L'ENFANT CELESTE, de Maud SIMONNOT
Publié le 7 Novembre 2020
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Roman - Les éditions de l'Observatoire - 166 pages - 17 €
Parution le 19 août 2020 : Rentrée Littéraire
L'histoire : Sensible et rêveur, Célian ne s'épanouit pas à l'école. Sa mère, Mary peine à se remettre d'une rupture amoureuse. Ensemble, ils partent s'extraire du monde sur une petite île mystérieuse et mythique en mer Baltique : L'île de Ven. C'est sur Ven qu'a vécu Tycho Brahe, célèbre astronome du VIème siècle, qui y recartographia complètement le ciel. Tycho Brahe est aussi l'homme qui aurait inspiré Hamlet !
Tentation : Les conseils de ma nouvelle libraire
Fournisseur : Ma CB à ma nouvelle petite librairie
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Mon humble avis : J'aime les histoires qui m'amènent en des lieux que je ne connais pas, voire même dont j'ignore l'existence, puisque tout est à découvrir et à imaginer. Et quand ce coin du monde est une île, je savoure encore plus. Avec ce roman, j'ai accompagné Mary et Célian sur l'île suédoise de Ven, qui fut en son temps Danoise et habitée par un scientifique renommé et déterminant, dont je n'avais jamais même entendu le nom : l'astrophysicien Tycho Brahe ! Un homme passionné au destin tragique, un homme à double face, contemporain de William Shakespeare qui se serait inspiré de lui pour créer la pièce d'Hamlet. Le roman de Maud Simonnot est bien documenté et assez érudit sur ces questions, mais dispense toujours une belle aura poétique.
L'histoire est assez classique mais elle est admirablement bien développée. L'écriture onctueuse la romancière enveloppe de sa délicatesse, de sa douce mélancolie, de son travail qui en fait un bijou bien poli. Elle convoque les sens qui s'exacerbent au coeur de cette nature isolée et préservée en pleine mer. On pourrait dire que "tout y est luxe, calme et volupté". Elle nous emmène dans les cieux étoilés avec poésie et onirisme.
Sur cet île, Mary et Célian vont s'apaiser... en menant en vie simple, calme, entourés de quelques îliens. La mère va évacuer les dernières douleurs d'une séparation amoureuse, et le fils va enfin trouver un environnement digne de lui, adapté à ses connaissances, sa curiosité, son envie d'en savoir toujours plus. Célian, l'enfant surdoué qui s'ennuie à l'école, va enfin s'épanouir simplement mais pleinement, aux contacts des éléments et de quelques personnes bien intentionnées, à l'écoute et surtout, qui ont du répondant instructif.
Avec ce magnifique roman (qui fit partie de la première sélection du Goncourt), Maud Simonnot nous murmure avec finesse et pudeur l'importance de prendre le temps d'observer l'infiniment grand comme l'infiniment petit, de découvrir ce qui est invisible à l'oeil pressé, de percevoir le mouvement dans l'immobile ou l'immuable, d'être conscient de ce qui nous entoure. Il faut parfois s'extraire de notre monde qui ne laisse ni place ni temps au réel épanouissement individuel pour grandir, pour se défaire de ses blessures, renaître et se reconnecter autant à soi-même qu'au monde. La tête dressée vers le ciel permet de se dresser, de se redresser.
Un très beau roman, une parenthèse où fantasme et imaginaire n'ont pas de limite, et une ode à la nature... tout en douceur.