LES GRAND-MERES, de Doris LESSING

Publié le 29 Juin 2019

Doris Lessing , littérature sud africaine, prix nobel de littérature

Roman - Editions J'ai Lu - 96 pages - 5 €

 

Parution d'origine chez Flammarion en 2005

L'histoire : Roz et Lil sont deux amies d'enfance, qui ont toujours tout vécu ensemble, l'une habitant en face de l'autre. Plus tard, l'une a divorcé, l'autre est devenue veuve. Elles ont chacune élevé seul leur fils unique Ian t Tom.

Des années plus tard, Roz, Lil (devenues grand-mères), Tom et Ian et les filles de chacun sont attablés à la terrasse d'un café dominant la baie de Baxter's Teeth. La perfection et le bonheur aux yeux de tous. Soudain, Mary l'une des belle-filles, apparaît ivre de colère...

 

Tentation : Suite de ma découverte de la littérature sud-africaine

Fournisseur : Ma CB

Mon humble avis : Toujours dans ma découverte de la littérature sud-africaine, il m'est apparu que Doris Lessing était une écrivaine incontournable... Effectivement, Prix Nobel de la littérature en 2007, c'est un signe tout de même. Mais bon... Devant l'inconnu, ne prenant pas trop de risque, j'ai choisi son roman le plus fin...

Roman donc très court mais sacrément dense et remuant. Envoûtant et pourtant dérangeant peut-être ?  Amoral ? Oui et non, à vous de voir. Mais l'ouvrage ne se veut absolument pas moralisateur, l'auteure ne prend pas position, elle raconte.

Rien ne dit réellement où se déroule l'histoire... En bord de mer, dans un pays assez grand pour avoir quelques zones désertiques. L'Afrique du Sud ou tout à fait ailleurs, peu importe. Ici, il n'est pas question de couleur de peau, d'Apartheid, ni de fond historique. C'est une histoire universelle, bien que je doute qu'elle puisse avoir lieu dans une nation à la religion extrémiste.

L'écriture est aussi délicieuse et fougueuse, qu'implacable et efficace. L'auteure n'y va pas par quatre chemins et le lecteur apprend très vite ce qui mettra plus tard la belle-fille Mary dans un tel état de colère. Les personnages sont admirablement construits et approfondis et font naître une situation familiale très rare en littérature, voire même peut-être inédite, avec un effet de "miroir filial" très fort. Nous sommes presque en huit clos formé de ce quatuor, les deux mères (qui deviennent grand-mères) et leur fils respectifs. Un quatuor lié à vie, attaché même, qu'il est difficile d'intégré, de séparer etc... Je ne peux hélas plus développer mes explication, sous peine de spoiler.

Ordre ou désordre naturel, le temps et les convenances viendront bouleverser ce faux équilibre, tout du moins en apparence.

Doris Lessing nous livre ici un magnifique portrait d'une amitié hors du commun, fusionnelle, de deux femmes libres et à l'esprit ouvert, mais qui se retrouvent, de leur plein gré, prisonnières d'une certaine situation, de ce qu'elles sont elles-mêmes en fait ? Jusqu'où sommes-nous libres de nous-même ? Quand devenons-nous notre propre piège ? Et peut-on lutter lorsque celui-ci vient du fond de l'âme.

PS : Un film a été adapté très librement de ce roman, sous le titre de Perfect Mothers, avec Robin Wright et Naomie Watts (sorti en 2013) (Pas vu)

 

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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S
Etant grand-mère désormais, ce titre m'interpelle, forcément.
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G
Oui, mais attention, ce n'est pas la douce relation de mamie nova avec ses petits enfants ici... l'histoire peut être choquante !
A
Oui, bravo pour tes explorations ! J'ai bien ri à la mention de ta non-prise de risque en choisissant le roman le plus fin. Pour ma part, j'ai un très mauvais souvenir d'une lecture de Doris Lessing étudiée à la fac - roman trouvé barbant à l'époque mais étais-je trop jeune pour apprécié ? Depuis, il était hors de question que je relise un livre de cette grande auteure malgré l'enthousiasme de la majorité sur d'autres romans. Peut-être faudrait-il que je récidive aujourd'hui ? Peut-être avec ce roman fin ?^^
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K
Tiens, une découverte pour moi (tu poursuis aussi tes explorations, bravo!)
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