LA PURGE, d'Arthur NESNIDAL

Publié le 7 Septembre 2018

Roman - Editions Julliard - 149 pages - 16.00 €

 

Parution en août 2018, rentrée littéraire

 

L'histoire : Le narrateur décrit son année d'hypokhâgne, école où tout moyen est bon pour parvenir à l'excellence, quel l'on soit étudiant, professeur ou directeur... Puisque ces classes préparatoires formatent l'élite de demain.

 

Tentation : Le pitch

Fournisseur : Ma CB

 

 

 

 

Mon humble avis : Mon choix s'est porté sur ce premier roman parce qu'il y a quelques années, une de mes nièces est entrée en classe préparatoire à Henri IV. Elle en partit en courant un mois plus tard, dégoûtée des "valeurs humaines" qui y étaient prônées. Alors, par ce roman, j'espérais être la petite souris dans les entrailles de ces prépas, usines à broyer de la jeunesse, à tuer l'innocence, à enterrer les rêves.

Et me voici bien embêtée avec La purge. Tout d'abord, la 4ème de couv, assez proche de mon "résumé qui la résume", est assez mensongère quant au contenu du roman. Les premières pages correspondent à peu près à l'attente, puisque l'on partage effectivement le quotidien de ces étudiants (pression, humiliation, privation de sommeil et de nourriture etc). Mais la suite se perd dans des descriptions ultra longues de personnages, de pièces. Il m'a semblé que chaque petit dialogue, aussi court soit-il, était nécessairement introduit par des pages et des pages d'inventaires détaillants le plus minutieusement possible chaque centimètre carré d'un visage, d'une paire de chaussures, d'une tenue vestimentaire, d'une allure... De ce fait, pour moi, les propos manquaient de profondeur, d'affect, d'utilité et bien sûr, d'intérêt.

La purge est un pamphlet contre ces classes préparatoires qui forment l'élite de demain... Avec des profs qui se croient Dieu et certains élèves qui s'imaginent déjà élevés au rang de ses saints... Tout est fait pour décourager ou pour formater... Le par coeur remplace la réflexion, la curiosité, la découverte. Un certain savoir camoufle l'ignorance. Le chemin et le rythme militaire sont tracés. Exit ceux qui ne suivent pas. 

Le propos recherché est donc louable... Mais la forme l'est beaucoup moins à mes yeux.

Le style tout d'abord... Il peut être considéré comme magistral... ou comme ampoulé, pédant. La maîtrise de la langue et de la culture française du jeune auteur est bien entendu époustouflante ! Oui mais... de ce fait, pas accessible à tout le monde... Pour moi, ce fut impossible de dévorer ce roman, tant sa lecture nécessitait de la concentration pour apprécier les effets de style, traduire les innombrables métaphores très très recherchées et souvent nébuleuses. Comme certains chanteurs à voix s'écoutent chanter, j'ai eu la sensation qu'Arthur Nesnidal se regardait écrire, jubilait de son utilisation de notre belle langue, sans penser forcément aux lecteurs qui liraient ses pages... Ou alors, s'il y pensait, et bien pour moi, il reproduisait le système qu'il dénonce en tombant alors dans son propre piège... Ne s'adresser qu'à une certaine élite, seule capable de le suivre, et exit les lecteurs à la culture moyenne dont je suis. Possible qu'au fil des pages souvent rébarbatives car trop empesées et maniérées, Arthur Nesnidal purge certains de ces lecteurs.

Le contenu ensuite... Arthur Nesnidal pointe du doigt le mépris qui règne dans l'univers préparatoire... Celui des prof envers les élèves, du directeur envers les étudiants, des étudiants nantis envers les étudiants boursiers, des citadins envers les paysans etc... Mais pour moi, il le fait de façon maladroite... Il dénonce ce mépris en usant juste du même mépris, de la même condescendance... et l'ensemble reste assez superficiel, puisque les personnages ne sont pas creusés, on ne les connait pas de l'intérieur. L'auteur se contente le plus souvent de trois ou quatre pages de descriptions sur la laideur physique de l'un, ou l'absence de goût vestimentaire de l'autre.

Donc bref... Certes, c'est très bien écrit... mais finalement trop bien pour toucher, passionner, captiver, émouvoir. Et surtout, par son style, ce roman s'adresse beaucoup plus à ceux qu'ils dénoncent et qui ne forment qu'une infime partie de la population française qu'à la masse... Un roman qui dit dénoncer l'élitisme tout en usant de ses manières... Et bien ça me laisse perplexe... Une certaine simplicité aurait, je pense, bien mieux servi le sujet ! Aussi brillant soit-il, Arthur Nesnidal s'est pour moi éloigné de celui-ci.

 

2/6

"La rumeur est une lèpre, qui vole d'une haleine bouffie de mesquinerie à des oreilles complices déjà contaminées." (La purge, A. Nesnidal)

"Plaindre, c'est tendre la main vers le misérable parce qu'il est misérable ; il y a dans ce geste une forme de hiérarchie qui compare les malheurs et désigne le faible" (La purge, A. Nesnidal)

"La fierté des parents a de ces prophéties qui lorsqu'elles s'écroulent, semble tuer l'enfant.......Rien n'est plus obligeant que la confiance d'un proche" (La purge, A. Nesnindal)

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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A
Aaah je vois très bien ce dont tu parles par rapport à l'écriture ou le style "trop parfait" qui peut nuire au fond. Bon dommage, ça avait l'air intéressant en effet.
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L
A fuir ! Un roman consternant tant sur le fond que la forme. Le style prétentieux de l'auteur est de plus en plus insupportable au fil de la lecture. L'auteur se veut populaire mais écrase son lecteur sous son érudition et sa rhétorique ronflante. Les phrases sont constituées d'une accumulation de métaphores obscures, de références pompeuses, dans une syntaxe ampoulée et grandiloquente qui veut sans doute imiter Hugo ; mais n'est pas Hugo qui veut... D'autre part l'univers décrit par Arthur Nesnidal n'est en aucune façon représentatif de ce que peut être une classe prépa de province. Les portraits tous plus haineux les uns que les autres rendent inaudibles le propos, où derrière une prétendue lutte contre la bourgeoisie intellectuelle, on devine surtout l'aigreur, la rancune et la jalousie de l'auteur qui se livre à un règlement de compte personnel en permanence. Lecteurs, lectrices, passez votre chemin : une prose nauséabonde et venimeuse.
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D
Style très étonnant pour quelqu’un qui se prétend accessible à tous : l'auteur n'a de cesse de complexifier les tournures de phrase. Le sujet de fond abordé n'est absolument pas original. On a le sentiment qu'il souhaite noircir le tableau afin de justifier son propre échec
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J
Un ramassis de haine, une violence malsaine à l'égard notamment des professeurs et des élèves. Le style "je me la pète" par sa verbosité n'est qu'une insulte au combat qu'il entend mener.<br /> A éviter absolument !!!
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C
Étant dans la classe prépa dont il est question dans ce livre je suis bien étonnée du tableau qui en est dépeint, en effet si mzs camarades ou moi-même devions décrire l’ambiance de la classe nous soulignerions plutôt la franche camaraderie, et une très bonne entente avec les professeurs, ... je vois dans ce livre plutôt le commentaire d’un étudiant aigri qui cherche à se venger, plus qu’un témoignage objectif et je trouve cela dommage de conseiller un tel livre basé sur de la rancoeur et de la diffamation. Si vous en voulez la preuve je vous invite tout simplement à passer une journée dans nos classes pour vérifier par vous-mêmes.
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C
Oui, je me suis mal exprimé, il est vrai que quant à la « qualité » du style nous tombons d’accord mais je voulais avant tout souligner que ce que prétend dénoncer l’auteur dans son livre n’a pas lieu d’être et a un caractère diffamatoire plus que prononcé...
G
Si vous me lisez bien, vous verrez que je ne conseille pas vraiment de le lire...
K
Dommage, ça me disait bien, de connaitre ces classes de l'intérieur (j'ai fait la fac, tout bêtement) Bah, j'attendrai la bibli, éventuellement
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