UN CRIME DANS LE QUARTIER, de Suzanne BERNE
Publié le 30 Mai 2009
Roman - Livre de poche - 314 pages - 6.50 €
Résumé : L'imagination débordante et torturée d'une enfant délaissée peut devenir une arme redoutable et l'instrument de terribles erreurs. C'est ce que mesure, vingt ans après les faits, Marsha, la narratrice de ce roman hors du commun, en revenant sur son propre passé. En 1972, alors que l'Amérique commence à résonner des échos de l'affaire du Watergate, elle a dix ans, et, bien qu'elle vive dans un paisible quartier résidentiel de la banlieue de Washington, le monde ambiant, à commencer par sa propre famille, lui paraît le théâtre de multiples et ténébreuses intrigues et de criminelles activités qu'elle consigne méticuleusement dans un cahier spécial. Un nouveau voisin, célibataire et réservé, Mr Green, éveille tout particulièrement son antipathie et sa suspicion. Et, un crime abominable ayant été commis dans le quartier, Marsha en vient tout naturellement à accabler le malheureux Green... Plus encore que l'histoire elle-même, pourtant exemplaire, c'est le style direct et sans complaisance de Suzanne Berne et le climat infiniment prenant qu'elle réussit à créer par une accumulation de détails et de notations psychologiques criants de vérité qui font l'exceptionnelle valeur d'un livre que le lecteur aura autant de mal à oublier qu'à refermer.
Mon humble avis : J'ai aimé l'originalité de l'histoire. En effet, il est peu courant d'évoquer un crime sans parler de l'enquête. Un meurtre est commis. Avant, pendant, après, c'est l'été. Marsha, 10 ans à peine, se casse le pied, ses parents divorcent, s'installe un voisin célibataire anodin, et à quelques pâtés de maison de là, le scandale du Watergate s'annonce... Vous allez me dire, c'est beaucoup de choses. En apparence oui. Car dans ce livre, il règne une nonchalance, un immobilisme, une pesanteur oppressante comme dans un huit clos, puisque tout se passe dans le même quartier. La lecture s'en trouve ralentie au fur et à mesure qu'on avance dans le livre. C'est un peu déroutant. J'aurais apprécié un rythme plus dynamique, et qu'il se passe un peu plus de chose.
Une mention particulière peut-être adressée à l'auteure pour sa plume : distinguée, vaillante, limpide et fluide. De même, l'analyse psychologique d'une fillette en désarroi et de la classe moyenne américaine dans les années 70 est rendue avec finesse. Enfin, on se demande jusqu'au bout où le mensonge mènera Marsha ? D'ailleurs, ment elle vraiment. En cela, Suzanne Berne nous berne et nous garde captifs. Dommage qu'il y ait autant de longueurs qui nous font survoler nombre de passages. Un avis entre gris clair et gris foncé donc !
livre lu dans le contexte