VAINCUS MAIS VIVANTS, BD de Maximilien Le ROY ET Loïc LOCATELLI
Publié le 7 Février 2017
BD - Le Lombard Editions - 128 pages - 17.95 €
Parution en janvier 2015
Le sujet : Chili 1973. Carmen Castillo et son mari font partie du cercle des proches du Président Allende. Suite au coup d'état du Général Pinochet, ils décident d'entrer en résistance. Installée aujourd'hui en France, elle a fait le récit de son histoire à Maximilien Le Roy, une histoire de clandestinité, d'angoisse, de torture, de loyauté sans faille… Une histoire de vaincus. Un histoire de héros.
Tentation : Le pitch
Fournisseur : La bib'
Mon humble avis : Dans ma petite culture, au Chili, Allende, c'était le gentil, et Pinochet, le méchant putchtichste et dictateur, le tout, dans les années 70. C'était bien léger comme connaissances. Avec cet album Vaincus mais vivants, j'en sais maintenant beaucoup plus, ne reste qu'à le retenir ;)
Vaincus mais vivants est un très bel album, très intéressant et enrichissant culturellement, historiquement. Ce sont ces critères qui me bottent vraiment dans mes découvertes BD. Je pense que les textes courts et les images m'aident à imprimer plus facilement ce que j'apprends dans ma mémoire.
Un avant-propos décrit la genèse de cette BD : entre autre, la rencontre de Maxilien Le Roy avec la résistante révolutionnaire chilienne Carmen Castillo et l'écrivain français Régis Debray, qui participa aux événements d'alors. Une postface propose un entretien avec Carmen Castillo et donne des nouvelles des quelques protagonistes survivants.
Entre les deux, c'est l'Histoire qui se déroule sous les yeux du lecteur. L'histoire du Chili au coeur de celle de l'Amérique Latine et de Cuba, l'ombre du Che planant autour. Dans l'album, ça commence en 1962. Carmen Castillo, étudiante, rencontre Beatriz Allende, fille du futur président. La jeunesse militante veut se débarrasser de la classe possédante et dans cet album, cela donne lieu à d'intéressantes réflexions sur les autres formes de luttes et les moyens de donner le pouvoir au peuple. En 1965, le MIR (Mouvement de la Gauche Révolutionnaire) est créé, il ne sera dissolu réellement qu'en 1989.
En septembre 1970, le médecin Salvador Allende gagne le pouvoir par les urnes, le Chili devient une démocratie socialiste... Ce qui ne plait pas à tout le monde. Le 11 septembre 1973, Allende se suicide, juste après une dernière allocution radio, et juste avant que les putchistes de Pinochet n'envahissent La Moneda, le palais présidentiel.
Carmen, Andres Pascal, Miguel Enriquez (le plus célèbre résistant chilien) et les autres entrent en clandestinité... Beaucoup seront arrêtés, certains parleront sous la torture, d'autres non... Bref, c'est tout ce pan d'Histoire que Vaincus mais vivants expose, depuis la formation du MIR, jusqu'à l'exil et le retour au pays, des années plus tard. Forcément, on ressort de ces pages moins ignare.
Trois mini bémols : les allers et retours dans le temps et la difficulté que j'ai eue au début à reconnaître les personnages, ceux-ci n'étant pas réellement introduits. Et les ombres sur les visages, ombres qui m'ont parues un peu aléatoires...
Passionnant et glaçant, évidemment.
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