POLICE, d'Hugo Boris
Publié le 1 Novembre 2016
Il faut bien toute la douceur d'un chat pour atténuer la rudesse de cette lecture
Roman - Editions Grasset - 189 pages - 17.50 €
Parution le 24 août 2016 (Rentrée Littéraire)
L'histoire : Trois gardiens de la paix sont chargés, hors de leurs prérogatives habituelles, d'escorter un ressortissant Tadjik en situation illégale, depuis le centre de rétention de Vincennes jusqu'à l'aéroport Charles de Gaulle. Très vite, la tension monte à l'intérieur de chacun, et entre les uns et les autres. Car très vite, ils réalisent que cette fois-ci, ils vont devoir choisir entre le devoir d'obéissance et la raison individuelle.
Tentation : Le pitch
Fournisseur : Price Minister et Chapitre.com à l'occasion du match de la Rentrée littéraire.
Mon humble avis : (particulier, car il est demandé, pour le Match de la rentrée littéraire, de rédiger une chronique originale)
Mesdames et Messieurs les gouvernants, Je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être, si vous avez le temps. J’ai lu récemment un roman intitulé Police, d’Hugo Boris. Un roman que vous lirez peut-être, là aussi, si vous avez le temps.
Mesdames et Messieurs les gouvernants Peut-être, vous vous glisseriez alors, Dans l’es âmes et dans les corps, D’Erik, d’Aristide et de Virginie Dans une voiture, pour un soir réunis Trois gardiens de la paix, Qui mènent déjà des journées guerrières Et qui, faute d’administrations surchargées, Se retrouvent alors mandatés Pour escorter un homme hors de nos frontières. Il s’appelle Tohirvov Asomidin. Le seul crime qu’il ait commis Est d’avoir déserté son pays Où l’attend un funeste destin Puisqu’il y a dénoncé la torture, Sa torture et la censure.
Mesdames et Messieurs les gouvernants, Si de lire cette histoire vous prenez le temps, Vous serez alors tantôt Erik Et tantôt ce Tadjik Vous vivrez le quotidien de flics Soumis au cruel dilemme De choisir entre le devoir et l'intime conviction Alors que de l’ordre ils sont l’emblème. Vous ressentirez l’urgence de désobéir Car une vie d’homme entre vos mains Vous laisserez en vous la rage bouillir Bouillir de tant d’injustice Car être né quelque part C’est toujours un hasard Et pour bien des peuples un préjudice
Mesdames et Messieurs les gouvernants De ce récit vous serez captifs Même si celui est n’est que fictif Son auteur le rend pourtant bien réel Surfant entre l’abject visible Et l’étouffant invisible, Depuis l’intime jusqu’à l’essentiel L’essentiel jamais dit Mais profondément ressenti Comme une évidence Ou comme un non-sens.
Mesdames et Messieurs les gouvernants J’espère que vous saluerez Le courage et la grandeur d’âme De ces trois policiers Tout aussi victimes de ce drame, Que cet homme nommé Asomidin Que vous verrez la larme de Virginie, Larme de l’ignominie de cette tragédie Qui assomme celui qui lit comme un burin. Que comme moi vous espèrerez, Jusqu’au dernier instant, Que le « Système » soit défaillant Et qu’enfin Asomidin puisse de nouveau respirer.
Mesdames et Messieurs les gouvernants, Je vous ai fait cette lettre, que vous avez lu peut-être, si vous en avez pris le temps. Je voudrais ne plus pouvoir Lire de telles histoires Oh, pas pour cause de censure Mais parce qu’elles seraient pures impostures Ou seraient classées dans un autre rayon Celui de la science-fiction. Mais pour cela...
Mesdames et Messieurs les gouvernants Il faudrait que vous cessiez Vos stériles débats Vos discours acidifiés Envers vos concurrents politiciens Pour, main dans la main, Vous pencher sur l’essentiel Et qu’ainsi, nous puissions tous vivre sous le même ciel.
Géraldine BUSSON
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