L'EMPEREUR, C'EST MOI, de Hugo HORIOT
Publié le 18 Octobre 2019
Témoignage - Editions Livre de Poche - 164 pages - 6.20 €
Parution d'origine aux Editions L'Iconoclaste en 2013
Le sujet : Hugo Horiot est un autiste de haut niveau (Asperger), porte parole de la cause en France. Il raconte ici son enfance d'autiste non verbal jusqu'à ses six ans... Le jardin d'enfant, l'école primaire, le collège puis le lycée, la traversée d'un long enfer, jusqu'à la découverte du théâtre.
Tentation : Le sujet
Fournisseur : Ma CB
Mon humble avis : Récemment, un de mes proches a été diagnostiqué autiste asperger après une longue errance psycho-médicale. Et quand j'ai évoqué cela dans mon entourage, qu'elle ne fut pas ma surprise de constater le nombre de personne ignorant le terme "Asperger" et sa signification. Parfois, des images toutes faites, l'extrême : "Rain man". Soixante-dix mille Français sont diagnostiqués autistes de haut niveau, mais ils seraient en réalité près de sept cent mille
Aussi, me voici à me documenter sur le sujet pour en parler mieux et comprendre plus en profondeur et peut-être mieux appréhender cette personne qui m'est proche.
Et me voici plongée dans "L'empereur, c'est moi", de Hugo Horiot, qui se lit presque comme un roman rédigé dans un style très brillant et agréable... bref, littéraire. Rappelons qu'il y a autant d'autisme qu'il y a d'autistes, qu'on ne peut absolument pas prendre un exemple pour une généralité... Voilà pourquoi l'on parle de T.S.A (Trouble du Spectre Autistique)
Hugo Horiot nous livre tous ses souvenirs, depuis le premier jusqu'à son entrée dans une école de théâtre qui sera sa révélation et sa libération de son enfer.... Enfin, son enfer, c'est les autres... pour qui la différence est une cible tellement facile pour exprimer méchanceté, moquerie, brutalité... Ca, c'est pour ses "camarades scolaires". Pour les adultes, cette différence est encombrante et doit rentrer dans d'autres cases, des cases à part, au lieu de l'inclure et de profiter de sa richesse.
Hugo, l'enfant non verbal jusqu'à ses six ans, n'est pas sans apprendre, sans ressentir d'émotions (bien au contraire), sans angoisse, sans bonheur en milieu bienveillant. Sa mère, qui se battra pour qu'Hugo ne soit pas institutionnalisé, trouvera moult subterfuges et idées pour qu'un jour l'étincelle ait lieu, le déclic : Hugo parle (évidemment, il sait déjà lire et écrire)
Hugo Horiot, évoque très peu ses colères, ses tics et ses tocs, ce que représente la vie familiale avec un enfant autiste. Non, nous sommes vraiment dans sa tête, autant dans son cerveau qui pense et son âme qui ressent. Le terme "autisme" n'est pas cité non plus. Hugo préfère dire "intelligence atypique". De même, l'apposition du diagnostic et le marathon médical n'est pas décrit. Tout cela, je pense qu'on le trouve dans le roman écrit par sa mère, la romancière Françoise Lefèvre : Le petit prince cannibale (Prix Goncourt des lycéens 1990).
Par contre, Hugo ne cache son courroux contre la bêtise humaine et le nivellement par le bas de notre société et de l'Education Nationale. Un exemple parlant.... Il existe trois formes de langage : familier, courant, soutenu... Au collège, Hugo s'exprime en langage soutenu, alors que les ado ne sa classe se situent en dessous du langage familier... La mère d'Hugo est convoquée par la proviseure... Conclusion : il serait préférable qu'Hugo se mette au niveau de ses camarades de classe. Point. Point. Point.
La suite de ce récit existe déjà (et d'autres écrits aussi de l'auteur Hugo Horiot) : Carnet d'un imposteur... Où il est question de sa vie d'adulte, de comédien, de père de famille. Je vous en rendrai compte d'ici quelque temps.
En attendant, si vous voulez (mieux) connaître le syndrome Autiste (et Asperger), et comprendre, lancez-vous dans ce voyage livresque dans la tête d'un enfant à l'intelligence atypique... ou divergente.