs, auxquels il sait faire respirer l'air de notre temps - en racontant la fureur du Misanthrope à l'ère du téléphone portable, ou la sensualité de "La Laitière et le pot au lait" sur l'air d'une publicité pour Dim.
Il a quitté l'école à quatorze ans pour devenir apprenti coiffeur. Il est aujourd'hui l'un de nos plus grands comédiens, célébré pour ses lectures-spectacles, couronné par la Mostra de Venise pour son rôle dans son dernier film, L'Hermine.
Dans son autobiographie, Fabrice Luchini livre le récit d'une vie placée sous le signe de la littérature, à la recherche de la note parfaite.
Tentation : Ben Luchini, tout de même !
Fournisseur : L'éditeur, merci pour l'envoi !
Mon humble avis : Le nom de Luchini sur une affiche suffit à m'aspirer dans une salle de cinéma. La présence de Luchini dans la petite lucarne me change immédiatement en statue de sel, mais toute oreille bien à l'écoute ! J'adore cet acteur, qu'il soit "juste" acteur ou "bon client" dans une émission télé. J'aime le peu que l'on connaît de cet homme. Son hystérie connue et reconnue, elle me fascine car elle se transforme en envolée poétique, culturelle ou rageuse, alors que la mienne (connue mais pas reconnue) me mène au ridicule non maîtrisé !
Alors le premier livre de Luchini, c'est dire si je l'attendais ! Il ne va pas être aisé de l'évoquer, déjà parce ce qu'il oscille entre deux exercices littéraires : l'essai et la biographie. Et sans doute à cause de cette double face, ce livre me laisse perplexe. Je n'ai pas adoré, je n'ai pas détesté. Mais autant je me suis plongée dedans avec délectation, autant l'oxygène a fini par me manquer, sans doute parce que je n'ai pas trouvé dans ses pages l'ivresse des profondeurs.
Bien sûr, de nombreux passages sont savoureux et dignes de l'homme public que l'on pense connaitre. Mais l'impression globale que me laisse cette lecture se résume par le mot "décousu".
Car de l'homme et de l'acteur, on n'en apprend finalement assez peu, par des fragments de-ci-delà et notamment, de courts chapitres, au présent, narrant quelques situations vécues à l'heure H et les réflexions qu'elles inspirent à notre acteur. Bien sûr, il évoque son égo, son besoin viscéral d'être reconnu, ses angoisses intérieures et face au monde actuel, son hystérie passée et présente. Son hystérie a évolué avec le temps et la psychanalyse, puisque "Maintenant, l'hystérie arrive quand elle est payée".
J'aurais aimé suivre l'ascension fulgurante de Luchini dans l'univers du cinéma de façon plus limpide et plus chronologique. Les débuts sont assez développés, mais ensuite c'est nébuleux.
Par contre, et le contraire eut été étonnant, Luchini nous parle haut et fort de son amour des mots, des phrases, du rythme, de la musicalité, de sa recherche de la note parfaite. De la langue Française et de quelques-uns de ses grands hommes de lettres : Céline, Rimbaud, Nietzche, La Fontaine, Barthes, Molière etc. Des extraits de romans ou des poèmes entiers sont ici reproduits et Luchini de nous expliquer sa version du génie de ces hommes qu'il admire tant et qui l'on tant façonné, lui autant acteur de cinéma que de théâtre, que de lecteur au théâtre. De ce fait, on peut presque dire que "Comédie française, ça a débuté comme ça" est presque pour moitié fondé sur des explications de texte. C'est loin d'être inintéressant, mais pour moi, c'est devenu lassant. Par contre, je garde précieusement ce livre pour le jour où j'aurais le courage d'affronter Céline. Les explications de Luchini me seront certainement très utiles pour apprécier Céline à sa juste valeur.
Le style n'a rien de grandiloquant ni de très littéraires. Il semble que Luchini transpose son style oral dans l'écrit, ce qui ne produit pas le même effet.
Quoiqu'il en soit, pour moi, Luchini reste bien plus captivant dans l'oralité qu'il maîtrise à merveille, dans l'interprétation de personnages, que dans l'exercice de l'écriture.