DU BOIS POUR LES CERCUEILS, de Claude RAGON
Publié le 19 Janvier 2011
Policier - Editions Fayard - 358 pages - 8.90
Parution en novembre 2011
L'histoire : En plein hiver, dans le Jura... Le grand patron d'une usine qui travaille le bois est retrouvé mort dans les locaux, la tête et les mains écrasées par une presse. L'enquête préliminaire de la gendarmerie conclut à un accident... Jusqu'à ce qu'une lettre anonyme soit reçue et remette cette conclusion en doute. Le commissaire Gardenne et le lieutenant Bruchet, de la PJ de Besançon, vont sur place mener l'enquête...
Tentature : lecture traditionnelle chez moi
Mon humble avis :Depuis plus de 25 ans (hum hum...), ma première lecture de l'année est tranditionnellement un polar, le nouveau Prix du Quai des Orfèvres. Le jury de ce prix, présidé par le directeur de la PJ est composé de personnalités travaillant ou ayant travaillé dans la Police et son environnement, ce qui garantit un certain réalisme policier dans l'enquête.... Normalement... Sauf que là, la crédibilité, bof, bof.... A moins que le lecteur, nourri aux super thrillers et séries policières en tous genres ne sache plus trop où se situe le réalisme...
L'intrigue de ce roman tient bien la route et par la même occasion, le lecteur en haleine. La lecture se passe et l'on écarte, un temps, les défauts par intérêt pour l'enquête. Mais dommage que l'ensemble soit mené de cette manière qui m'a agacée, qui a usé parfois de ma patience pour enfin me faire rire tant je trouvais le comportement des protagonistes grotesque dans une fin plausible et inattendue certes, mais digne d'un navet de série B dans son déroulement. En effet, nos policiers reçoivent un nouvel indice décisif. Le lecteur comprend tout de suite ce qui en découle. Le jeune lieutenant a une petite idée qu'il n'a pas le temps de partager avec son vieux commissaire et son collègue proche de la retraite, bref, deux flics chevronnés et expérimentés. Le jeune part donc tout seul dans la forêt, montagne enneigée, alors que la nuit approche, tout seul comme un grand, en ski de fond avec des lampes de poches, mais sans son flingue ni son portable pour arrêter le méchant !!!! Hahaha comme j'ai ri d'autant de ridicule, surtout que pendant ce temps et cette vingtaine de pages, le commissaire n'a toujours pas compris la déduction imparable liée à ce nouvel indice... Pas besoin d'avoir vu toutes les saisons des Experts ou de Navarro, ni d'avoir lu tous les Agatha Christie pour comprendre.... Mais nos flics en fin de carrière, "ben non, y voient pas !"
J'ai été aussi agacée par les pages et les dialogues consacrées à la grippe de Monsieur le commissaire. J'appelle cela du blabla remplissage, c'est inintéressant tant pour le lecteur que pour l'enquête.
Enfin, l'auteur est ingénieur dans l'industrie de transformation du bois... L'histoire du roman se déroule donc dans un milieu bien connu de celui ci, trop peut-être. Des détails techniques sur cette industrie et la fabrication de panneaux de bois avec telle ou telle colle... tout en longueur.... Franchement, je ne sais pas si cela passionnera beaucoup de lecteurs. Bon, au moins l'auteur s'est fait plaisir. De même, plutôt que "des pages" pour décrire la fameuse presse, arme du crime, qui ne nous aident pas franchement à visualiser, pourquoi l'auteur ne nous fait pas un bon vieux croquis ? Enfin, un ton irréaliste pas souvent adapté à la situation, une petite guirlande de poncifs, des incohérences ou invraisemblances qui servent trop facilement une enquête couronnée par une belle leçon de morale bien lourdement écrite...
Dommage, dommage, le canevas de cette enquête intéressante aurait pu donner un très bon livre, ce n'est, à mon humble avis; pas le cas ici. L'idée est bonne, mais la forme... Au secours !
Miss Alfie est encore moins tendre que moi !