NATHALIE RHEIMS : INTERVIEW EXCLUSIVE !!!
Publié le 27 Septembre 2012
En août, je lisais mon tout premier roman de la rentrée littéraire 2012 : "Laisser les cendres s'envoler" de Nathalie Rheims. Et je dois dire qu'avec ce livre qui m'a bien remuée, cette rentrée s'est annoncée sous les meileurs hospices.
Quelques jours plus tard, j'ai eu la chance de rencontrer Nathalie Rheims à La forêt des livres de Loches (37). Nous avons pu discuter du roman, mais vous le savez sans doute, ces moments sont toujours trop courts.
Mais il fut convenu d'une de mes interviews maison par internet
Et la voici ...
Laisser les cendres s'envoler, est-ce la meilleure solution pour « renaître de ses cendres » ?
NR- Je ne le formulerai pas comme ça. Je dirais plutôt que écrire est le seul moyen d’avancer, l’écriture est forcément cicatricielle. Elle permet de faire le point et de tendre un miroir aux autres pour mieux comprendre les événements de leur vie.
Manifestement, vous n'êtes pas d'accord avec la sagesse asiatique prônée par les 3 singes... De ces 3 singes, celui qui se cache les yeux, qui se bouche les oreilles ou qui se cache la bouche pour se taire, de ces 3 singes, lequel détestez vous le plus ?
NR- Je n’en déteste aucun. Je dis juste que garder les lèvres closes, les yeux fermés, ne pas entendre ce qui nous entoure peut sembler plus facile, mais un jour, le réel prend le dessus et vous assigne à faire face aux événements. Je préfère souffrir mais être consciente.
Ce sont les illusions perdues qui clos l'enfance ? Ce ne sont pas le corps qui évolue, les responsabilités qui s'imposent, l'indépendance financière et matérielle qui permettraient le passage à l'âge adulte ? Un adulte avec des illusions serait il encore un enfant ?
NR - Bien sûr que non. Rêver que tout est encore possible n’est pas le signe d’un quelconque infantilisme. Si le rêve s’arrête où trouver l’énergie d’avancer ? Ce que je préfère chez les adultes, c’est la part d’enfance qui reste en eux.
Faut il avoir vécu la blessure pour l'écrire et la décrire ?
NR - Ça dépend de qui on est. Mozart ou ses équivalents certainement pas, mais je pense qu’à partir du moment où on n’est pas un génie, il vaut mieux avoir vécu avant d’écrire, car décrire ce qu’on n’a pas ressenti est un exercice bien dangereux. C’est comme l’amour, comment écrire sur ce sujet, si on ne l’a jamais éprouvé.
Lors de notre rencontre, vous m'avez confié avoir ressenti assez peu d'émotions à l'écriture de ce livre. Alors quelle est la recette pour en provoquer autant chez le lecteur tout en en ressentant si peu ? Est-ce juste le don de l'écrivain où y a-t-il autre chose ???
NR - Ce n’est pas parce que je n’ai pas ressenti d’émotion en écrivant que je n’ai pas pu faire appel à mes souvenirs et aux infinis chagrins de mon adolescence. Il me suffisait alors de faire appel à ces souvenirs pour pouvoir les écrire avec l’émotion que j’avais ressentie à l’époque.
Votre CV est impressionnant et dans de multiples domaines.... A celui qui ne vous connaît pas et qui vous demande votre profession, que répondez vous ? Et si vous ne deviez garder qu'une casquette, quelle serait elle ?
NR - Écrivain sans hésiter. Toutes mes expériences passées m’ont conduites à ça. Si je ne devais faire qu’une chose, ce serait écrire et puis c’est la seule activité qu’on peut faire sur une île déserte ce qui convient très bien à ma nature.
Quel regard portez vous sur le phénomène « rentrée littéraire », tant en qualité d'auteure que de lectrice ?
NR - C’est un moment formidable pour les écrivains et les éditeurs, en fait pour tous les gens qui travaillent dans le milieu littéraire, car beaucoup de place est faite aux livres dans de nombreux médias. Il y a une réelle émulation et les gens vont dans les librairies. Et puis, il y a les prix littéraires, tout écrivain rêve d’en recevoir un, un jour.