L'ETE DES ORANGES AMERES, de Claire FULLER

Publié le 11 Novembre 2022

Roman - Editions Livre de poche - 384 pages - 8.20 €

Parution Livre de Poche juin 2022, (Stock 2020)

L'histoire : 1969. Juste libérée de sa tyrannique de mère par le décès de celle-ci, Frances, 39 ans s'apprête à vivre son premier été de liberté. Elle trouve un travail : établir l'état des lieux des jardins de Lyntons, un grand domaine délabré de la campagne anglaise, racheté par un américain.

Elle s'installe donc dans la demeure, où elle fait connaissance de Cara et Peter, couple missionner quant à lieu à l'état des lieux de la demeure.

Une amitié se noue entre eux, qui deviendra vite ambigüe, d'autant plus que Frances découvre un judas dans le plancher de sa salle de bain, avec une vue plongeante sur celle du couple à l'étage inférieur.

 

 

Fournisseur : Ma CB

Tentation : La blogo

Mon humble avis : J'avais lu nombre de billets sur la blogosphère à propos de ce roman lors de sa sortie chez Stock il y a 2 ans. Quand je l'ai vu bien en évidence sur l'étal des nouveautés poche cet été, je me suis dit : "Pourquoi pas ?!". C'était aussi l'occasion d'explorer la littérature étrangère que je visite si (trop) peu.

Et bien me voici bien partagée par cet oeuvre, au point que j'ai hésité entre lui attribuer 3 pattes de chat, ou 2... 

J'ai dévoré ce livre, n'ayant de cesse que d'y retourner quand la vie quotidienne interrompait ma lecture. Ferrée je l'ai été dès les premières pages... Sans doute le talent de Claire Fuller est là, d'établir très vite une atmosphère particulière propice aux mystères et suspenses qui s'installent et dont, forcément, le lecteur trépigne d'en connaître l'issue. Les personnages sont singuliers, entre Frances qui après des années au seul contact de sa mère est presque inadaptée aux relations sociales, et le couple très fantasque et perturbé que forment Cara et Peter. 

Frances est la narratrice de cette histoire, des années plus tard, alors qu'elle est au crépuscule de sa vie, et plus ou moins en confession auprès d'un tout aussi plus ou moins vicaire. On ne découvre où elle se trouve vraiment que dans le dernier quart du roman.

Oui mais... au final, je me suis dit : "tout ça pour ça".

 Que de longueurs, notamment dans les descriptions des jardins du manoir, qui m'ont plutôt laissé de glace... Cent pages de moins auraient préservé l'intensité de l'histoire et évité mon agacement, mes lassitudes. Les trois personnages s'installent dans une langueur répétitive qui étire encore plus cette lenteur. Il est finalement assez peu question de ce fameux judas qui, cité sur la 4ème de couv, titille pourtant le lecteur comme une carotte.

Même si Frances est un personnage attachant par ses faiblesses et son bonheur d'avoir enfin des amis, j'ai eu envie de la baffer pour la réveiller, qu'elle prenne conscience de la toxicité de cette relation finalement assez stérile à mes yeux. Elle a quitté la prison maternelle pour une autre, celle d'une amitié triangulaire où elle marche sur des oeufs, n'ose pas, a peur de déranger, d'être exclue. Une relation où elle est soumise en fait, où elle écoute mais où l'on se préoccupe très peu d'elle. Elle ressemble plus là-dedans à un animal de compagnie qu'à une véritable amie. Après des années de routine, Frances perd pied car elle n'a aucun repère dans la liberté.

Cara, j'ai eu aussi envie de la baffer pour la calmer, pour son insolence, pour qu'elle "accouche de son mystère" une bonne fois pour toutes. En fait, Cara interrompt toujours ses confidences, et ce parti pris narratif fini lasser, voire exaspérer. Elle est dingo, mais ne m'a provoqué aucune empathie.

Quant à Peter, je l'aurais bien baffé aussi pour qu'il mette les choses au claire (pourquoi tant de mystère après tout !), lui qui connait la vérité, qu'il s'affirme et affirme nettement. Dans ces pages, tout est en non-dits (que je déteste déjà dans la vie), en inachevé, en mensonges, en confidences très implicites et toujours interrompues. On ne saura jamais distinguer le vrai du faux, tant dans le comportement de Cara, que dans le récit de Frances : réalité, interprétation ou mensonge. De ce fait, c'est avec frustration que j'ai fermé ce livre.

Frances est à priori témoin de phénomènes étranges dans la maison... Dans le dénouement, ceux-ci seront complètement oubliés et resteront inexpliqués... L'atmosphère particulière dans la première partie devient lourde, pesante et malsaine dans la deuxième.

Et pourtant, malgré tous les reproches que j'adresse à "L'été des oranges amères", je l'ai dévoré. Etrange phénomène...

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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A
Le titre me dit vaguement quelque chose mais j'avoue qu'il n'est pas de ceux qui me tentent. Bon ça tombe bien, a priori c'est contournable.^^
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A
Ça m'est déjà arrivé de dévorer un livre que je trouvais pourtant assez médiocre. On a toutes nos petites faiblesses ou contradictions parfois ...
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A
Ç
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P
Je ne me souviens pas avoir vu ce livre à sa sortie, mais il y en a tant. D'après ce que tu en dis, je pense que je peux l'oublier !
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K
Je n'aime pas ce type de livres qu'on ne lâche pas, OK, mais qui n'explique rien, ou remet à plus tard. Agaçant.
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