NOUVEL AN, de Juli ZEH

Publié le 13 Avril 2020

Roman Nouvel An, Juli Zeh, Lanzarote, Canaries, avis, blog, chronique

Roman - Editions Acte Sud - 189 pages - 20 €

Publication en septembre 2019

L'histoire : Henning, allemand, passe deux semaines de vacances d'hiver avec sa femme et ses deux jeunes enfants à Lanzarote, île des Canaries. Malgré l'aspect à priori reposant du séjour, Henning se bat toujours contre "la chose"... ces crises d'angoisse qui le menacent ou lui tombent dessus trop souvent. Au matin du 1er janvier, il enfourche son vélo de location et entreprend l'ascension harassante d'un volcan. Fuyant l'asphyxie familiale, il se bat contre le dénivelé et le vent puissant... Comme s'il était irrémédiablement attiré vers les hauteurs. Il ne le sait pas encore, mais Henning a peut-être rendez-vous avec son passé enfoui, et donc avec lui-même.

 

 

Tentation : La blogo

Fournisseur : Bib N°1

 

Mon humble avis : J'ai emprunté ce livre sous le seul prétexte qu'il se déroule sur Lanzarote, île sur laquelle j'ai randonné lors de vacances il y a bientôt trois ans... L'occasion de se replonger dans certains paysages depuis son canapé ne se refuse jamais ! Sauf qu'ici Lanzarote devient le théâtre d'un drame cauchemardesque... Alors que mes vacances s'y sont parfaitement déroulées !

Le roman peut se découper en deux parties : la première, avec comme un prologue qui la provoque et la deuxième, avec un épilogue qui nous explique parfaitement le mal-être d'Henning, Henning luttant contre un sentiment de responsabilité trop lourde, un sentiment de devoir assurer dans tous les domaines de sa vie.

La première partie nous présente tout d'abord la vie d'Henning : sa famille, ses enfants, ses relations avec sa femme Theresa.  Sa sensation d'être au bout, à bout... Henning sent un poids insurmontable sur ses épaules et cependant, il est conscient qu'il a une vie normale, sans soucis majeur, dont il ne devrait se plaindre. Au lendemain d'un réveillon qui le laisse amère, il enfourche donc son vélo et entame un fameux combat : le vent, le dénivelé, son propre corps pas préparé, lui-même. Juli Zeh démontre alors un véritable talent, faisant de cette ascension une formidable métaphore avec la vie d'Henning, et sans doute même, la vie d'une majorité : la pression, être bon partout (bon père, bon mari, bon professionnel etc), qui mène à un véritable combat avec soi-même pour résister contre des éléments extérieurs. L'auteure entre dans l'esprit de son personnage avec justesse et une belle finesse d'analyse. Oui mais, cette partie s'est mise à trop durer pour moi, et je me demandais si j'allais poursuivre cette lecture.

Et puis hop, arrivé au sommet (après quelques pérégrinations étranges), Henning rencontre Lisa, qui le sauve en lui proposant boisson et repas, alors que notre grimpeur épuisé n'avait rien prévu. Puis Lisa lui propose de visiter son étrange demeure. Et là, Henning comme le lecteur se retrouvent propulsé des décennies en arrière. Hallucination, invention, réels souvenirs ? Qu'en est-il pour Henning, qui n'aura la réponse qu'à son retour en Allemagne. Cette partie-là, qui compte un sacré suspense est addictive. Mais elle est surtout bouleversante, poignante, terriblement anxiogène, et quelque part tellement dingue qu'on peine à croire que cela puisse être réel. Les émotions du lecteur sont vraiment mises à mal. C'est comme un vertige qui nous envahit. Et là, Juli Zeh nous livre un chef d'oeuvre de romancière, à se glisser corps et âmes dans deux si jeunes, trop jeunes personnages (Henning et sa petite soeur Luna) pour être confrontés à une situation inimaginable. Vraiment, je tire mon chapeau à Juli Zeh pour cette partie qui est vraiment... il n'y pas de mot ! Elle laisse son lecteur complètement K.O !

Bref, pour conclure donc, Nouvel An est un excellent roman qui démontre, une fois de plus mais différemment, les dégâts sur toute une vie et les conséquences des traumatismes enfouis, que les adultes pensent solutionner en les taisant, en les glissants sous le tapis de l'oubli ou le déni... Sauf que le traumatisé n'oublie jamais, même s'il en est inconscient. Et oui, deux "petits" jours peuvent conditionner toute une vie.

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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A
J'ai lu un Juli Zeh il y a assez longtemps mais j'en garde un souvenir de thriller psychologique bluffant où elle m'avait franchement épatée. Il faut que je la relise ! C'était prévu d'ailleurs mais je l'ai oubliée avec toutes les autres tentations. Merci pour ce rappel.:)
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