L'ARABE DU FUTUR tome 2, de Riad SATTOUF
Publié le 4 Novembre 2016
BD - Allary Editions - 160 pages - 20 €
Parution en juin 2015
L'histoire : Né d'un père syrien et d'une mère bretonne, Riad Sattouf raconte dans L'Arabe du futur sa jeunesse au Moyen-Orient. Dans ce second tome, qui couvre la première année d'école en Syrie (1984-1985), il apprend à lire et écrire l'arabe, découvre la famille de son père et, malgré ses cheveux blonds et deux semaines de vacances en France avec sa mère, fait tout pour devenir un vrai petit syrien et plaire à son père.
Tentation : Le tome 1, donc la blogo
Fournisseur : La bib'
Mon humble avis : En début d'année, j'avais chroniqué L'arabe du futur tome 1 ICI
Mon coup de coeur avait été immédiat pour cet album.
Mais il n'est point pour ce deuxième tome, sans doute parce que la découverte, la nouveauté n'y sont plus. Même si le plaisir de lecture est encore bien là, évidemment, tout comme mes yeux ahuris devant certaines situations décrites et dessinées. Comme dans le premier tome, on passe facilement du sourire, au rire, à l'effroi, lorsqu'on constate l'impunité du crime d'honneur (familial), et même le respect social que l'on gagne lorsque l'on est coupable d'un crime d'honneur.
Il faut dire que l'écart culturel entre mon enfance et celle de Riad Sattouf en Syrie est digne d'un grand écart du meilleur des contorsionnistes.
Dans ce 2ème tome, qui couvre la période 1984-1985, la famille Sattouf est plus statique, puisque déjà installée en Syrie, il n'est plus question du passage en Libye. Certes, il reste les vacances en Bretagnes, sujettes à bien des quiproquos et d'incongruités de part et d'autres. Mais disons que certaines séquences, notamment les séquences scolaires, m'ont parfois parues répétitives.
Néanmoins, ce tome 2 est tout de même franchement intéressant. Le système éducatif syrien est terrifiant : humiliation des enfants, maltraitance, coups de bâton sur les mains... Mais surtout, c'est l'obsession nationaliste qui choque. Dès la rentrée, les élèves sont forcés d'apprendre l'hymne national et de crier haut et fort oh combien la nation syrienne est la plus forte. Puis on passe directement à la religion et au Coran. Les élèves apprennent la fascination pour l'URSS (sans rien en connaître). Et dans la cours de récréation, l'occupation des enfants et monomaniaque : "tuer des juifs". Bref, de mon canapé, il me semble que les enfants subissent un lavage de cerveau dès leur plus jeune âge.
Dans ce tome, le comportement du père de Riad attire beaucoup l'attention, faute d'attirer la sympathie à mes yeux d'occidentale. Le père semble obsédé par l'argent, la réussite et ses signes, les apparences. Il fait lui aussi le grand écart entre les traditions familiales, musulmanes et locales et la culture européenne qu'il a acquise et qui est celle de sa femme qui, pour moi, a bien du mérite ! Mais il ne faut pas oublier que le père veut sa revanche sur la misère dans laquelle il a grandi...
Bref, même s'il n'y a plus l'effet de surprise du premier tome, celui-ci vaut bien évidemment la peine d'être lu. C'est en effet d'autres regards sur le monde... Celui d'un enfant, le nôtre à travers celui de l'enfant devenu adulte et auteur. C'est vivre l'orient de l'intérieur, "en famille" et non à travers ce que les médias nous proposent : "le poids des mots et le choc des photos."
A savoir, le tome 3 vient de paraître !