UNE FEMME DANS LA COURSE, BD de Marie DUVOISIN & Gwénola MORIZUR

Publié le 16 Décembre 2024

BD - Editions Lombard - 104 pages - 19.95 €

Parution le 6 septembre 2024

L'histoire : Années 70. Toute sa vie, Christine a couru pour se libérer des chaînes. Celles du deuil, du patriarcat ou de la colère. Et puisqu’il n’y a que dans la course qu’elle se sent libre, elle décide de s’inscrire au Marathon de France. Mais elle ignore encore que les femmes n’ont pas le droit d’y participer car ce sport leur est interdit. Pour elle, les obstacles seront bien plus nombreux que les 42 kilomètres qui la séparent de la victoire…

Tentation : le billet d'Antigone

Fournisseur : La bib de St Lunaire

 

Mon humble avis : Après une telle lecture, j'ai presque honte de détester la course à pied ! Autant j'aime marcher, autant courir m'achève au bout de 100 mètres. Peu importe, ce n'est pas de moi dont il s'agit dans cette très belle et intelligente BD, mais de toutes les femmes qui se sont battues pour avoir le droit de courir au même titre que les hommes, sur les mêmes distances, et pour que le marathon féminin devienne discipline olympique. 

Aux J.O de1928, les femmes ne sont autorisées qu'à courir sur 800 mètres, droit qui leur est retiré l'année d'après. En 1966, une jeune américaine de 23, Bobbi Gibb décide de participer en cachette au Marathon de Boston. L'année d'après, c'est la Newyorkaise Katherine Switzer qui s'inscrit au Marathon de New York, sans préciser son sexe. Quand l'organisateur de la course le découvrira, il voudra violemment sortir Katherine de la course, Katherine qui sera vivement défendue par son conjoint et les amis avec qui elle court. Cette scène, photographiée et filmée, et devenue célèbre et Katherine terminera donc la course. En 1972, le Marathon de Boston accueille officiellement les femmes. Et en 1984, à Los Angeles le Marathon féminin se court enfin aux J.O. Que de chemin parcouru, que de destins bouleversés, quelle évolution de la société. En 2024, quand on voit le nombre de participantes aux Marathons ou simplement le nombre de femmes qui effectuent leur jogging quotidien, on n'imagine même pas qu'il y a à peine 50 ans les personnes qui couraient de longues distances étaient considérés comme des excentriques et que pour les femmes, le droit de courir fut gagner par une lutte pugnace. Et force est de rappeler que dans quelques pays et certaines cultures, ce droit leur est toujours refusé. Et dire qu'au XXIème siècle, la course à pied est fortement recommandée par les médecins pour garder une bonne santé, ce qui était loin d'être le cas avant. Tout cela est rappelé par très intéressant cahier qui clôture cet album.

Quant à l'histoire "d'une femme dans la course", elle est évidemment fictive mais les autrices se sont inspirées de celles des pionnières de la course à pied et leur rendent ainsi un magnifique hommage. Ici, nous sommes en France, dans la Creuse dans les années 70, et la jeune Christine doit travailler à la ferme et poursuivre ses études. Elle et subit autant la tyrannie patriarcale de son père que le deuil de sa mère. Mais depuis toujours, Christine s'évade et trouve sa liberté dans la course en pleine nature... jusqu'au jour où elle décide de monter à Paris pour le Marathon.

Les dessins sont magnifiques, tant pour représenter les corps dans l'effort de la course, que nous immerger dans la nature que Christine parcourt sans relâche près de chez elle, puis en montagne pour parfaire son entrainement. Elle est bien attachante cette volontaire et pugnace Christine. Nous alternons entre les kilomètres foulés sur le pavé parisien et des flash-backs sur l'enfance, la jeunesse de Christine, 'entrainement et toutes les épreuves qu'elle a dû surmonter pour participer à l'épreuve ultime. De très belles émotions durant tout ce parcours, où il y a de l'entraide, de l'encouragement, et une société entière qui découvre qu'une femme peut courir sur 42 km, ce qu'organisateurs de courses, médecins et scientifiques déclaraient physiologiquement impossible...

Un album que je recommande à toutes et tous, que vous aimiez ou pas courir. L'essentiel étant d'aimer vibrer avec des personnages qui vont au bout de leurs idées, de leurs envies, de leur énergie, qui se ibère des carcans et gagnent leur liberté.

Rédigé par Géraldine

Publié dans #BD...

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L
juste pour te dire que je n'arrive pas non plus à me réabonner ... damned !
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M
La couverture est très belle...et quelle belle course pour cette jeune femme, comment a-t-on pu interdire aux femmes de vivre tout simplement parce qu'elles étaient nées femme... La lutte pour l'égalité me parait sans fin...Il fut un temps où je courais toutes les semaines sans faute, c'était grisant et ça me manquait quand je ne le faisais pas. Il fut un temps aussi où je faisais des randonnées de plusieurs jours en montagne avec sac à dos et pas de chalets aménagés en route...et je n'étais même pas fatiguée :) mais maintenant marcher me suffit, il faut savoir s'adapter à nos envies et nos besoins !!
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F
Je déteste marcher ET courir 😆, je veux dire, aucun plaisir particulier dans ces activités, mais bon sang, quand on pense qu'on en était même arrivé et qu'on a même réussi à interdire aux femmes de courir. Hallucinant ! C'était quoi le problème des hommes là ? Pfiou...
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J
Je préfère marcher moi aussi mais la BD est bien tentante quand même
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A
Ravie de ton billet sur cet album vraiment intéressant ❤.
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K
M^me si je connais un peu cette histoire, pourquoi pas? (hum je devrais rprndr la course, mais est ce bien raisonnable?)
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S
Je suis toujours friande des livres qui remettent en cause les préjugés. Le graphisme me plaira aussi, je pense. Bref, très tentée !
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