NOS SEPARATIONS, de David FOENKINOS
Publié le 30 Janvier 2012
Roman - Edition Folio (Gallimard) - 218 pages
Parution en format poche : Janvier 2010
L'histoire : ll suffit parfois d'un geste ou d'un prénom pour tomber amoureux. C'est ce qui arrive à Fritz et Alice. Mais aimer ne suffit pas pour assurer une compatibilité éternelle. Alice et Fritz sont bien placés pour le savoir.... Ils passent leur temps.... et leur vie à se séparer. Car entre eux, il y a toujours des parents antagonistes, les attentes de l'un, les rêves de l'autre, les faiblesses, les erreurs et beaucoup trop d'amour...
Tentation : Mes deux autres lectures de l'auteur
Fournisseur : Ma CB, achat lors d'une rencontre avec l'auteur, donc exemplaire collector car dédicacé !
Mon humble avis : Si vous avez lu mon petit résumé de l'histoire ci dessus, peut-être vous dites vous "oui bon, encore une histoire d'amoureux qui se séparent, rien de bien nouveau". Oui, sauf que je vous promets que racontépar David Foenkinos, un tel sujet prend une toute autre saveur, une saveur délicieuse, qui se déguste. A des millions d'années lumières de ce que l'on peut lire ailleurs.
Je suis heureuse que David Foekinos n'ait que 38 ans (c'est wiki qui dit). Cela veut dire qu'il a encore une longue vie devant lui pour écrire une bibliothèque entière et que, pour rattraper mon retard sur ces écrits parus, quelques mois d'alternance vont me suffire. Légèrement plus âgée que lui, je n'aurais donc pas le regret d'être passée à côté d'un tel auteur toute ma vie durant. Ouf, j'ai échappé à cette catastrophe irrémédiable ! Car ce qui me plaît tant chez lui, à part ses lunettes et sa façon de croiser les jambes, c'est son style narratif, inimitable. Hilarant. Moderne. Désuet. Rêveur. Aérien. Décalé. J'ai l'impression que ses personnages marchent à 1 cm du sol, donc pas tout à fait sur terre. Que ce soit dans les dialogues ou dans les réflexions en voix off de Fritz, les déductions ou réponses qui semblent n'avoir aucun rapport de causes à effets foisonnent et donnent à l'ensemble un aspect très proche du loufoque, du burlesque, mais non. On imagine très bien l'auteur nous relater tout cela très sérieusement, comme Paul qui raconte cette histoire de saumon à laquelle j'ai cru aussi, bien sûr !!!
David Foekinos assaisonne le quotidien et transforme le sel en sucre, même s'il ne fait pas oublier le vinaigre. Et ce mélange sucré salé donne naissance à un univers que je pense désormais pouvoir reconnaître entre mille, un univers Foekinosien. Un univers et un style qui me mènent en apesanteur, en légèreté, qui me font rire, qui m'attendrissent, le tout avec finesse, sans mièvrerie, avec humour, avec.... Euh, délicatesse ? on peut le dire où le mot est il déposé ? Magnifique transition pour évoquer le métier de Fritz d'ailleurs. Fritz travaille chez Larousse. Il remet à jour les définitions du dictionnaire et rédige le résumé de vie des célébrités entrantes.... L'occasion pour l'auteur de glisser un exercice de style qui semble devenir sa signature (on retrouve ceci dans les deux prochains romans) : quelques définitions de mots ou courtes bio de célébrités ou de personnages du roman sont disséminés ici et là, comme on retrouve des souvenirs d'anonymes ou de personnages historiques dans "Les souvenirs"...
Aux yeux d'une femme Fritz n'est pas toujours sympatique et manque parfois de caractère. Alice est plus discrète dans le roman, malgré la place immense qu'elle prend dans le coeur du narrateur.
Un livre divertissant, qui muscle les zygomatiques, qui fait du bien pour tout ceux qui aiment, comme l'auteur, jouer avec les mots, avec les faux non sens. J'ai plus aimé le style que l'histoire en elle même, alors que pour "Les souvenirs", j'avais tout aimé. Je vais donc poursuivre ma remontée dans le temps et dans l'univers Foekninien ! Mon prochain livre sera Lennon, dont j'ai lu le plus grand bien !
Et dans deux jours, ici même, une interview exclusive de l'auteur !