LA BRIGADE DE L'OEIL, de Guillaume GUERAUD
Publié le 30 Juin 2016
Roman SF - Editions Folio SF - 318 pages - 8.20 €
Parution en 2007
L'histoire : Rush Island en 2037. Depuis 20 ans, la loi Bradbury interdit toute image : photo, film, vidéo. La photographie est nocive, le cinéma rend fou et la télévision est l'opium du peuple. Quand il y a interdiction, il y a forcément marché noir. Mais la brigade de l'oeil est là pour faire respecter la loi. La sentence : toute personne surprise avec une photo ou un film se fait automatiquement crever les yeux sur place par une méthode des plus abjectes. Et bien sûr, toute photo ou dérivé de photo est immédiatement brûlé...
Tentation : La 4ème de couv
Fournisseur : Ma PAL !
Mon humble avis : Il est plus que rare que je m'aventure dans la Science-Fiction ! A tort bien sûr, mais aussi par manque de temps ! Car si j'ouvre durablement ma curiosité à ce genre littéraire, je ne m'en sortirai plus ! D'ailleurs, ici, on est plus dans l'anticipation que dans la SF, et j'aime encore mieux.
En fait, j'ai adoré ce bouquin qui m'a captivée ! Alors pourquoi pas 5 pattes et un coup de coeur ? Parce que la fin m'a déçue, mais elle n'est pas essentielle au roman. Mais aussi parce que je style ne m'a pas toujours plus. En effet, je préfère mille fois la ponctuation à des phrases interminables à la conjonction de coordination "et". Voilà, c'est dit, ce sont les seuls reproches que j'adresse à ce livre.
Guillaume Guéraud a su parfaitement exploité cette idée de société où l'image est interdite. Idée qui n'est hélas pas loin d'une certaine réalité, puisque nombre de pays despotiques pratiquent la censure à haute dose. Ici, nous sommes sur une île, où les frontières sont fermées dans les deux sens. Quelques indices laissent supposer que nous pourrions être à Taïwan.
Depuis 20 ans, toute image, toute photo, toute vidéo, tout film, tout dessin est interdit. Cela va depuis l'absence de télévision, aux journaux sans illustrations, à tout art visuel ou pictural, aux foyers sans photos de famille, aux pièces d'identité sans portrait etc... Et bien sûr, la répression est sanglante pour tout criminel contrevenant à la loi : la cécité immédiate par de cruels moyens sur la place publique. Et bien sûr, personne n'est à l'abri d'une dénonciation...
Tout au long du roman, nous suivons parallèlement un haut gradé de cette brigade de l'oeil, et Kao, un adolescent trafiquant (de photos !). Guillaume Guéraud est très fort car il parvient à mettre le doute chez le lecteur. Et oui, il m'est arrivé parfois de trouver cette loi pas si idiote que cela, l'absence d'image évitant ainsi la consommation à outrance et redirigeant les concitoyens vers les bibliothèques. L'image est une vérité individuelle d'une personne au moment T. C'est la multitude d'images qui fait la vérité collective. Mais l'image, c'est aussi le partage, un oeil plus large, un souvenir, LE Souvenir de l'Histoire, le témoignage, la culture, l'évasion, une autre vision des choses.
Bref, ce roman passionnant offre un bel "outil" de réflexion sur l'usage et le rôle de l'image dans nos sociétés. C'est aussi un superbe hommage au cinéma, le 7ème art ! Et bien sûr, le portrait d'une dictature dont aucun pays n'est à l'abri.
Ce roman a presque 10 ans, et force est de constater qu'il est on ne peut plus contemporain quand on "regarde" les infos et l'usage qui est fait de l'image pour des propagandes monstrueuses qui mènent au pire. Je ne cite pas avec précision ces propagandes dont je parle, histoire que "mes mots clés" ne fassent pas perdre le temps de notre Sécurité Intérieure.
La Brigade de l'oeil, une lecture que je vous conseille sans modération, malgré mes tout petits bémols.