QUAND DIEU BOXAIT EN AMATEUR, de Guy BOLEY
Publié le 23 Novembre 2018
Roman - Editions Grasset - 180 pages - 17 €
Parution le 29 août 2018 : Rentrée Littéraire
L'histoire : Besançon dans l'Est de la France. Le père du narrateur vient de décéder. En mettant de l'ordre dans les affaire de feu son père, le narrateur découvre un petit carnet, plein de notes, de tentative, de souvenirs... Il prend alors la plume pour reconstruire le passé de son père... Et lui donner les honneurs qu'il n'a jamais vraiment eu, mais qu'il a tant espéré. Ainsi, il redécouvre son père, non plus du point de vue d'un enfant, mais d'un adulte sexagénaire, qui, lui aussi, à fait son chemin.
Tentation : la hasard de la bib'
Fournisseur : Bib N°1
Mon humble avis : Tiens, un livre de la rentrée dispo à la bib... Je prends. Ce titre, je l'avais bien vu à droite à gauche, mais sans y prêter vraiment attention. Sa présence sur la première liste du Goncourt m'avait même échappée.
Comme quoi le hasard fait bien les choses. J'ai adoré ce livre et donc, comme le veut la logique, je l'ai dévoré !
Premier ingrédient nécessaire à la dégustation d'un roman... Le plume, le style; l'écriture... Ceux de Guy Boley sont de ceux qui vous accrochent tout de suite, qui imposent un rythme cadencé, joyeux, drôle quand il faut l'être, touchant et poignant quand vient l'heure, toujours soigné et sans être emphatique. C'est un livre qui parle "du peuple" et qui s'adresse donc à tout le monde. Et les mots ! Ah la richesse des mots ! Guy Boley jonglent en finesse avec eux avec ce qui semble être d'une telle facilité que cela en est bluffant... et rappelle que oui, il existe bien des plumes qui manie admirablement bien notre belle langue française sans s'adresser uniquement à l'élite !
Autres ingrédients... Le sujet... Et bien ici, il s'agit des sujets, tant ils sont multiples et bien abordés, juste comme il faut, pour ne pas frustrer ni lasser. Et puis, quand un auteur sait aller à l'essentiel, toute broderie se révèle inutile, et c'est le cas de de Guy Boley...
Il y a les habitants de la petite commune, le grand père mort écrasé jamais connu, la mère un peu rustre, l'ami de toujours Pierrot et le père... René à qui se livre est dédié mais dont le destin par les autres personnages, rôles secondaires mais si essentiels.
Il y a l'amour des livres (pour finir la Bible pour l'un, le dictionnaire pour l'autre).
Il y a le travail des mains, la sueur, la forge, le dépôt de train et ses travailleurs et puis la boxe... En amateur de haut niveau.
Il y a le théâtre et son apprentissage... Où le père comprend que pour jouer Jésus, c'est comme boxer.
Il y a la vie qui peut tailler un artiste mais que le destin plonge dans l'ignorance des autres et l'oubli... Pour jaillir post mortem !
Il y a tout ce qu'on ignore sur les rêves des autres, et notamment ceux de nos parents.
Il y a le déclin après la gloire (même si locale), le déclin après la fierté personnelle. Ce déclin qui recouvre même les souvenirs. Il y a le refus d'un fils de voir son père choir, devenir une loque, après avoir vu Dieu en son père.
Il y a un monument qui s'effondre mais qui se relève grâce aux mots du fils, à ce roman, et qui trouve enfin la gloire méritée... "Mon père ce héros" !
Quand Dieu boxait en amateur est donc une pépite, un véritable coup de coeur pour moi... La plume de Guy Boley, j'adorerais qu'elle soit mienne. Oui, c'est comme cela que j'aimerais être capable d'écrire. A lire, si vous aimez les mots et notre belle langue française !
6/6
"C’est un artiste, mon père, il est né comme ça et il n’y est pour rien : sensible, créateur, naïf, orgueilleux, entêté, innocent, fragile et responsable."
"Ce quartier fut toute sa vie, sa seule mappemonde, sa scène de théâtre, son unique opéra. Il y grandit, s’y maria, procréa."
"Les voies du Seigneur sont impénétrables, donc aussi vermoulues que celle de la grammaire"