LA PANTHERE DES NEIGES, de Sylvain TESSON

Publié le 19 Décembre 2019

La panthère des neiges, Sylvain Tesson, Avis, Chronique, littérature, blog, prix renaudot

Récit de voyage - Editions Gallimard - 176 pages - 18 €

Parution le 10 octobre 2019 : Rentrée Littéraire !

 

Le sujet : Sylvain Tesson accompagne le célèbre photographe animalier Vincent Munier et une petite équipe dans les hauteurs du Tibet, à la recherche de la panthère des neiges.... Si rare que certains croient qu'elle n'existe plus. Ce livre est le récit de cette expédition et de la rencontre tant espérée avec ce noble animal.

 

 

Tentation : Sujet et médias

Fournisseur : La bib N°1

 

 

Mon humble avis : Ah ! Comme j'ai dévoré et dégusté ce livre, chaudement installée sous ma couette, alors que nos aventuriers ont subi nuit et jour des températures allant jusqu'à moins 30 degrés celsius pour être dignes de leur récompense aussi incertaine que méritée : apercevoir la panthère des neiges.

J'ai tout de même été étonnée d'apprendre que jusqu'à maintenant, Tesson ne s'était pas intéressé plus que ça au monde animalier (souvent invisible) au cours de ses très nombreux voyages en solitaire.

Eux l'on vue, ainsi qu'une pléiade d'autres animaux de ces montagnes reculées et quasi inaccessibles. D'ailleurs, j'avoue que j'ai fait quelques allers retours entre le livre et mon écran pour visualiser certaines espèces citées. Je n'étais pas avec Tesson et sa bande, je n'ai rien vu mais j'ai tout imaginé, visualisé dans mon esprit et ressenti... Ceci, entre autre grâce à la jolie plume de Sylvain Tesson. J'ai aussi bien médité via les réflexions de l'auteur, portant sur le monde animalier en total disharmonie avec celui des humains, celui-ci tout aussi discordant avec celui de notre planète, qu'il met en péril chaque jour un peu plus. Tesson parle de notre société épileptique du tout tout de suite au plus vite et en rentabilité s'il vous plait, de notre société qui ne sait plus patienter, attendre, pour voir la beauté et le rare.

Evidemment, en tant qu'amie des animaux, je me suis "comparée", à ma toute petite échelle, à ce que vivent Tesson et ses amis. L'attente, la patience, l'observation, l'humilité, le risque de déception et parfois la joie du succès... Avec plus de confort et tout de même un peu moins d'attente, c'est ce que j'ai vécu des dizaines de fois dans la protection animale, lors des trappages interminables jusque dans la nuit de chats errants ou sauvageons, pour les soigner, les stériliser, les rentrer, les protéger. Le chat viendra ou ne viendra-t-il pas ? Rentrera-t-il dans la cage ou pas ? Et le bonheur indicible lorsque l'animal paraît et qu'on parvient à le sauver.  Mais observer et connaître avant d'agir. L'affût, toute une philosophie !

Autre exemple, la joie intense, le rêve de toute une vie de voir, d'apercevoir de près ou de loin des animaux rares.... Jamais je ne pourrai décrire les émotions intenses qui m'ont envahi lorsque j'ai eu la chance, en septembre dernier, de voir de mes yeux, et dans leur milieu naturel, un léopard, des lionnes et leurs lionceaux. Tout un voyage pour apercevoir, ne rien échanger avec l'animal mais ressentir. Piou, c'est fou.

Mais rien ne parlera mieux de ce livre que ces quelques extraits que pour une fois j'ai relevés, recopiés etc... Les voici ! En attendant, ruez vous sur ce livre et si vous êtes en panne d'idée de cadeau de Noël pour un proche qui aime l'aventure et les animaux... Vous voilà dépannés !

Ces extraits rallongent considérablement mon billet, mais Tesson ne nous apprend il pas la patience, le temps, l'affût de toute chose, de tout instant et de tout être !... Et puis, égoïstement, je tiens à en garder une trace pour moi !

 

 

« On m’en veut d’esthétiser le monde animal, se défendait-il. Mais il y a suffisamment de témoins du désastre ! Je traque la beauté, je lui rends mes devoirs. C’est ma manière de la défendre ! » (Munier)

« Dans la nature, nous sommes regardés. D’autre part, nos yeux vont toujours vers le plus simple, confirment ce que nous savons déjà. L’enfant, moins conditionné que l’adulte, saisit les mystères des arrière-plans et des présences repliées ».

« Aucune proie ne pourrait psychiquement supporter l’idée qu’elle côtoie la mort. La vie est vivable si le péril est ignoré. Les êtres naissent avec leurs propres œillères.

« Lui aussi était royaliste, croyant à la consécration des lieux par le séjour de l’Etre. J’avais attendu cette vision, je l’avais reçue. Plus rien ne serait désormais équivalent en ce lieu fécondé par la présence. Ni en mon fort intérieur ».

« Avec Munier, je commençais à saisir que la contemplation des bêtes vous projette dans votre reflet inversé. Les animaux incarnent la volupté, la liberté, l’autonomie : ce à quoi nous avons renoncé. »

« L’une des traces du passage de l’homme sur la Terre aura été sa capacité à faire place nette. L’être humain avait résolu la question philosophique de la définition de sa nature propre : il était un nettoyeur ».

« On pouvait s’échiner à explorer le monde et passer à côté du vivant. »

« Désormais je saurais que nous déambulions parmi des yeux ouverts dans des visages invisibles. Je m’acquittais de mon ancienne indifférence par le double exercice de l’attention et de la patience. Appelons cela l’amour. »

« Les bêtes surgissent sans prémices puis s’évanouissent sans espoir qu’on les retrouve. Il faut bénir leur vision éphémère, les vénérer comme une offrande. »

« A l’affût, on connaît ce que l’on attend. Les bêtes sont des dieux déjà apparus. Rien ne conteste leur existence. Si quelque chose advient, ce sera la récompense. Si rien n’arrive, on lèvera le camp, décidé à reprendre l’affût le lendemain. Alors si la bête se montre, ce sera la fête. Et l’on accueillera ce compagnon dont la présence était sûre, mais la visite incertaine. L’affût est une foi modeste. »

« C’est une bonne définition de la nature sauvage : ce qui est encore là quand on ne le voit plus. »

« Aussitôt que nous l’apercevions, une paix montait en nous, un saisissement nous électrisait. L’excitation et la plénitude, sentiments contradictoires. Rencontrer un animal est une jouvence. L’œil capte un scintillement. La bête est une clé, elle ouvre une porte. Derrière, l’incommunicable. »

« ‘Au tout, tout de suite’ de l’épilepsie moderne, s’opposait le ‘sans doute rien, jamais’ de l’affût. Ce luxe de passer une journée à attendre l’improbable… l’affût était un mode opératoire, et il fallait en faire un style de vie ».

 

8/6

Rédigé par Géraldine

Publié dans #récits ou romans de voyages

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E
je suis restée un peu sur la faim, mais il y a de belles citations en effet!
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S
Pas trop mon genre de lecture, dommage ;)
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A
Un livre qui a été présenté par deux personnes lors de la rencontre de mon club de lecture sur le thème du voyage. C'était amusant car l'une avait préféré la première partie et l'autre la seconde ! ;)
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M
Mon mari me l'a offert mais je ne l'ai pas encore lu car j'ai une méga panne de lecture due à la maladie et à la fin de vie d'une de mes minettes, Frimousse. Ça va revenir, il faut juste que je laisse le temps au temps.<br /> Bizzz
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G
Bon courage pour la fin de vie de Frimousse :(
C
Je n'ai pas encore lu cet auteur mais, cela est le deuxième très bon avis sur ce livre que je lis. Et donc, je l'ai noté ! <br /> Bonne journée !
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A
Toujours pas lu cet auteur mais peut-être un jour, un jour... En tout cas, ce livre t'a clairement inspirée ! C'est toujours beau et émouvant un coup de coeur de lecteur, je trouve.:)
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K
La photo ... je bave pareil devant...
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