PLAGE, de Marie SIZUN
Publié le 14 Août 2018
Roman - Editions Arléa - 264 pages - 10.50 €
Publication en septembre 2011
L'histoire : Quelque part dans le Finistère Sud, une femme est là, sur la plage, seule. Anne attend. Dans une semaine, son amant viendra la rejoindre. Anne espère et dans cette expectative, elle observe ce qui se déroule autour d'elle, comme au fond de son esprit.
Elle décompte les jours qui la sépare des retrouvailles, et se cramponne à son téléphone , aspire à entendre sa ridicule sonnerie, annonciatrice de la voix de son Amour, qui viendra, c'est sûr. Sauf si...
Tentation : Sylire + le sujet
Fournisseur : Ma PAL
Mon humble avis : Comme j'ai aimé ce livre, si bien écrit, si délicat et intimiste. Cette histoire où il ne se passe pas grand-chose, mais qui nous fait vivre au gré des marées, hautes et basses, au sens propre comme au figuré. Il y a les marées hautes qui obligent les vacanciers à s'agglutiner sur le sable sec... Et les marées basses, qui élargissent l'horizon et qui éparpillent les gens. Et dans le coeur d'Anne, c'est un peu pareil. Flux et reflux. Espoir et joie, déception, souffrance, solitude, compagnie et souvenirs qui remontent à la surface.
Pourtant, Anne fait partie des personnages littéraires à qui j'aimerais botter les fesses, les remuer, leur ouvrir les yeux. Les tirer de tant de naïveté, de tant d'aveuglement. Mais je me suis sentie bien avec elle, dans cette petite station balnéaire nommée d'un simple "S", son Hôtel de la Plage". Toute une petite galerie de personnages dont on apprendra peu par des instants volés, des conversations captées par bribes, sans le vouloir. Et d'autres qui diront beaucoup par le regard, une attention où juste quelques mots.
J'ai vraiment adoré toutes les observations et déductions potentielles que fait Marie Sizun à travers l'oeil et l'esprit d'Anne. Sur la plage... Oui, il y a les habitués, qui se placent toujours aux mêmes endroits. Les propriétaires de villa, les locataires... Ceux du camping. Le clan des familles, celui des jeunes couples, des esseulés, des jeunes adolescentes toutes longilignes et la main clouée au portable. Il y a les nouveaux, qui cherchent une place, qui n'osent pas le centre. Il y a les discrets, les bruyants qu'on aimerait fuir de plusieurs dizaine de mettre. Ceux qui se collent à vous alors que la plage est grande. Ceux qui s'ennuient ensembles. Ceux qui lisent. Ceux qui s'assoupissent, malgré le brouhaha constant de la plage (où d'autre parviendrons nous à dormir dans un tel boucan ?). Les seniors, qui s'installent toujours dans un même cercles tellement étroit que les pieds se touchent et que seuls les dos voient la mer qui n'est qu'un décor devenu aussi habituel qu'un meuble dans un salon. Pourquoi si serrés ? Pour tout de même s'entendre quand les oreilles faillissent ? Bref, je me suis régalée de toutes ces descriptions tant j'y ai retrouvé les observations estivales annuelles.
Et Anne dans tout cela ? Car ce roman aurait pu aussi s'intituler Anne. Anne attend, cramponnée à son téléphone, l'appel puis la venue de l'être aimé. Elle est à son service, à sa disposition d'une façon on ne peut plus unilatérale. Car l'Amour d'Anne est marié, à des enfants. Donc Anne est l'autre, celle qui doit rester inexistante de l'officielle et qui de ce fait, subit tant pour quelques heures de bonheur, ou d'espoir de quelques heures... Mais Anne cheminera et réalisera la nocivité de sa dépendance affective. Elle découvrira que l'absence de sentiment rend libre, supprime la souffrance, permet d'être soi.
Pas de grand suspens dans ce roman, mais quelques rebonds et quelques surprises qui prouvent que le monde est petit. L'écriture entraînante, jamais pesante, très agréable rend ce récit addictif... Trop d'ailleurs car pour la petite histoire, j'ai entamé ma lecture chez moi, quelques jours avant d'aller à la plage. Cela faisait un moment que je réservais ce roman pour cet été dans la ferme intention de le lire sur le sable. Pas eu le temps d'arriver à la plage que je tournais déjà la dernière page !
L'avis de Sylire