ARTICLE 353 DU CODE PENAL, de Tanguy VIEL
Publié le 10 Mars 2019

Roman - Editions Audiolib - 4 h d'écoute - 19 €
Parution d'origine aux Editions de Minuit en janvier 2017
L'histoire : Martial Kermeur est déféré devant le juge, pour avoir jeté l'agent immobilier Antoine Lazenec à la mer... Geste qui a provoqué la mort de ce dernier.
Face au juge, Martial évoque tous les éléments qui l'ont conduit jusque dans son fauteuil... Depuis, son licenciement, son divorce, la garde de son fils, jusqu'à sa prime de licenciement investira dans un projet immobilier qui ne verra jamais le jour...
Tentation : La blogo
Fournisseur : Bib N°3

Mon humble avis : Voici un très bon roman, étonnant, original et à la fin... bouleversante et on ne peut plus inattendue si l'on ignore le contenu de ce fameux article 353 du code pénale. Oui, l'issue remue vraiment. Elle rassure comme elle inquiète sur un certain fonctionnement possible de la justice française. Oui, elle peut vraiment tranquilliser si nous sommes en face de la bonne personne. Même si la vengeance n'est jamais une bonne justice et que nul n'est censé ignorer la loi.
Nous sommes dans le Finistère Nord, dans le bureau d'un juge pour un huis clos entre le juge et le présumé coupable Martial Kermeur, pour le meurtre d'Antoine Lasenec, un promoteur immobilier arrogant tout d'abord, puis très véreux ensuite, pour être les deux enfin. Ce huis clos est une longue confession de Kermeur, qui comme une pelote de laine, déroule tous les événements qui l'ont conduit à commettre cet acte irréparable.
Nous pourrions tout aussi être dans le cabinet d'un psychiatre... Martial Kermeur est presque dans un monologue... Juste entrecoupé par quelques questions du juge, ou relancé par le juge comme un encouragement à approfondir un fait. Aussi les principaux sujets de ce roman sont le pouvoir de la parole libératrice, et surtout, le pouvoir de l'écoute, qui permet l'empathie.
Mais il y a aussi le désespoir des victimes d'escrocs, qui n'ont aucun recours... Les gestes qu'amènent ce désespoir et la ruine financière... mais aussi, les sentiments... La honte... La honte d'avouer s'être fait escroquer, la honte que les autres découvrent qu'en bon partisan socialiste, vous ayez investi dans le plus pur exemple du capitalisme.
Tout cela est parfaitement développé dans cette histoire, captivante, très bien menée, qui nous cloue aux sièges de Marial et du juge. Parce que Tanguy Viel a le génie de glisser un sacré suspense dans cette histoire, alors que pourtant, l'accusation est connue dès le début et que le présumé coupable ne nie pas les faits. Et à noter, la lecture de Féodor Atkine est juste impeccable. Bref, une rencontre livresque réussie !
Un roman que je vous recommande donc chaleureusement !
