CONTES DU JOUR ET DE LA NUIT, de MAUPASSANT
Publié le 27 Juin 2011
Nouvelles - Livre de Poche - 186 pages - 3.50 €
4ème de couv : Parricides, ivrognes, enfants pervers, maris aveugles, ravissantes idiotes, bourgeois lâches et mesquins, paysans cruels et cupides, vous ne trouverez dans ces contes, de jour comme de nuit, que bourreaux ou victimes. Mais s'ils sont tous à tuer, ils tuent aussi beaucoup, ou se pendent, ou se tirent à la rigueur un coup de revolver dans la bouche par peur de la mort... Maupassant serait-il le grand ancêtre méconnu du néo-polar ?
Ce billet est rédigé par Quintilius, élève de 4ème d'un collège, dans le cadre d'un travail scolaire et avec l'encadrement de sa professeur de français, tant dans la préparation des références que dans la correction.
L'avis de Quintilius : Maupassant est le maître du récit court, qu’on appelle au choix, conte ou nouvelle très en vogue au XIXème siècle avec la révolution de l’imprimé,. Admirateur de l’analyse psychologique de Tourgueniev, chacun de ses contes – si l’on reprend l’intitulé du titre du recueil - est un témoignage de l’admiration qu’il porte au modèle. Evidemment chez Maupassant on est loin de la forêt et de la steppe. On est en Normandie et parfois aussi à Paris. Et c’est en observant le monde paysan ou le monde des employés de bureau, en s'inspirant de faits réels, qu’il radiographie les petites et grandes misères des hommes de la ville ou de la campagne, et nous livre l'homme dans tous ses « états »: (Le Père, ……), la cruauté (Coco, Le Gueux) l’envie tragique des femmes modestes (La Parure), la lâcheté des hommes à tous les stades (l’amant, le mari, le père) et puis la bêtise voire même plus encore l’abrutissement d’une société abêtie par l’âpreté du gain (L’Aveu) ou par l’alcool (L’Ivrogne). Et quand la nouvelle échappe au réalisme et se révèle fantastique, c’st pour mieux dénoncer la barbarie de l’esclavage. (La Main).
Ne cherchez pas de personnages heureux : il n’y en a pas. Maupassant, c’est Pialat en littérature. D’ailleurs, le propre du récit court est de forcer le trait, de précipiter le personnage là où il ne relèvera pas. Les personnages chutent dans ce récit condensé comme les fins de leur histoire. Car cette fameuse « chute » saisit à la fois le lecteur et relance notre réflexion et nous invite à une relecture : à lire trop vite Rose, on passerait devant l’une des plus irréfutables définitions du bonheur ; elle est placée dans la bouche d’un personnage secondaire et le lecteur serait bien inspiré de méditer : « Moi, je me sens heureuse tout à fait. Je n’ai besoin de rien ».
Disons le pour ceux qui sont intimidés par le « grantecrivain », l'écriture y est simple, de langage courant accessible à tous. Maupassant écrivait non pour être lu dans le confort des salons mais du train, pour le peuple qui lisait à l’époque les journaux, et des journaux qui se vendaient déjà en gare. Un universitaire qui a étudié le sujet de près lui a donné le nom de Lyon-Paris - Maupassant.
Pourquoi j’ai aimé lire les contes de Maupassant ? Parce que la lecture de chaque nouvelle amène à une réflexion, à une morale sur notre société car il s'inspire de faits réels de l'époque mais la condition humaine n’a pas beaucoup changé et ses fêlures et ses abymes sont toujours d'actualité. Aussi peut-on trouver dans ces textes des réponses à bien des interrogations.
Ma nouvelle préférée est Le Vieux qui n’en finit pas de mourir au grand dam de sa famille qui avait ameuté, un peu tôt toute la famille pour son enterrement. En revanche, Le Gueux est un récit triste et cruel. Pour les naïfs et il les enseignera sur la banalité du mal, celle prodiguée à coups de violence et de coups de bâtons par de braves paysans et de gendarmes zélés.
On préfère prévenir le lecteur : Présente dans un conte sur deux, la mort peut déranger. On évitera de lire Maupassant avant de s’endormir.
Tenez, lisez-le au grand jour, la tête à l’ombre, les pieds au soleil. C’est l’été.