INTERVIEW EXCLUSIVE DE THIERRY COHEN !
Publié le 26 Novembre 2008
Chers lecteurs, chères lectrices,
Dimanche, juste après avoir posté un billet sur le roman "J'aurais préféré vivre", j'envoyai un mail à Thierry Cohen et sollicitai ainsi une petite interview exclusive, pour le fun ! Accord de principe de l'auteur reçu dès le lendemain et 24 heures plus tard, les réponses à mes nombreuses questions arrivaient sur ma boîte mail. Des réponses sincères, drôles, spontanées, sympathiques, profondes. Une nouvelle fois, je suis ravie de ce contact avec un auteur, contact prétexte à des échanges enrichissant.
C'est donc avec joie que je publie ici cette interview avec l'autorisation du romancier !
Et bien entendu, je remercie vivement Monsieur Thierry Cohen pour sa disponibilité rapide, sa gentillesse et son talent.
Au plaisir de vous relire bientôt !
Interview...
1/ dans un an... Vous découvrez votre 2ème roman sur les étagères des libraires, vous peinez à en finir l'écriture ou vous ne l'avez pas commencé ?
TC : Mon 2èmeroman est terminé. Il sortira le 11 mars, édité par Flammarion (c’est presque un scoop que je vous annonce !). Donc dans un an… il sera chez les libraires depuis plusieurs mois et je serai stupéfait par son succès ! Je serai attablé derrière une pile de livres, faisant ds dédicaces aux centaines de personnes qui auront patienté des heures dans le froid. Pourquoi ces lectrices crient-elles mon prénom ? Pardon, vous êtes ? Géraldine ? Connais pas… Du blog cdcoeurs ? Jamais entendu parler de ce blog… Circulez, il y a du monde derrière vous… N’insistez pas. Sécurité !
2/ le 8 mai 2055, vous regardez votre vie... Quelles fiertés et quelles déceptions risquez vous d'avoir ?
TC : En mai 2055 ? Ma plus grande fierté sera sans doute de savoir piloter ce fauteuil roulant tout neuf aux commandes sensorielles !
En fait mon regard se portera immédiatement sur ma femme et mes enfants. Ma femme… m’aime-t-elle encore ? Mes fils… sont-ils devenus des hommes biens ? Sont-ils heureux ? Quel regard portent-ils sur le père que j’ai été ? Et où sont mes petits-enfants ?
Mes parents… sont-ils partis sereinement ?
Mes amis… quels souvenirs partageons-nous ?
Mes fiertés ou mes déceptions ne viendront que des réponses à ces questions.
3/ Il y a quelques années, le jour où vous avez écrit les premiers mots de votre roman. Que se passe-t-il dans votre tête ? Vos doigts vous démangent ils ? Savez vous où vous allez ?
TC : J’hésite. Mes mains effleurent le clavier, mes yeux fixent l’écran lumineux. Je me sens partagé entre la peur et la passion.
« Un roman ! Pour qui te prends-tu Thierry (je m’appelle Thierry quand je me parle) ? Un auteur ? Tu n’as toujours écris que d’insignifiantes nouvelles ! Tu n’en viendras jamais à bout !
- Mais j’en ai tellement envie. Et je ne renonce jamais devant un projet…Et cette histoire est si belle, tellement douloureuse. J’ai besoin de la raconter ! Pas pour Eric. Pour lui, c’est trop tard. Pour moi. »
J’écris la première page. Ma vue se brouille, mes larmes coulent. J’écris, je pleure… je vis ! J’en suis maintenant certain, je finirai ce roman. Qui le liera ? Personne sans doute. D’ailleurs je ne le ferai lire à personne.
4/ Le 21 mars 2007, la veille de la sortie de "J'aurais préféré vivre" chez les libraires. Vous êtes anxieux ? Excité ? Zen, après tout, les dés sont jetés ?
TC : Je me sens peu concerné. Ce roman je l’ai écrit il y a quelques années déjà. Depuis plusieurs mois l’éditeur s’en occupe. Je n’ai plus d’emprise sur mon texte. Ce qu’il va devenir ? Aucune idée. Ma famille, mes amis se précipitent dans les librairies pour le voir. Pas moi, j’irai plus tard. J’ai envie d’écrire, de continuer à raconter cette nouvelle histoire pour laquelle je me passionne maintenant.
Bien entendu, je suis curieux de savoir ce que les lecteurs en diront (ce sont d’ailleurs eux qui, à travers leurs messages, reconstruiront mon lien avec le roman). Mais pas maintenant. Pas tout de suite. D’abord écrire.
5/ Le 8 mai 2007... Votre livre est sorti depuis plus d'un mois... Votre livre ne se serait vendu qu'à 3 exemplaires. Vous êtes déçu, vexé ou content. Après tout, vous avez réussi à écrire une histoire, à être publié et à intéresser 3 personnes, peut-être même le double si ces 3 personnes prêtent à des amis leur exemplaire de "J'aurais préféré vivre" !
TC : 3 lecteurs ? Impossible ! Vous ne connaissez pas ma famille ! Ils doivent au bas mot en avoir acheté 200 ! Qui m’a escroqué ?
En fait, depuis le premier appel d’un éditeur je me suis dit que tout ce qui adviendrait par la suite serait à prendre comme un supplément de bonheur.
6/ Dans la réalité, où "J'aurais préféré vivre" est un réel succès de librairies, où les témoignages de sympathie de vos lecteurs affluent, où les critiques vous encensent... Parfait, vous allez pouvoir profiter de cet élan ou au contraire, énorme pression pour la suite ?
TC : Je suis d’abord surpris de recevoir des emails de lecteurs. Leurs mots souvent me bouleversent. La plupart me disent attendre mon prochain roman. Je me dis tout d’abord que j’échapperai à la pression qu’implique ces demandes. Mais rapidement, j’ai peur de les décevoir. Certain(e)s investissent tellement de passion dans leurs témoignages. Mais rapidement je me raisonne. Je dois conserver la spontanéité de l’écriture de mon premier roman, rester vrai, écrire ce que j’ai envie d’écrire, ne pas me laisser influencer. Et j’y parviens.
7/ Dans un monde où les livres n'existent pas... Catastrophe ? Vite, combler le vide ? Tant pis, y'a la télé ?
TC : Comme j’ai gardé ma mémoire d’un monde avec des livres, je pars à la recherche des auteurs que j’ai aimés. Je les réunis et leur explique ce qu’est un roman. Je leur dis de quoi ils sont capables, le bonheur qu’ils ont procuré. Et aux plus suspicieux, je souffle les sujets des romans qu’ils doivent écrire.
8/ Dans un monde où John Mac Cain aurait été élu président des USA...
TC : Je cherche Obama et lui raconte ce à côté de quoi il est passé.
9/ Dans un monde où Spilberg vous appelle pour porter votre roman à l'écran... On s'approche de la réalité ou on est dans la pure fiction ?
TC : Un réalisateur m’a appelé. Il m’a dit vouloir acheter les droits de mon roman. C’est en train de se faire. Ce n’est pas Spielberg, mais c’est un bon réalisateur et, semble-t-il, quelqu’un de bien.
S’il s’était agi de Spielberg, je lui aurais dit qu’en plus des millions de dollars nécessaires à l’achat des droits (oui, avec les américains, il faut parler en millions), j’exigeais d’être invité chez lui avec ma famille. Pour qu’il me raconte sa vie, me parle de ses valeurs et surtout de cette mission qu’il s’est attribué de préserver la mémoire de la shoah. En fait, j’admire le réalisateur à travers l’homme.
10/ Dans un monde ou tout est possible d'un simple coup de baguette magique. Que faites vous en vous réveillant ?
TC : Je fais apparaître du café, du thé, des tartines, des pancakes, des Donuts et je casse la baguette. Quand l’homme a les pleins pouvoirs ou se prend pour Dieu, il devient con, dangereux ou schizophrène.
11/ En enfer, qui est votre voisin ?
TC : Mon ancien éditeur.
12/ Au paradis, à qui serrez vous la main ?
TC : Moïse. Le plus grand éditeur de toute l’histoire.
13/ Demain tout simplement...
TC : Demain… je me dirai « Mais espèce d’imbécile (Je me traite d’imbécile assez souvent), tu ne pouvais pas répondre sérieusement aux questions de Géraldine ? Pourquoi faut-il toujours que tu dissimules le sérieux de tes propos derrière un humour plus que douteux ? »
Mon billet sur "'j'aurais préféré vivre"
Le site du livre et de l'auteur