DEUX SOEURS, de David FOENKINOS

Publié le 2 Mars 2019

Roman - Littérature Française - Séparation - amour - jalousie - obsession
Deux soeurs de David Foenkinos

Roman - Editions Gallimard - 173 pages - 17 €

Parution le 21 février 2019

 

L'histoire : La vie de Mathilde s'effondre en quelques semaines... Il suffit qu'Etienne la quitte après cinq ans d'amour et d'un geste déplacé à son travail pour qu'elle se retrouve sur le banc de touche et perde pied.

Sa soeur Agathe lui propose de venir s'installer chez elle histoire de se reposer pour repartir sur de bonnes bases. Son mari et sa fille Lili lui feront de la place dans leur petit appartement, et dans leur vie. L'équilibre de cette cohabitation devient très vite très précaire, surtout que Mathilde dévoile un pan de sa personnalité inconnu de tous, même d'elle même...

 

Tentation : Pour Foenkinos, je cours !

Fournisseur : Ma CB

 

 

Mon humble avis : David Foenkinos nous conte l'histoire d'une chute sans fin, tout en observant les travers de notre société contemporaine. Via Mathilde il nous fait vivre les conséquences de l'abandon amoureux, lorsque celui-ci devient obsessionnel et conduit à une sorte de folie. La désertion de l'être aimé passionnément, la blessure, le mal qui est fait et libère ainsi un pan inconnu de votre personnalité... A moins que ce soit ce mal qui le crée...

Les conséquences du malheur, la dépression, le déni, la paranoïa... 

Deux soeurs est un roman qui change complètement de direction, qui sort "des habitudes Foenkinos" que pourtant j'adore pour surprendre et entraîner le lecteur dans une histoire tout à fait inattendue de sa part... C'est pas mal non plus d'être surprise et emmenée là où l'on ne s'y attendait pas.

Pourtant, le ton, ou le style singulier de l'auteur est là... Ce ton faussement badin, qui fait souvent sourire, cette façon unique et inimitable  qu'a David Foenkinos pour dire, raconter ou démontrer les choses et les sentiments. Oui, même en lecture "à l'aveugle", on saurait parfaitement dire qui tient la plume. Mais c'est dans le registre que l'auteur fait un virage à 180 degrés. Nous sommes ici dans une histoire sombre qui détaille avec grand talent des affres de la dépression, une histoire où la tension monte, où l'auteur se joue du lecteur en émettant une hypothétique manipulation pour la démonter ensuite.

A mesure que l'on tourne tourne tourne frénétiquement les pages, on devine que l'issue risque d'être tragique, sans jamais imaginer à quel point celle-ci sera glaçante.

Le Foenkinos 2019 est donc toujours aussi agréable et fluide à lire, mais surprenant puisque éloigné de l'univers et des sujets de prédilection de l'un de mes auteurs chouchous ! Vivement 2020 !

 

Et pour une fois, je me suis fait "plaiz" avec plein de petites croix au crayon à papier dans la marge !

"Elle se rendit compte à quel point il est facile de ne pas être soi"

"Il avait fini par se dire que certaines histoires meurent d'avoir commencé trop tôt... Il passa donc à la seconde rupture : celle des réseaux sociaux, en la "bloquant" sur toutes ses pages. Elle en fit de même : la fin d'un amour moderne."

"Dire la vérité, c'est faire fuir l'autre. Mathilde n'a pas le choix, elle minimise chacune de ses pensées. Mais elle ne doit pas sembler indifférente non plus. Tout est si compliqué. Elle donnerait n'importe quoi pour avoir le mode d'emploi du geste juste."

"Est-il possible que la gentillesse soit insupportable ?... L'agressivité de Mathilde était compréhensible. On cherche toujours un bouc émissaire à ses souffrances".

"On pourrait croire que que ce moment d'égarement demeurerait l'unique image que l'on conserverait d'elle. Une erreur dans un océan de perfection, et c'est l'erreur seule que l'on regarde".

"La disponibilité permanente de toute chose avait donc conduit à la baisse de la libido curieuse. Alors, on repérait les passionnés, ici où là, comme des chevaliers d'un autre temps"

"Le vrai problème, c'était les livres. Mathilde en avait trop lu. On ne pouvait pas être heureux quand on avait trop lu. Tous les malheurs venaient de la littérature. Elle enviait le manque de culture littéraire de sa soeur."

"Peut-on devenir méchant à l'épreuve de la souffrance ? Il fallait croire que oui.

« Quand vous souffrez, tout le monde vous considère comme un produit explosif. Vos interlocuteurs s approchent de vous en espérant que le fil rouge et le fil bleu qui sont en vous ne vont pas leur faire exploser une bombe au visage. »

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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M
Comme beaucoup, je pense, j'ai découvert David Foenkinos avec La Délicatesse et depuis je suis cet auteur avec un plaisir toujours renouvelé. Deux Soeurs est dans ma wish-list depuis un moment et je compte bien l'acheter et le lire prochainement. Ta chronique n'a fait que renforcer cette envie !
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S
Tout pareil que Clara !
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A
J'ai lu un Foenkinos dans ma vie, La délicatesse, bon moment de lecture, mais j'ai l'impression que ça m'a suffi. J'ai trop d'autres tentations PAL/LAL aussi il faut dire.^^
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C
Je compte bien le lire
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