LA SONATE A KREUTZER, de Léon TOLSTOÏ
Publié le 21 Novembre 2018

Roman - Editions Thélème - 3.09 heures d'écoute - 17 €
Parution d'origine en 1889.
L'histoire : En Russie, lors d'un voyage en train qui dure plusieurs jours, un homme pénètre dans un compartiment. Il reste en retrait des conversations de ses co-voyageurs jusqu'à ce que celles-ci abordent le sujet des relations "homme-femme" et du mariage. Il prend alors la parole et dévoile son identité : il est Pozdnychev, homme connu pour avoir tué sa femme. Il se lance alors dans la narration de son histoire.
Tentation : Osons ! Soyons fous !
Fournisseur : Bib N° 2

Mon humble avis : Qui eut cru qu'un jour, délibérément, de mon plein gré, je piocherais une oeuvre de Tolstoï à la bibliothèque. Pas moi en tout cas, qui ait toujours (depuis le collège) était paniquée à l'idée de lire un classique. Alors un Russe ?! Vous imaginez ? Bon, j'avoue, je ne me suis pas non plus lancée dans Guerre et Paix, mais dans un court roman ! Restons prudent tout de même !
Et bien la prudence m'a permis de me délectée de cette écoute ! Oui, vraiment. Déjà, la qualité littéraire de l'oeuvre est tellement remarquable qu'elle m'a émue. Même si, Française oblige, je n'écoute qu'une traduction de l'oeuvre originelle, je n'ai cessé de me dire : "que la langue est belle", "quel talent de narrateur", "quelles phrases joliment construites", "quel vocabulaire toujours juste et pourtant jamais compliqué". Je pense que c'est ce qui m'a surpris en premier : la beauté d'une écriture travaillée mais on ne peut plus fluide et accessible, et si douce à l'oreille.
De la forme, passons au fond, tout aussi passionnant même si, pour notre époque, plus si originale que cela ! Le récit d'un crime passionnel. Même si ce texte date de 1899, par bien des aspects, je l'ai trouvé très contemporain. Et malgré l'évolution des moeurs, force est de constater que le monde et l'Homme n'ont pas tant changé que cela. Léon Tolstoï m'a tellement marquée par une de ses phrases que je l'ai presque retenue mot pour mot : "la femme ne s'émancipera vraiment que lorsqu'elle cessera d'être un objet de convoitise". Et oui, j'ai ainsi appris qu'au XIXème siècle, le sujet de m'émancipation féminine était déjà d'actualité...
Le titre de ce roman vient d'une oeuvre éponyme de Beethoven. Au fil des pages et des heures passées dans le train, Léon Tolstoï fait l'autopsie d'un meurtre passionnel. Pour cela, il éviscère le couple. Il passe au rasoir l'amour et la haine au coeur d'un couple, la passion, la séduction, le mariage, les relations sexuelles, la jalousie, l'infidélité, la domination, l'addiction, la pureté "recherchée" des femmes et la débauche acceptée des hommes, la position des femmes tant dans la société que dans le couple le poids et le regard de la communauté sur les célibataires comme sur les couples... Bref, il m'a bien semblé que pour Tolstoï l'amour est de début de la fin, le mariage le commencement du meurtre par longue agonie. Et titre oblige, Tolstoï évoque aussi la musique et les sentiments et comportements qu'elle fait naître en nous. La musique comme révélateur personnel intime, même si, ici, c'est pour le meilleur et surtout pour le pire.
Cette démonstration de Tolstoï m'a littéralement passionnée et captivée. Mais pour mieux en rendre compte, il m'aurait fallu prendre des notes, tant le texte est dense en mots, en sens, en thèses et en antithèses, tant le texte est rapide et efficace, tant il mérite et nécessite forte concentration cérébrale pour en apprécier la brillance intellectuelle et bien sûr, littéraire !
Si comme moi vous avez tremblez de peur à l'idée de vous plonger dans la littérature classique Russe, et bien dégustez donc cette sonate comme une mise en bouche, et vous m'en direz des nouvelles... De mon côté, j'ai l'intention de lire d'autres oeuvres de Tolstoï et piocherai de nouveau avec bonheur dans ces ... Courts romans ! Parce que n'exagérons rien, je ne suis pas encore prête pour Guerre et Paix, d'autant plus qu'une Warrior même pas peur blogo copine en a abandonné sa lecture cet été !
