RAVAGE, de René BARJAVEL
Publié le 14 Juin 2018
Roman SF - Editions Le livre qui parle - 7h26 d'écoute - 17.95 €
Parution d'origine en 1943
L'histoire : Nous sommes en 2052. La société est ultra électrisée, automatisée, robotisée...
Puis, un jour, tous les avions tombent en même temps... L'électricité a disparu... Plus rien ne fonctionne. Paris, puis la France entière tombe alors dans le chaos... Les réflexes humains les plus primitifs remontent alors à la surface...
Tentation : Curiosité, envie de culture
Fournisseur : Bib N° 3
Mon humble avis : Jeune adulte, j'avais lu quelques romans de Barjavel, sans me rendre compte que je lisais alors de la science-fiction, les différents genres littéraires m'étant alors soit inconnus, soit indifférents. J'avais adoré à l'époque et depuis 20 ans, je me disais qu'il me fallait retourner vers Barjavel. C'est chose faite avec Ravage, un classique de la SF, et bien plus sombre que les quelques souvenirs qu'il me reste de mes précédente lecture.
Ravage est une dystopie écrite en 1943, soit plus de 100 ans avant l'époque où se déroule son intrigue, qui ne se trouve plus qu'à 25 ans de notre époque... Et c'est réellement fascinant ! Je suis épatée par l'imagination dont a fait preuve Barjavel pour créer un lointain futur dont nous sommes maintenant si proches dans tous les sens du terme. L'auteur avait alors conçu des technologies et des façons de vivre qui sont hélas devenues si réelles... L'hyper connexion, le tactile, l'ultra concentration urbaine, et même la création ex nihilo de starlette à la mode téléréalité. Et nous nous approchons tellement du reste que cela en est effrayant, puisque la société imaginée par Barjavel sombre dans un chaos tel que seuls les instincts primaires et un retour en arrière dans le mode de vie permet de survivre. L'approche et le message de Barjavel jouxtent nos peurs actuelles et même les prédictions pessimistes des scientifiques, historiens, ou humanistes contemporain. Imaginez qu'en 1943, René Barjavel évoquait déjà le réchauffement climatique ! Les artistes et écrivains seraient donc des précurseurs passant pour fantaisistes alors qu'ils devraient être pris on ne peut plus au sérieux et écoutés...
Quant à déroulement du roman lui-même : 4 parties...
- Les temps nouveaux... Présente la société de 2052, surtout pour le pire mais un peu pour le meilleur, avec forte ironie et causticité de la part de l'auteur. Pour le lecteur, c'est très divertissant et amusant et pleinement satirique.
- La chute des villes... Les choses sérieuses commencent ! Plus d'électricité... le chaos commence avec ses destructions, son lot de violence humaine (par vice ou par survie)... La barbarie est de retour et touche tout le monde.
- Le chemin des cendres... François et Blanche, les personnages principaux, ont constitué une équipe qui fuit la capitale pour rejoindre le sud de la France où subsistent encore une véritable agriculture et un certain art de vivre... Cette partie ci est vraiment post(apocalyptique)... La longue route qui attend ce petit groupe est parsemée d'embûches en tout genre et les décès seront nombreux. Cette partie-là fut assez laborieuse et longue pour moi.
- Le patriarche : François et les quelques survivants de son groupe refonde une société ex nihilo, avec des bases et des règles très stricte pour repeupler le pays Cette société est basée sur la sagesse, la méfiance de tous progrès scientifiques et technologiques, pour ne pas renouveler les erreurs du passé. Seule importe réellement l'agriculture et l'autosuffisance. Par contre, il m'a semblé que le comportement de François, qui devient le patriarche, s'approche du despotisme... A l'époque où Barjavel a écrit ce roman, en France, nous sommes dans les années Pétain...
Bref, Ravage est un roman très dense, dont il est impossible d'aborder tous les sujets dans une simple chronique. Fascinant, Ravage n'est finalement pas si pessimiste que cela quand on voit où nous en sommes en 2018, et terriblement contemporain. En effet, nombre d'idéologies, de prévisions scientifiques ou de modes de vie de certains d'entre nous ne prônent-ils pas le retour à la terre et aux valeurs essentielles.