L'ECRIVAIN DE LA FAMILLE, de Grégoire DELACOURT
Publié le 30 Janvier 2013
Roman - Livre de Poche - 235 pages - 6.60 €
Parution en livre de poche le 29 août 2012
L'histoire : A sept ans, Edouard écrit un court poême de 4 rimes qui le propulse au rang d'écrivain de la famille, cette famille qui n'a de cesse de le voir devenir écrivain, même si la vie en décide autrement. Mais la famille s'éparpille et les mots ne finissent pas toujours dans un roman ! Quoique ?!
Tentation : Mon adoration pour La liste de mes envies, du même auteur
Fournisseur : Ma PAL, acheté à Orléans, en compagnie de l'Irrégulière !
Mon humble avis : Une fois n'est pas coutume, je décore ce billet d'une photo de ce roman que j'ai prise lors de mes vacances à La Réunion en novembre. J'y avais amené ce livre.... que je n'ai pas eu du tout le temps de lire dans l'hémisphère Sud. La vie au Nord est plus calme, et voici ce livre lu !
Estampillé roman, l'écrivain de famille est très proche de l'autobiographie, sans doute légèrement romancée, mais guerre plus je pense. Je me suis régalée ! Partons donc du postulat que cette histoire est vraie. Elle est donc simple, proche de nous et profondément sincère. Même si l'auteur l'écrit par moment avec humour, que l'on sourit avec plaisir des facéties linguistiques de l'auteur, il n'en reste pas moins des passages beaucoup plus graves dans le sens et les sentiments qu'ils développent. Que le bonheur semble être l'inaccessible étoile ! Que le chemin est long, tortueux et parfois sans issue lorsqu'on suit celui que l'on vous montre (ou conseille fortement) pour ne pas décevoir l'entourage. Que ce soit l'épanouissement professionnel ou le bonheur conjugal, voire parental. Je disais que c'est la sincérité que je retiendrais le plus de cette lecture. Car elle est permanente. Beaucoup de choses sont avouées, parfois avec plus ou moins de grâce. Depuis la mise sous antidépresseurs d'un enfant de 8 ans juste parce qu'il est différent, à un homme qui, 30 ou 40 ans plus tard, sait à peine qui il est... Dans cette démarche de sincérité, l'auteur ne se montre pas toujours sous son meilleur angle et l'on pourrait presque lui en vouloir sur son comportement parental par exemple... sauf que l'on se dit "et si j'étais né en 17 à... Bref, et si j'avais été lui ?
Si j'avais été lui, je ne sais pas si j'aurais osé évoquer ma vie sexuelle, et surtout dans ces termes crus, qui m'ont gênée, tant ils tranchaient avec la délicatesse, le soin, et le rythme portés au style. Oui, pourtant pas prude, j'ai parfois été choquée. En même temps, l'auteur restait fidèle à sa démarche de sincérité. Aucune délicatesse dans ces moments là, alors pourquoi en mettre dans les mots ?
Grégoire Delacourt déroule donc le ruban de ces 40 premières années de vie, ainsi que celle de sa famille... Et rien n'est un long fleuve tranquille. Il y a les épreuves, les séparations, les maladies, la vieillesse, les traditions familiales qui s'éteignent, la mort, la maladie mentale. Mais jamais de pathos, ce livre se lit facilement, reste divertissant, parfois drôle, et très instructif aussi. Car ensuite, commence la carrière de publicitaire de l'auteur, qui, pas à pas (heu, plutôt grands les pas !), va atteindre des sommets. Vous n'imaginez pas le nombre de pubs ou de slogans qui circulent dans votre tête et qui sortent de la sienne. Intéressant et passionnant de voir l'évolution d'une telle carrière, de connaître un peu l'envers du décors et surtout, le processus de création, le déclic qui donne un slogan qui entrera dans l'Histoire ! Il est aussi très amusant de se remémorer les petits et les grands événements de ces 40 dernières années, que ce soit l'avènement du TGV ou la mort de Jim Morrisson etc... Bref, de retrouver des points de repères dans le temps et nos propres vies.
Enfin et surtout, mise à part la sincérité qui décrit cet ouvrage, on peut dire que ce roman est un magnifique témoignage sur l'Amour, la tendresse et la dévotion. D'un fils pour ses parents, pour son frère, sa soeur, d'une femme pour son mari, d'un mari pour sa femme, malgré tout.
Une lecture et une écriture délicieuse et émouvante, et un livre désormais parsemé de petites croix dans la marge ! Des mots peuvent détruire, mais d'autres peuvent sauver en étant bien moins nombreux... Vraiment superbe, je ne sais comment le dire autrement. Aucun slogan ne me vient en tête.... Si je vais tourner ma phrase autrement, pour une campagne pour l'amour et contre la solitude :
Ce ne sont pas les mots les plus longs, ni les plus nombreux, qui sauvent. Pensez y en regardant autour de vous ! (GB)
Et dans deux jours, ici même, une interview exclusive de l'auteur !
L'avis de Sylire