STOP AU HARCELEMENT DE MA BONNE CONSCIENCE !
Publié le 19 Octobre 2017
J'accuse, je proteste, je râle, je sature, j'étouffe, j'en peux plus, y'en a marre, ASSEZ !
Je précise d'abord que ce billet est écrit et réalisé sans effets spéciaux, sans images de synthèse et sans exagération !
Lundi dernier, dans ma boite au lettre, quatre grosses, belles et grandes enveloppes, agrémentées des mots "courrier personnel, ne pas plier".
Ces courriers me proposaient d'aider les animaux de fermes maltraités, de lutter contre le cancer, d'aider les enfants Sioux du Dakota à aller à l'école grâce au pasteur Machin, et de lutter contre le paludisme avec l'institut Pasteur, et la Fondation de Recherche Médicale me relançait vu que je n'avais pas répondu à leur missive de la semaine précédente.
Semaine précédente où j'avais aussi été sollicitée par Action contre la faim, l'Armée du Salut, j'en passe et des meilleures, bref, j'ai réuni tous les logos des organismes caritatifs qui m'ont envahie ces 10 derniers jours. Et ce midi, en rentrant, c'était la Société Saint Vincent de Paul qui espérait mon virement bancaire en échange d'une icone de Sainte Vierge et de l'Enfant Jésus. Trop mignon.
Et encore, je ne vous parle ici que des enveloppes épaisses que je monte chez moi. Je passe sous silence les courriers tout minces, qui vont directement dans la poubelle collective de mon immeuble, celle qui reçoit les prospectus etc...
Les grosses enveloppes ont le droit d'entrer chez moi car elles contiennent des cadeaux exclusifs ! Aussi, je possède assez de cartes postales pour présenter mes voeux et souhaiter un joyeux Noël à mes proches jusqu'à l'an 2025. Bon, j'éviterai d'envoyer les cartes d'Action Contre la faim pour Noël, pour que vous n'ayez pas devant vous le visage d'un pauvre petit gamin africain pendant que vous étouffer sous votre dinde aux marrons, le foie gras et la bûche à la légère crème au beurre.
J'ai aussi assez de cartes pour vous souhaiter un bon printemps (oh les jolies fleurs), votre anniversaire (oh, ce doit être des reproductions de tableaux d'art très contemporain) ou juste vous faire un petit coucou avec un beau toutou SPA sur la carte !
Avec cela, j'ai bien sûr assez de stylo (chiens d'aveugle, Institut Pasteur et autre) pour vous écrire et recopier manuellement "A la recherche du temps perdu".
Enfin, j'ai assez de petites étiquettes portant mon nom et mon adresse à coller derrière les courriers que j'envoie pour tenir jusqu'à ce que je déménage en maison de retraite.
Il m'est évidemment arrivé de donner à l'une de ses associations... Et j'imagine qu'il y a, dans ce domaine aussi, échange, vente ou trafic de fichiers de coordonnées.
Je vis avec l'équivalent d'un tout petit SMIC, aussi, mes moyens ne sont pas infinis, même si, mon coeur est grand et souffre des malheurs du monde.
Lorsque je donne, ce sont des petites sommes, que je ne peux pas déduire de mes impôts puisque je n'en paie pas. Néanmoins, malgré la petitesse de la somme que je donne, je reçois ensuite moult courriers, avec un revenu fiscal tout d'abord, un merci ensuite et enfin, d'autres sollicitations.
L'une de ses associations, à qui j'avais fait un don lors d'un tremblement de terre ou un cyclone en Haïti, a même été jusqu'à me téléphoner un soir pour me conseiller de passer au virement mensuel. Le conseil est vite passé à l'insistance, à mon dégoût, et à une baisse certaine de mon degré de politesse.
Je veux donner quand je le peux et quand je le veux et que l'on me fiche la paix. Je défends déjà des causes dans mon quotidien, mais par l'action, puisque mes moyens financiers sont limités. Mais même l'action "coûte" (déplacements etc). Chaque semaine, je vais passer un après-midi à la SPA pour promener des chiens qui passent 23h30 par jour en cage, les bons jours, quand il y a des bénévoles pour les promener. Sinon, c'est cage H24. Cet aller-retour chez moi/SPA me coûte déjà 6.50 d'essence et d'usure de voiture (Dixit Mappy). Malgré cela, presque 2 fois par mois, je reçois une sollicitation postale de la SPA.
Limite, en rentrant chez moi, je préfère trouver dans ma boite aux lettres la douloureuse taxe d'habitation qu'un courrier de l'UNICEF avec des photos d'enfants en malnutrition dans un camp de réfugier quelque part dans la Corne de l'Afrique. Je sais ce qui ce passe, hélas, dans le monde, je n'ai pas envie qu'on me le rappelle à ce point.
Bien entendu, ce ras le bol de ce harcèlement de ma bonne conscience ne tient même pas compte des dizaines de mails mensuels reçus pour signer des pétitions contre le trafic d'ivoire, contre la présence d'animaux sauvages dans les cirques, contre l'excision, bref, contre tous les vices du monde qui pourtant me brisent le coeur.
Et le pire, quand je trie tous ces courriers de bonnes oeuvres reçus, que j'arrache les feuilles, les RIB à remplir, les blablas qui devraient me tirer les larmes, les enveloppes dotées d'un "T", mais que je garde les cartes et les stylos (N'oubliez pas, "la recherche du temps perdu" ! ), j'ai une image encore plus triste qui envahit mon cerveau, celle-ci :
Et un jour, il n'y aura plus assez d'arbres et de papier pour que je reçoive une grosse enveloppe avec des jolies cartes comme celle-ci... Alors, je ne pourrais plus vous souhaiter un bon anniversaire, un joyeux Noël, une bonne retraite, ou de joyeuses fêtes de Pâques !
Bref, quel gâchis !
Et bien évidemment, depuis que j'ai rédigé ce billet, d'autres courriers sont venus compléter ma collection !