MES PARADIS PERDUS

Publié le 24 Septembre 2017

 

Il pleut dans mon coeur comme il pleut sur mes îles.

Les îles me passionnent et me fascinent. Et certaines d'entre elles sont devenues une extension de moi. Une partie de moi, de mon vécu, de ma vie, de mes souvenirs.

La Caraïbe, je l'ai presque parcourue comme qui dirait "de long en large et en travers" .Une île particulièrement fut ma maison, mon chez moi pendant presque 3 ans : La Guadeloupe.

Deux îles étaient mes petits paradis de vacances, de weekend, de virée à la journée : Saint Barth et Terre de Haut aux Saintes. Ah, les nuits aux Saintes, à l'hôtel, sur un bateau, chez l'habitant, sur la plage (un peu mouillée la nuit sur la plage !)

Barbuda m'était paru comme un lieu de béatitude et presque de robinsonnade. Une partie habitée, l'autre parc naturel, sur la plage, personne d'autre que nous et l'eau, translucide comme je n'en n'avais encore jamais vu.

Antigua et cette drôle de journée passée à "subir" le mélange du flegme britannique et la langueur antillaise de la police suite à un accrochage en voiture (sans gravité)

La Dominique, ma sauvage... Une rando à se perdre sous des trombes d'eaux et la soirée passée à sécher passeports et vêtements avec une amie d'une amie rencontrée quelques jours avant.

Saint Martin, évidemment ! Bon, pas que de bons souvenirs car j'en ai rapporté une dengue phénoménal qui m'a valu une hospitalisation à Pointe à Pitre.

La République Dominicaine, une semaine de vacances à randonner, découvrir et danser le Merengue.

Cuba, rando, l'ombre du Che, Trinidad de Cuba, la Havane et ses mystères, le Havana Club...

Porto Rico et les rues de San Juan. De chaque fenêtre entrouverte s'échappe un air de Salsa, alors qu'il est 23h00 et que je suis perdue car pas pris le bon bus... Mais 5 mots d'espagnol et la gentillesse des Porto Ricains font que j'arriverai à bon port.

Et toutes ces iles que les médias ne  citent pas... Anguilla forcément dévastée puisque juste au-dessus de Saint Martin.

Saba et ses "3000 marches" (je ne sais plus le nombre exacte), un serpent sur le chemin et une plongée sous-marine en priant le dieu de la mer de ne pas me faire croiser de requin !... Ah oui, et Saba, avec sa piste d'atterrissage la plus petite du monde, pas beaucoup plus longue que celle d'un porte-avion

Saint Eustache et son volcan. Encore un serpent pendant la rando ! Je grimpe sur un rocher et hurle de peur, pendant qu'une amie pharmacienne me dit que ce serpent est très intéressant et blablabla.

Saint Kitts et Nevis les fausses jumelles.

Et même Key West, rejointe après cette fabuleuse route des keys,  où plane l'ombre d'Hemingway.

Bref, tous ces lieux qui firent mon bonheur, ma joie, mon ouverture au monde, mon ébahissement devant tant de beauté, de différences, de nature préservée, d'isolement, d'impression de bout du monde, d'une autre époque parfois, de renouvellement, de richesse exacerbée aussi pour certaines... Bref, tous ces lieux sont dévastés. Et moi, je pense très fort à mes amis chers qui vivent en Guadeloupe, à ceux avec qui j'ai partagé de super moments, même si la distance et le temps qui passe ont distendu les liens. Mais aussi à tous ces gens que j'ai croisé, avec qui j'ai échangé des paroles, passé une journée, partager un verre. Ceux qui m'ont accueillie à Saint Barth juste parce que j'étais l'amie d'un ami. A tous ces gens qui ne sont plus qu'un vague souvenir, dont j'ai oublié le nom, même le visage parfois... A tous ces gens qui ne sont même plus dans mes souvenirs mais qui ont fait mon présent à une époque. A tous ces gens qui vivent un enfer depuis Irma, José et Maria.

Oh de bien jolis prénoms, mais si meurtriers au final. Des noms qui disparaîtront à jamais de la liste des patronymes prévue pour les ouragans sur 10 années à venir, liste qui revient au bout de 10 ans, amputée des noms des cyclones dévastateurs et meurtriers. Un jour, il n'y aura peut être plus assez de prénoms disponibles si cela continue ainsi.

Oh oui, je pense à tous ces iliens qui ont pour la plupart tout perdu. 

Ca fait maintenant 4 ans que je ne suis pas retournée en Guadeloupe et j'ignore quand je pourrai y retourner et même si j'y retournerai. Je n'ai plus la même vie, plus les mêmes moyens financiers, plus la même santé et plus le même travail qui avait bien facilité mes multiples retours en Guadeloupe pour de simples vacances.

Mais j'ai de la chance car je suis ici, en Bretagne, loin... Du coup, je n'ai pas vécu ces cyclones meurtriers et si dévastateurs, hormis à travers quelques reportages télé vus confortablement dans mon canapé, bien à l'abri chez moi, mais atterrée. Douloureusement atterrée car ces bouts de terre en pleine mer font partie de ma vie, de mon coeur, de mon âme. J'avais choisi d'y vivre et j'ai choisi d'en rentrer. D'autres y sont nés et n'ont pas d'autres choix que d'y vivre. Vivre dans ces paradis qui quand le ciel l'a décidé, se transforment en enfer.

Et oui, j'ai aussi de la chance car dans les images ancrées dans mes souvenirs, ces îles restent intactes et merveilleuse. Et je me demande combien de temps il faudra pour qu'aux yeux de ces insulaires, natifs ou d'adoption, mes paradis perdus retrouvent à leur yeux la beauté, la splendeur des images de mes souvenirs.

 

 

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Actions Réactions Humeur Humour

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R
J'ai le cœur serré en lisant ton témoignage... :(
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A
C'est déjà bouleversant quand on n'a pas d'attaches particulières avec ces îles ou qu'on n'y connaît personne alors j'imagine quand on y est particulièrement attaché !
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L
Les images sont déjà tristes quand on ne connaît pas, alors lorsqu'on y est particulièrement attaché, à ces îles ♥
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