A CRIER DANS LES RUINES, d'Alexandra KOSZELYK
Publié le 16 Octobre 2019
Roman - Editions Aux forges de Vulcain - 251 pages - 19 €
Parution le 23 août 2019, Rentrée Littéraire !
L'histoire : Tchernobyl, 1986. Léna et Yvan sont amis depuis toujours, et leur adolescence tend à transformer cette amitié en amour. Soudain, c'est le drame à la centrale. Très vite, la père de Léna emmène toute sa famille pour un périple jusqu'à la Normandie. Yvan et ses proches restent "sur place", mais déplacés.
Pour Léna, c'est donc le début d'une vie d'exil, un exil qu'elle n'acceptera jamais au plus profond d'elle-même. Pour Yvan, c'est l'attente fidèle puis désespérée. Est-ce qu'un jour ?
Tentation : Le nom de l'auteure
Fournisseur : Ma CB
Mon humble avis : C'est le nom d'Alexandra Koszelyk qui m'a incitée à acheter ce livre. Pour l'instant, ce nom ne vous évoque peut-être personne... Puisque c'est un premier roman... Mais de pas n'importe qui dans le monde de la blogosphère... Dans notre univers, Alexandra est très connue en tant que blogueuse, celle du blog Bricabook. C'est donc curiosité et solidarité qui ont motivé mon achat.... et provoqué une certaine appréhension de lecture.... Bien vite levée !
Car quelques pages m'ont suffi pour deviner que j'entrais dans la coquille d'une huitre où se trouvait une perle d'une rare beauté, très fine, naturelle.
L'écrin de cette perle, c'est l'écriture, le style, les mots choisis, qui témoigne d'un sens et du talent et de l'amour d'Alexandra pour l'esthétisme de la langue française. (Dans la vie, Alexandra est prof de Français et de latin/grec). Il y a ce don mais aussi une culture littéraire et générale accomplie, placée en douceur et à propos, comme une source d'inspiration potentielle pour le lecteur. Sans faire de mauvais jeu de mot étant donné le sujet, la plume d'Alexandra irradie, pénètre par tous les pores de la peau, mais avec la douceur du calcium lacté.
Quant à l'histoire, qu'elle est belle, qu'elle est forte et puissante. Elle prend racine dans l'accident nucléaire de Tchernobyl, accident qui a déraciné toute une population. C'est donc un roman sur l'exil... L'exil peut être lointain, transfrontalier, transculturel, translinguistique comme pour Léna. Mais l'exil peut être que de quelques kilomètres, comme ce fut le cas pour Yvan et de centaines de familles... Les habitants de la zone de Tchernobyl ayant été déplacés de force par l'Etat. Dans une belle palette d'émotions, de constatations, d'interrogations, Alexandra évoque avec justesse et délicatesse les conséquences individuelles et collectives de l'exil, et la façon très personnelle qu'a chacun de le vivre.... Même si l'on découvre vers la fin que parfois, ces réactions d'exilés sont presque inscrites dans les gènes.
A crier dans les ruines rend aussi un formidable hommage aux oubliés. Ces hommes, femmes et enfants qui quelque temps après l'émoi international provoqué par la catastrophe de Tchernobyl, sont entrés dans l'amnésie collective quand ils n'étaient pas considérés comme des pestiférés.
Enfin, ce magnifique roman est une ode à la nature, et à ceux dont elle est les poumons et ne peuvent pas se passer d'elle. Cette nature qui reprend ses droits, qui survit, qui se transforme et qui revit.
Alors si vous ne connaissiez pas le nom d'Alexandra Koszelyk, maintenant, c'est chose faite. Et si vous lisez cette pépite littéraire, vous n'êtes pas prêts de l'oublier.... Et de toute façon, c'est un nom que l'on reverra certainement dans les vitrines et sur les étals des libraires. Tout ne fait que commencer !
4/6