CET ETE LA, de Véronique OLMI
Publié le 25 Octobre 2011
Roman - Editions Grasset - 283 pages - 18 €
Parution en janvier 2011
L'histoire : Week end du 14 juillet. Comme chaque été depuis 16 ans, trois couples et deux de leurs enfants se retrouvent dans la villa de l'un deux. Un week end immuable, des habitudes, des traditions. Le feu d'artifice. Et puis, un garçon étrange qui semble venir de nulle part annonce la mort prochaine du grand pin qui protège tout ce petit monde sur la terrasse. Cet été là, rien ne se passera comme prévu. Ce sera la fin de quelque chose pour tout le monde ou pour chacun ou pour quelques uns.... Allez savoir...
Tentation : La couverture
Fournisseur : La bib'
Mon humble avis : Encore un billet qui ne sera pas facile à écrire tant j'ai aimé ce livre, sans doute pour des raisons proches de l'intime, même si ce roman peut certainement vous séduire pour d'autres raisons ou les mêmes si l'on se ressemble quelque part.
Ce livre, je le regarde depuis quelques mois. Ce transat libre en bord de mer m'invitait à m'y asseoir, à m'y installer. Même si je n'ai jamais été dupe. Malgré le confort du siège et l'évidente beauté de l'environnement, je savais bien que mes pieds ne reposeraient pas sur un sol doux et délicat comme peut l'être le sable... Mais sur un sol dur, instable, où les angles sont arrondis par le temps, un temps qu'on appelle érosion... des galets...
Je pourrais presque cesser ici ce billet tant cette couverture évoque parfaitement les pages de livre.
Cet été là. J'ai tout aimé dans cette lecture. Je passerai donc sur le style, le rythme etc...
L'atmosphère des week ends prolongés sur la côte, en famille ou entre amis, les virées sur la plage, les parties de tennis, un coucher de soleil, la mer, la plage, tout cela est parfaitement décrit. Chacun arrive et tente de trouver sa place dans une communauté créée pour quelques jours, dans une maison où il n'a pas ses repères, où il n'est qu'invité. Véronique Olmi doit être dotée d'un sens de l'observation extraordinaire pour remarquer et isoler du reste des paroles, des gestes, des regards à priori insignifiants et pourtant lourds de sens.
Cet été là est l'histoire d'une véritable mascarade : les relations amicales, familiales, sociales. Où chacun essaye d'être ce qu'il pense que l'autre attend de lui. Où il faut protéger les apparences. Où il faut se montrer chaleureux, inquiet du bien d'autrui mais abattre un couperet sitôt que l'autre dépasse certaines limites, entre dans l'intime, l'intime qui dérange. Personne ne veut l'intime de l'autre par peur d'être envahi ou de ne pas avoir la réaction adéquate. On veut garantir son confort, ne pas être bousculé, alors qu'on pourrait aussi être aussi rassuré... Et pourtant, c'est dans l''intime (les joies et les peines les plus profondes) que l'autre est, qu'on le connaît réellement et qu'on peut alors dire : j'aime cette personne. Cette personne est mon amie, mon mari, mon fils...
Tout cela est excessivement bien rendu dans ce roman. Chacun des personnages voudrait dire quelque chose d'important sur (ou pour) lui. Plusieurs fois, ils prennent leur élan... Et s'interrompent par peur ou sont systématiquement interrompus par les autres qui, n'écoutant pas, maintiennent la conversation à niveau plus trivial, plus conventionnel. C'est terrifiant de voir à quel point des gens qui se disent amis peuvent ignorer et fuir la vérité de leurs proches.
Chacun de ses 6 adultes se retrouvent face à la fin d'un moment de sa vie, à un tournant parfois invisible mais nécessaire, souvent indépendant de la volonté. Des choix sont à faire. Des décisions à prendre. Bien sûr, le personnage qui m'a le plus touchée est celui de Lola. Bientôt quadra, elle a eu une vie tellement bien remplie qu'elle force l'admiration et l'envie de tous mais se retrouve les mains vides. Et puis cette impression que jusqu'à maintenant, la vie menée n'était qu'un brouillon et qu'il serait temps de vivre pour de vrai, normalement, de réfléchir, de construire, de marcher dans une direction continue. Il lui semble être en bout de course alors que rien n'a commencé pour elle.
Enfin, il y a le personnage évoqué dans la 4ème de couv, Dimitri. Il annonce que le grand pin est malade et va mourir si rien n'est fait. A un moment, Denis dit "vous avez tous vus un dimitri différent". Ma version, c'est que ce personnage n'existe pas, qu'il est la petite voix intérieure de chacun qui dérange ou rassure, tantôt confidente ou tantôt source de danger. Sa prophétie s'adresse à chacun des personnages, aux couples réunis sous le toit de la villa... Vigilance, à force de vous ignorer et de vous croire immuables, vous êtes en danger.
Je suis désespérée, c'est le premier livre que je lis de Véronique Olmi et il est impensable qu'il soit le dernier. Encore un romancier qui me séduit au premier coup de plume et que je me promets de suivre... En plus, encore un livre emprunté à la bib, et que je vais devoir rendre...
"Cet été là" : Subtil, sublime et symbolique, incontournable.
L'avis de Clara ;