NE TIREZ PAS SUR L'OISEAU MOQUEUR, d'Harper LEE
Publié le 12 Avril 2017
Roman - Editions Livre de Poche - 434 pages - 6.60 €
Parution d'origine en 1960
L'histoire : Alabama, sud des Etats-Unis, dans les années 1930. Atticus élève seul ses deux enfants, Jem et Scout à Maycomb. Avocat blanc, il est commis d'office pour défendre un noir accusé de viol sur une jeune femme blanche.
Tentation : Ma PAL
Fournisseur : Ma PAL
Mon humble avis : Et voilà, je me suis plongée dans un grand classique de la littérature américaine, prix Pulitzer 1961 ! Et quelle plongée ! J'ai adoré ce roman. Maintenant, pas facile d'écrire dessus, vu que tout a été dit sur "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" depuis 57 ans ! Et qu'en plus, il est étudié US en classe donc décortiqué par des spécialistes !
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est paru aux Etats-Unis en 1960, en pleine période de lutte pour les droits civiques des afro-américains. Le roman est clairement un fer de lance antiségrégationniste et peut et doit être lu par tout le monde, depuis l'adolescent jusqu'aux retraités !
Ce roman nous ramène dans le sud des Etats-Unis dans les années 30. Il est intéressant de vivre trois années dans cette bourgade de Maycomb, les us et les coutumes de l'époque. Avec les noirs qui vivent à côté des blancs et non avec. Dans ce coin, les blancs sont des chrétiens "bien-pensants" racistes on ne peut plus primaires.
Trois années...C 'est ce que nous raconte Jean Louise, alias Scout. Autour d'elle, gravite Atticus, son père très intègre, Calpurnia la cuisinière noire qui fait partie de famille, Jem son frère année, Dill le petit voisin qui étrangement n'est là que pour les vacances d'été, les voisins et voisinent qui cancanent pour le meilleur et pour le pire, l'école, le Shérif Tate, le juge Taylor, Boo, le voisin invisible. La jeune Scout, âgée de 7 ans au début de l'histoire, porte un regard ouvert, interrogateur, vivant, tantôt mature tantôt enfantin sur son monde. Toutes les questions de l'enfance y passent dans un régal d'intelligence de la part d'Harper Lee pour le lecteur.
J'ai beaucoup aimé les liens qui l'unissent à son frère, à Calpurnia, mais surtout envers son père, Atticus. L'éducation que celui-ci donne à ses enfants, les dialogues qui en naissent sont en total contre-courant avec l'époque et la région. Fermeté, empathie, bonté et bienveillance, voilà l'environnement de Scout et Jem.
Et puis voilà Atticus, avocat commis d'office pour défendre Tom, noir, accusé du viol d'une jeune blanche. C'est tout le climat de la ville qui change, la peur, les regards, les menaces... Et cela se répercute sur les enfants. Quant au procès, en tant que lectrice, je l'ai lu en apnée, dans un mélange d'admiration pour la plaidoirie d'Atticus et d'effroi devant cette justice rendue par des hommes qui n'osent pas se regarder dans un miroir...
La rythme est assez lent mais il y a comme quelque chose d'envoûtant dans ce roman. Oui, il y a de la magie dedans. Sans doute due au formidable voyage en enfance racontée par Scout, une traversée de l'enfance en fait, car Scout remarque elle-même qu'elle grandit, qu'elle murit et à la fin de l'histoire, après tout ce qu'elle y a vécu, elle sent bien que l'enfance, pour elle est terminée... Sans doute avec la fin brutale de l'innocence, la prise de conscience de la bêtise humaine, des conséquences de l'injustice etc.
Enfin et surtout, c'est l'écriture magnifique, soignée à souhait mais jamais ampoulée, emprunte d'humour d'Harper Lee qui fait aussi le succès mérité de ce roman. Le coup de maître d'Harper Lee est de faire de Scout la narratrice... sauf que lorsqu'elle raconte, Scout n'est plus une enfant. Elle se souvient de ses joies et de ses peurs d'enfants, mais avec un style d'adulte, ce qui permet ainsi un langage qui ne soit pas lassant ni basique, et qui s'adresse à tous.
Je comprends vraiment que le succès de "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" traverse les décennies, car pour ma part, je ne suis pas prête d'oublier de sitôt cette histoire et ses personnages si attachants, qui pour la plus part, gardent bien des mystères, même après le dénouement.
PS : A savoir... Il règne autour d'Harper Lee un certain mystère, comme le mystère qui entoure des auteurs comme Salinger. Malgré le succès international de ce premier roman, la romancière mit plus de cinquante ans à en publier un deuxième "Va et poste un sentinelle" en 2015 (que je viens d'acheter !). Elle est décédée l'année dernière, en février 2016.
Chez Antigone