HORS NORMES, film d'Eric TOLEDANO & Olivier NAKACHE
Publié le 28 Octobre 2019
Film d'Olivier Nakache et Eric Toledano
Avec Vincent Cassel, Reda Kateb, Hélène Vincent
Synopsis : Bruno et Malik vivent depuis 20 ans dans un monde à part, celui des enfants et adolescents autistes. Au sein de leurs deux associations respectives, ils forment des jeunes issus des quartiers difficiles pour encadrer ces cas qualifiés "d'hyper complexes".
Mon humble avis : Un film bouleversant et d'une absolue nécessité. Un film d'utilité publique, sociale, médicale et humaine. Un film qui prouve l'urgence de la situation et cette urgence est particulièrement ressentie et "accentuée" par un tournage à caméra à l'épaule. On suit Vincent Cassel et Reda Kateb H24, dans toutes les situations qu'ils rencontrent, et ce, toujours sur le fil... Hors normes n'est pas précisément un film sur l'autisme, mais une dénonciation grand public du manque de moyens d'encadrement et de prises en charge de ces personnes en grand handicap en France.
Hors normes est tiré d'histoires vraies, et inspiré d'associations et de personnes réelles. Les autistes sont joués par des autistes... Aussi, on peut imaginer le travail d'immersion et d'adaptation que ce film a du représenter tant en préparation qu'en tournage, tant par les réalisateurs que pour les comédiens. Chapeau archi bas pour Vincent Cassel et Reda Kateb et tous les autres d'ailleurs, car on sent un travail d'équipe en bienveillance magistral. Nakache et Toledano l'ont déjà prouvé, ils ont le sens des dialogues percutants, une fois de plus. Et cela fait du bien, apportant de temps en temps un léger humour ou une dose de causticité bien placés et qui font mouche et disent les choses comme elles doivent être dites !
Dans ce film, tout est hors normes... Les enfants et adolescents autistes dont personnes ne veut, à qui la société n'offre aucun cadre humain et approprié à leur pathologie. Les associations qui font un travail de dingue et obtiennent des résultats, mais le tout sans autorisations officiels, sous le mode de la "débrouille", sans le sous, dans des conditions hors normes etc.... Des institutions et des milieux hospitaliers, débordés et non armés pour ces pathologies, font eux même appels à ses associations... C'est le serpent qui se mord la queue, dans cette France qui ne prend pas ses responsabilités et préfère s'embourber dans la lenteur administrative, la suspicion et les normes officielles, avant de se rendre compte qu'elle n'a rien de mieux à proposer... Sont hors normes également ces jeunes de banlieue désocialisés et sans place dans la société, qui parviennent, par un encadrement adéquat et une formation sur le terrain, à trouver leur place et une raison d'être en devenant référent d'un enfant autiste. La preuve qu'avec patience et logique, tout le monde peut trouver sa place et jouer un rôle dans la société. Il suffit de trouver le meilleur chez chacun et le laisser s'exprimer. Il y a d'ailleurs un parallèle entre ces jeunes de banlieue et les autistes... "On" les croit vides, alors qu'ils sont pleins de ressources.
Enfin, sont hors normes ces deux hommes que vouent toute leur vie à leurs associations et aux jeunes autistes, en en oubliant leur vie personnelle, en se battant contre vents et marées, en y croyant dure comme fer, parce que parfois, un petit miracle, un petit progrès chez un de leurs jeunes leur prouve qu'ils ont raison de persévérer dans leur combat. Et puis, sans eux, où iraient la quarantaine d'autistes dont ils se chargent ? Nulle part, car en France, ils n'ont nul part où aller... Et oui, ces associations hors normes sont indispensables.
Un film sur l'appel à l'espérance et à l'ouverture et à la tolérance, notamment dans le milieu de l'entreprise. Un film à voir, qui remue évidemment, qui émeut. Un film dont il faut parler pour que personne n'ignore cette réalité et qu'enfin, les pouvoirs politiques et sociaux mettent en place des structures adaptées... Ah oui, mais c'est vrai, ça coûte de l'argent et il paraît qu'en France, il n'y en n'a plus... Par pour cela en tout cas...