TOUS LES HOMMES N'HABITENT PAS LE MONDE DE LA MEME FACON, de Jean-Paul DUBOIS
Publié le 30 Octobre 2019
Roman - Editions de l'Olivier - 256 pages - 19 €
Parution le 14 août 2019, Rentrée Littéraire !
L'histoire : Près de Montréal, Paul Hansen, ancien super-intendant d'une résidence de luxe du centre ville, purge une peine de deux ans de prison. Il partage sa cellule avec le costaud Patrick Horton, un Hells Angel accusé de meurtre. Tout sépare ces deux hommes et pourtant, entre eux naît comme une amitié. Horton s'évade grâce aux magazines de moto qu'il décortique avec passion. Paul lui, n'a rien pour s'évader... Ce sont ses morts qui lui rendent visite (feu son père, sa femme, son chien)... Et l'histoire de sa vie, qui l'a mené entre ses quatre murs.
Tentation : La brouhaha autour de ce roman
Fournisseur : La bib'
Mon humble avis : Les médias disent que c'est là le meilleur roman de l'auteur. Les listes de certains prix confirment cet enthousiasme et sur billet sur la blogo suivent le même ton le plus souvent. Je ne peux me prononcé, ayant si peu lu de Jean-Paul Dubois.
Paul Hansen est dans sa cellule, partagée avec un gros dur qui n'a pas inventé la poudre mais plus sensible qu'en apparence... Après, tout est dans la forme.
Paul alterne le récit de quelques moments de journées partagés avec Horton, pour le pire (le manque d'intimité dans les moments les plus intimes), comme pour le meilleur (des échanges bien plus profonds, touchants et révélateurs qu'il n'y parait). Horton est un personnage haut en couleur, truculent, pour qui le lecteur se surprend d'affection. Entre ces moments du quotidien immuables, il y a la vie de Paul, toute sa vie, depuis sa naissance en France d'un pasteur Danois et d'une propriétaire de cinéma (indépendant) française, en passant par son départ pour le Canada, pour y retrouver son père, puis les trente ans qu'il passe en qualité de super intendant d'une résidence de luxe montréalaise... Les dernières années vont mener au drame qui s'annonce, mais qui ne se dévoilera que dans les dernières pages du roman. On craint le pire. Et pourtant...
Sans élever ce livre au rang de mes coups de coeur, j'avoue avoir apprécié vivement ma lecture, même si, de temps en temps, quelques longueurs me sont apparues. Le style de l'auteur est magnifique tout en étant fluide, et dans la façon qu'il a eu de construire tant son oeuvre que les personnages qui l'habitent, il y a comme quelque chose de littérature américaine. L'histoire n'est pas dense en événements (elle l'est cependant en sujets développés), mais les pages se tournent toutes seules.
Les portraits d'hommes et de femmes sont délicieusement et pudiquement brodés au fil des pages, dans leur antagonisme, leur secret, leur hypocrisie, leur force, leur idéalisme, leur révolte ou leur soumission, leur faiblesse. Dans leur passion aussi et s'il n'y a pas de passion, le plaisir, le bonheur d'une vie tranquille et sereine au service des autres, le plaisir du job bien fait et plus s'il le faut, parce que l'homme a besoin d'humanité, et Paul le sais très bien.
Et puis, un nouveau personnage débarque dans la galerie et l'on sent que l'orage arrive.
Ce roman montre comment une vie de bonté et d'effort peut être ruinée en très peu de temps, et à cause d'une seule personne qui, par un discours bien huilée et une présentation bien pompeuse, parvient à manipuler le reste de la troupe. Et c'est ce diable qui va provoquer l'orage, et faire sortir de l'homme sage la bête qu'il y a en chacun de nous.... Et oui, aussi bons que nous puissions être toute une vie durant, nous ne sommes jamais à l'abri de croiser un être maléfique qui nous fera sortir de nos gongs, un être qui nous fera devenir un autre.
Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon a donc été une lecture très agréable et prenante pour moi, qui me suis régalée de la plume de l'auteur. Par contre, dire qu'elle m'a transportée d'émotion serait mentir. J'admire l'oeuvre d'art qu'est ce roman, mais je m'attendais à être complètement remuée de l'intérieur. Et non.
D'ailleurs, en relisant mon billet, je me dis qu'il n'est pas très inspirant. Il en sera ainsi !
5/6