JOURNAL D'UN SCENARIO, de Fabrice CARO
Publié le 12 Décembre 2023
Roman - Editions Gallimard - 208 pages - 19.50 €
Parution le 27 août 2023 : Rentrée littéraire
L'histoire : Boris est aux anges ! Jean, producteur de cinéma, vient d'accepter son scénario et assure qu'ils vont faire "un beau film". Boris imagine déjà Louis Garrel et Mélanie Thierry dans les rôles principaux. Encore un peu de travail d'écriture, et à Jean de trouver des diffuseurs et des financiers. Une grande chaîne est intéressée, et Henri, son porte parole, se penche sur le scénario... Il suggère quelques "petites" modifications qui ne sont pas du tout du goût de Boris. De film d'auteur, son projet se dirige droit vers le navet !
Tentation : Pitch + nom de l'auteur
Fournisseur : Bib de St Lunaire
Mon humble avis : Ouvrir un ouvrage de Fabrice Caro (en littérature) ou de Fabcaro (en BD), est toujours la promesse d'un savoureux moment de lecture, de franche rigolade, de bons mots etc... Bref, d'une récréation mais avec une fenêtre bien ouverte sur la société et ses petits et grands tracas.
Le postulat de départ est évidemment très sympathique. D'autant plus pour qui aime le cinéma, et j'avoue que j'ai apprécié les moult références à des films plus ou moins cultes, plus ou moins récents, me rappelant de bons souvenirs. Sauf que peut-être par lassitude, je n'ai à priori pas vu la plus grosse référence, la soupe aux choux. En même temps, parfois, plus c'est gros, moins on le voit !
Car oui, malgré mon enthousiasme de départ, j'ai fini par m'essouffler dans ma lecture, peut-être parce que la caricature est poussée à son extrême. Peut-être qu'un peu plus de finesse aurait rendu l'ensemble plus drôle, ou juste vraiment drôle. Les séquences comiques relèvent toujours du même procédé et des mêmes situations, bref, l'ensemble devient assez vite répétitif.
A dire vrai, je ne serais allée voir aucune des adaptations possibles des versions de ce fameux scénario... Celle d'origine, pompeuse, chiante à mourir, bref indigeste. La dernière, débile à souhait, en tout cas présentée comme ça, puisque finalement, Caro s'inspire d'un film culte, que j'ai vu, et sans doute revu !
Ce roman est une satire du monde du cinéma qui propose souvent les deux extrêmes, le nombriliste ou le bêtifiant ! Mais qu'on ne s'y trompe pas, sous cette farce, Fabrice Caro dénonce aussi déclin de l'art, son lissage sous le prétexte de la rentabilité commerciale... Et en filigrane, on devine que le public qui se rue en masse sur toutes les conneries qu'on lui sert n'est pas étranger à cet avilissement.
Bon, en même temps, en cette rentrée littéraire, on peut tout de même saluer Fabrice Caro pour la diversité qu'il apporte au milieu de ces moults ouvrages proposant des quêtes identitaires et/ou familiale. Bref, Fabrice Caro est toujours là pour nous sortir de la morosité, même si j'attendais plus que quelques bonnes trouvailles dans ce fameux journal d'un scénario. En fait, je suis un brin déçue.