RENCONTRE AVEC DIDIER VAN CAUWELAERT
Publié le 16 Janvier 2012
C'est à croire que Rennes devient The place to be !
C'est vrai nous avons été tellement gâtés ces derniers temps par les visites de nombreux auteurs. Cette fois ci, c'est Didier Van Cauwelart qui a répondu "présent" à l'invitation de la Libriairie Le Failler. C'était il y a un petit moment déjà, le 7 décembre ! L'occasion pour l'auteur d'évoquer son 26ème roman publié : Le journal intime d'un arbre.
Pour mémoire, Didier Van Cauwelaert a écrit, entre autre :
Le père adopté
L'évangile selon Jimmy
L'éducation d'une fée
La maison des lumières
Cheyenne
Aller simple (prix Goncourt 1994)
Rencontre sous X
Attirances
Les témoins de la mariée.
Etc. Etc...
Voici donc mon petit compte rendu de cette rencontre menée par un journaliste pêchu et un auteur charismatique, dynamique et souriant !
Le journaliste : A t-on toujours le même plaisir à écrire quand on a publié déjà 25 livres ?
DVC : Oui ! Sinon, je ferais autre chose. Ecrire, c'est ma respiration. C'est le résultat de mon insatisfaction de la réalité qui me pousse à vouloir modifier le réel. Mais chaque livre est une nouvelle aventure. On ne sait jamais d'où viendra la jubilation ou le doute. On ne sait jamais si on va aller jusqu'au bout. Et, même si j'ai un plan, je vais souvent plus loin.
Le journaliste : D'où vous est venue l'idée de faire de d'un poirier de 300 ans, tout juste déraciné, le narrateur de votre nouveau roman ?
DVC : Cet arbre existait vraiment. Ce livre est venu d'un manque, c'est un arbre qui faisait partie de ma vie depuis 25 ans. Mon privilège de romancier a été de pouvoir redonner vie à un arbre planté sous Louis XV et à tout ce qu'il a vécu.... depuis la venue de soldats jusqu'à la présence d'amoureux.
Le journaliste : Ce livre est une formidable déclaration d'amour. Il paraîtrait que vous auriez fait une dépression végétale ?
DVC : Oui, même si cela fait sourire. On est nombreux à avoir des histoires avec des arbres : amour, famille, guérison... Cela a correspondu avec le moment de "la peine du livre", le moment où je vais plonger dans l'écriture. Quelque chose en moi réclame suite à une insatisfaction. C'est simple et magique à chaque fois. Le romancier a la chance de pouvoir faire quelque chose de sa dépression. Mais ce livre est aussi une déclaration d'amour d'un arbre aux humains, avec lucidité, indulgence et intelligence.
Je me suis donc mis dans l'écorce de l'arbre. Quand j'enlace un arbre, je me mets sur son mode vibratoire, je reçois des petits picotements différents suivant la forme et l'âge de l'arbre.
Le journaliste : Ce livre est aussi une porte ouverte sur l'Histoire et sur des personnages. La lecture est fluide, l'écriture semble avoir été si simple...
DVC : Plus cela paraît simple, plus c'est difficile en fait ! La facilité n'est pas naturelle pour un auteur. C'est comme pour un cuisinier, on affine, on dégraisse... J'écris à voix haute pour avoir le retour son du livre. Le bonheur de l'écriture ne tomble pas du ciel, il se travaille. J'ai du me "déshumaniser" pour entrer dans l'écorce d'un arbre, car un arbre n'a pas la même échelle temps que l'humain et il sait faire des choses que nous ne savons pas faire. Un arbre attaqué par des chenilles va par exemple prévenir les autres. Il peut aussi fabriquer l'équivalent d'une pillule contraceptive contre les punaises. Ainsi, il les stérylise et se protège. L'arbre fonctionne ainsi ; réception / traitement / analyse / action.
Je traite de la même manière ce qui est totale invention de ma part et la réalité. Car parfois, la réalité dépasse l'imagination et d'autres fois, c'est l'imagination qui paraît inimaginable !
J'ai eu beaucoup de mal à sortir de ce livre, à redevenir humain, à me réinsérer dans la condition humaine, dans le virtuel, dans la course effrenée de l'homme, dans la sinistrose
Le journaliste : Entrer dans l'écorce de l'arbre a-t-il représenter une certaine liberté d'écriture pour l'auteur que vous êtes ?
DVC : Oui, on échappe à une grille habituelle de perception, de compréhension. C'est comme si ce livre parlait à travers moi. Mon arbre n'a pas la connaissance de son origine car il a été replanté. Ce livre est aussi la psychanalyse d'un arbre déraciné, allongé comme un patient chez le psy. Je n'avais pas pensé à cela, c'est un journaliste qui me l'a fait remarqué. J'apprends des choses en écoutant mes lecteurs !
Le journaliste : Est-ce un livre écologiste ?
DVC ; C'est un livre humaniste qui raconte l'homme et bien sûr écologiste car on prend conscience de l'importance de la vie d'un arbre. Il faut laisser aux arbres le temps de s'habituer à ses nouveaux ennemis, l'arbre s'adaptera. La nature est une maison qui vit et qui donne vie. (Le terme écologie vient du grecoikos et logos : c'est la science de la maison)
Question du public : Combien de temps avez vous mis pour écrire ce livre ?
DVC : Ce livre représente un an d'écriture précédé de 5 ans de réflexions, de notes... J'écris dès le début, histoire de voir si le projet est viable, si je m'en sors en quelque sorte, pour voir s'il y a du répondant et matière à poursuivre. J'invente, et je vérifie après.
J'ai toujours terminé un livre, sauf le premier, que j'ai écris à 8 ans et que j'ai abandonné à la 15ème page. je n'ai pas tout publié. Il reste un roman dans mes tiroirs, mais un roman qui ne me satisfait pas. Il y a un sourire en moi qui est le moteur de tout le reste !
Et les deux photos incontournables pour compléter ma collection de mains et d'effets de mains d'auteurs !
Bien sûr, ma PAL s'est enrichie de :