CARNET D'UN IMPOSTEUR, d'Hugo HORIOT

Publié le 21 Décembre 2019

Témoignage - Editions Livre de Poche - 144 pages - 6.20 €

Parution aux Editions de l'Iconoclaste en septembre 2016

Le sujet : Après avoir conté sa vie dans l'autisme depuis la petite enfance jusqu'à l'adolescence avancée dans "L'empereur, c'est moi", Hugo Horiot se penche sur des bribes de sa vie d'adulte, devenu autiste Asperger "invisible"mais médiatisé, comédien, écrivain jusqu'à la paternité et ce qui s'en suit.

Tentation : Le sujet

Fournisseur : Ma CB

 

 

 

 

Mon humble avis : On apprend dans ce livre que "L'empereur, c'est moi" a été écrit dans un sentiment et un moment d'urgence par Hugo Horiot. Déjà lors de ma lecture de celui-ci, j'avais admiré le style magnifique. Ici, ce qui saute aux yeux en premier lieu n'est pas le fond, mais la forme : quelle plume éblouissante ! C'est d'ailleurs cet aspect-là que je loue avant tout avec mes 4 pattes de chat ! Crue parfois, directe toujours, avec toujours une jolie poésie. Une plume qui ne permet plus de doute : Hugo Horiot est avant tout un écrivain avant d'être un autiste asperger. Car être le sujet d'un récit est une chose, mais transformer ce récit en une oeuvre indubitablement littéraire en est une autre ! C'est donc, à mes yeux, ce qui prévaut par rapport à l'aspect récit/témoignage dans ce bouquin, qui pourrait aisément passé pour un roman joliment littéraire.

C'est à force de travail sur lui-même, d'observations, de mimétisme, de passion pour le théâtre qu'Hugo Horiot est parvenue à rendre son autisme discret, voire invisible pour les profanes. En effet, il n'est plus du tout dans les clichés qui ont hélas la peau dure et qui semblent nécessaires aux yeux de la majorité neurotypique pour définir l'autisme... Non tous les autistes asperger ne sont pas renfermés sur eux, ne sont pas "coincés", ne savent pas s'exprimer, ne regardent pas dans les yeux, ne sont pas des génies avec un Q.I exceptionnels... Bien que je soupçonne que le Q.I d'Hugo Horiot de ne pas être sur le plancher des vaches !

Par courts chapitres, comme des extraits de carnets justement, Hugo Horiot développe ou s'attaque à différentes périodes ou situations précises qui vallonnent sa vie, pour le meilleur et pour le pire, pour le plus doux, le plus cruel ou le plus comique si l'on a le sens de l'humour. On ne compte pas le nombre de situations rocambolesques vécues par l'auteur. Ces contextes ubuesques sont toujours liées au choc des cultures entre celle d'Hugo Horiot et neurotypiques qu'il a l'occasion de fréquenter. Par exemple, suite au succès de "L'empereur c'est moi", des journalistes qui voulaient le recevoir sur un plateau télé lui ont soudain demandé : "Mais vous avez une preuve que vous êtes autistes car là, ça ne se voit pas"... Ca peut prêter à sourire, évidemment, mais c'est plutôt rangeant et démontre une fois de plus l'inadéquation et la méfiance de notre société envers tout ce qui touche aux handicaps invisibles et qui demande pourtant un effort parfois surhumain et quotidien à ceux qui les vivent.

Dans cet opus, l'autisme est clairement nommé (ce qui n'était pas le cas dans "L'empereur c'est moi" et assumé, au point qu'en quelques années, Hugo Horiot est devenu un militant très reconnu et médiatisé pour la cause autistique. Mais curieusement, ce récit garde le lecteur à une plus grande distance et pourrait passer pour un témoignage d'une personne lambda qui a des choses intéressantes à dire. Ce prouve qu'Hugo Horiot a presque parfaitement, en tout cas en façade, réussit son intégration... Sauf que l'on sent tout de même des traits du syndrome dans le texte... Comme par exemple le manque de maîtrise des codes sociaux. En effet, plus d'une fois, je me suis surprise à penser qu'Hugo Horiot oubliait un peu la modestie, ce qui rend son texte moins touchant que le premier.

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres autres - divers

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A
Tu me rends vraiment très curieuse de ce personnage et de ses livres ! Je me le suis noté pour 2020. À voir si j'arriverai à m'y tenir...
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