SIMPLE, de Julie ESTEVE

Publié le 19 Novembre 2018

Roman - Editions Stock - 208 pages - 17.50 €

Parution le 22 août 2018 (Rentrée littéraire)

L'histoire : Le "Baoul", voilà comment les autres l'appellent Antoine. Là, haut, dans un village Corse, le Baoul (l'idiot) raconte... Comment on le traite ici depuis des décennies années et même avant et même avant que l'adolescente Florence soit retrouvée assassinée et que toutes les âmes que comptaient le village le pointe du doigt... De tout ça, Antoine parle avec... sa chaise... puis son pied de chaise...

 

Tentation : La blogo

Fournisseur : Bib N°1

 

 

Mon humble avis : Julie Estève livre ici un magnifique roman en donnant la parole à ceux à qui l'ont rarement... Les idiots du village, les "Baouls" comme on dit en Corse où cette histoire prend racine à l'aube des années 80.

Comme on dit, Antoine n'est pas tout seul dans sa tête, à moins que justement, il y n'y soit trop seul. Car trop différent, trop simple, trop rêveur, trop isolé, trop fui, trop moqué, trop rejeté, trop haï par tous, sauf par son frère aîné... Alors, pour qu'il soit moins seul et qu'on puisse le comprendre, se mettre à sa place, vivre un peu sa vie, Julie Estève nous invite dans son esprit et pour cela, use de la première personne du singulier. Ainsi, ses joies, ses émotions, ses peines, ses peurs, ses rires, ses souvenirs, ses colères, ses incompréhensions deviennent  nôtres le temps de notre lecture. Disons plutôt que nous pouvons devenir lui... Et forcément, nous émouvoir de sa poésie, sa candeur, son intelligence simple mais bien plus limpide et efficace qu'une intelligence dite normale.

Par Flash-back, Antoine nous raconte ainsi toute sa vie, et celle du village depuis sa toute jeune enfance. Car Antoine est partout et voit tout. Jusqu'au jour où tout et tous le désignent coupable idéal du meurtre de la jeune Florence et l'envoient pour 15 ans en prison. Antoine sait tout de cette histoire mais ne dit rien. Parce qu'il ne sait pas dire, ou qu'il ignore que ce qu'il sait est important.

A travers le personnage très touchant d'Antoine, Julie Estève pointe le doigt sur le grand mal de notre société stéréotypée et bien cadrée : la peur de la différence, le rejet de l'étranger, du "pas comme nous", du pas normal, du marginal. 

Cette histoire racontée avec une simplicité où se mélange tendresse et douleur, voire colère pas Antoine est finalement cruelle. 

J'ai néanmoins eu un peu de mal avec le style. Certes, l'écriture de l'auteur se veut la plus proche possible des mots et des moyens d'expression d'un simplet... Mais, par écrit, quelques "n'" "ne" de négations n'entacheraient en rien l'objectif et rendrait la lecture un peu plus fluide à mes yeux (ceci n'est qu'un exemple).

Cette lecture fut bien sûr très plaisante et émouvante. J'ai aimé rencontrer cet Antoine et être lui pour me révolter de la férocité des soi-disant bien "pensants". J'ai tourné la dernière page depuis plusieurs semaines (oui, très en retard dans mon blog je suis) et j'avoue qu'avec le recul, je suis plus marquée par le personnage que par l'histoire elle-même, dont j'ai déjà oublié la fin. Mais est-ce si important de retenir une fin ?

 

5/6

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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