UN INSTANT D'ABANDON, de Philippe BESSON
Publié le 18 Mai 2017
Roman - Editions Pocket - 180 pages - 7 €
Parution d'origine chez Julliard en 2005
L'histoire : A Falmouth, petit village côtier du sud de l'Angleterre, Thomas revient après des années de prison. C'est à Falmouth qu'il a toujours vécu, et c'est là aussi qu'il a été condamné pour un crime innommable. Avec son retour, c'est tout le passé qui resurgit et bien sûr, Thomas n'est pas le bienvenu. S'il ne cherche pas la vengeance ou la provocation, pourquoi revient-il alors ?
Tentation : Ma PAL
Fournisseur : Ma PAL
Mon humble avis : C'est la première fois que j'ouvre un livre de Philippe Besson et j'ai frôlé le coup de coeur ! Mais voilà, la fin m'a un peu déçue. J'attendais quelque chose que je n'ai pas eu, même si j'ai une quelque chose que je n'attendais pas, donc la surprise que l'on espère de la littérature était tout de même au rendez-vous.
Le style et l'écriture de Philippe Besson m'ont séduite et happée de suite et m'ont fait vite dire que d'autres lectures de Besson il y aura ! Une écriture fluide mais directe, âcre et douce à la fois, soignée sans y paraître, qui frappe autant qu'elle caresse. Une écriture qui décrit parfaitement l'ambiance, la rudesse du climat et les personnages, le tout par petites pointes qui ajoutées les unes aux autres, finissent par donner des personnages creusés, des lieux que l'on se représente parfaitement dans notre tête de lecteur. Les révélations viennent vraiment au fur et à mesure, et ne manquent pas de surprendre.
Quatre parties ce roman narré à la première personne du singulier. Il y a le retour de Thomas et son introspection, tant sur son présent que sur son passé. Puis la rencontre avec Rajiv, l'épicier Pakistanais, qui donne lieu à des confidences, des aveux et des dialogues minimalistes ou les mystères planent toujours... Le lecteur savoure. Enfin, la rencontre avec Betty, caissière dans un débit de presse, et le récit, toujours minimaliste, des années de prison de Thomas. C'est là que mon enthousiasme s'est un peu délité car je n'ai pas vraiment cru au personnage de Betty, ses manières et à cette relation naissante. La quatrième partie ne dure que quelques pages et donc... constitue la fin : donc silence radio de ma part !
Un instant d'abandon est vraiment un roman très riche de sujets abordés et de réflexions personnelles qu'il suscite. Le deuil... suite à une mort ou face à une vie ratée. La culpabilité. L'envie de meurtre rend-il coupable ? Le pardon. Alors qu'un homme a payé son crime devant la justice officielle, pourquoi les hommes n'oublient pas et ne donnent pas l'absolution. Le bannissement facile, quelle qu'en soit la raison. La vie comme une prison et la prison comme unique sortie de secours.
Je ne comprends toujours pas les personnages romanesques ou les personnes réelles qui subissent leur vie, qui suivent sans bonheur celle qui leur est tracée sans rébellion, sans décision, sans changement, mais avec fadeur et amertume quand rien ne les y oblige désormais (car il y a parfois des faits et des situations que l'on ne choisit pas tout de même, où d'autres qu'il faut assumer. Mais dans ce roman, nous sommes au XXIème siècle, en Europe de l'Ouest, les lois et l'époque sont assez libertaires pour ne plus subir l'ennui en fait. (Petite réflexion perso !)
Un instant d'abandon reste un roman qui vaut sacrément le détour et qui, pour moi, met en lumière un auteur à approfondir !