CAPHARNAÜM, film de Nadine LABAKI
Publié le 25 Octobre 2018
Film de Nadine Labaki
Avec Zain Alrafeea, Yordanos Shifera, Nadine Labaki
Synopsis : À l'intérieur d'un tribunal, Zain, un garçon de 12 ans, est présenté devant le juge. À la question : " Pourquoi attaquez-vous vos parents en justice ? ", Zain lui répond : " Pour m'avoir donné la vie ! ". Capharnaüm retrace l'incroyable parcours de cet enfant en quête d'identité et qui se rebelle contre la vie qu'on cherche à lui imposer.
Mon humble avis : Cela fait quelques paies qu'au cinéma, je ne vais voir que comédies ou films "d'action", afin bref, du cinéma distrayant. Virage à 180 degrés avec Capharnaüm...
C'est simple... pas un bruit dans la salle, même lorsque les lumières se rallument, plus tardivement que d'habitude il me semble.
Ce film est bouleversant à double titre... En tant que fiction déjà, mais surtout parce que cette fiction est tirées de divers faits et vies réels. Bien sûr, dans notre standing d'européen, on sait vaguement que de telles vies existent. Mais cela reste une notion que l'on chasse vite de son esprit... par confort sans doute, pour que notre vie reste ce qu'elle est : vivable voire agréable.
Capharnaüm traite de multiples sujets en environnement réel, avec des comédiens qui n'en sont pas... Qui "jouent" ce qu'ils vivent ou ont vécu au quotidien. Nous sommes donc au plus près de la vérité : les immigrés clandestins, la vie et l'existence officielles qui tiennent à un papier, le racisme, le travail clandestin. Mais surtout la maltraitance des enfants, leurs non-droits finalement, et "l’impassibilité de la convention des droits des enfants…". Et ce qui choque le plus dans ces images, c'est l'indifférence des adultes et des habitants des beaux quartiers" devant le sort de cet enfant, qui s'occupe seul d'un bébé, sur un trottoir...
Tout au long du film, on suit donc le parcours de Zain, un gamin de 12 ans, d'une maturité rare et qui fait preuves de ressources extraordinaires devant les épreuves... Et l'on réalise que si ce gamin est mature à ce point, c'est parce qu'il n'a pas le choix. Il doit se défendre, survivre... On pourrait dire que Zain, qui joue Zain est un génial acteur en herbe. Sauf que la réalisatrice lui a juste demandé d'être lui...
Une chose est sûre, ce film est un uppercut comme rarement il m'a été donné de voir au cinéma. La vie de Zain permet de relativiser... presque tout. En tous cas, les petits tracas et détails matériels qui agaçaient quelques heures avant la séance. Et de ce dire, que même si la vie n'épargne pas certains de nous, de vous ou de moi... Si l'on a un écran qui nous permet d'écrire ou de lire ceci, si l'on a la chance de pouvoir s'offrir une place de cinéma ou tout autre divertissement, bref, si nous vivons correctement, on est à mille lieues de la vie de Zain, qui est hélas et sans doute, un enfant parmi des centaines de milliers. Bref, ça fait réfléchir et vraiment, j'insiste, relativiser...
Un film à voir évidemment, car il donne la parole à ce qui ne l'on pas, à ceux qui n'y ont pas accès... Capharnaüm donne la parole aux oubliés de notre monde en furie...