UNE EDUCATION CATHOLIQUE, de Catherine CUSSET
Publié le 11 Octobre 2014
Roman - Editions Gallimard - 132 pages -15.90 €
Parution le 21 août 2014 (Rentrée Littéraire)
L'histoire : Officiellement : La narratrice de "Un brillant avenir" revient sur son éducation religieuse, ses rapports entretenus avec la religion au cours de son enfance, ses premiers émois et la naissance du désir. Officieusement, c'est une toute autre histoire (à mon humble avis)
Tentation : Le pitch et ma lecture d'Un brillant avenir"
Fournisseur : Ma CB :(
Mon humble avis : Peut-être me trouverez vous sévère alors que je n'affiche qu'une étoile pour ce livre. Sans doute, si je n'avais pas connu l'auteure, je me serais faite plus clémente, car "Une éducation catholique" n'est pas mal écrit, le style paraît agréable même s'il se simplifie au fil des pages. Non, une seule étoile, c'est pour démontrer la distance presque "intersidérale" entre mes attentes et... le résultat. Bref, je suis en colère parce qu'en plus, ce bouquin, je l'ai acheté en étant sûre de mon choix et non pas "pour voir".
En fait, le problème majeur de cette oeuvre, c'est son titre. Tapageur dans un sens, à surfer sur une certaine vague dans notre siècle sensé être spirituel. Ce titre est un leurre, un attrape nigauds. Car d'éducation catholique, il n'est question que dans les premières pages. Ensuite, on passe plutôt à une éducation d'un autre genre qui se veut ici initiatique, mais qui est franchement sexu*lle.
Déjà, ce roman n'en n'est pas vraiment un, puisqu'il est de notoriété publique qu'il s'agit d'une autofiction. Ca ne m'aurait pas dérangée s'il avait traité du sujet qu'il semblait promettre. Mais non. Point de philosophie ni de questionement religieux. Il ne devient qu'un étalage impudique et qui plus est, assez factuel, des premières expériences amoureuses platoniques puis physique de la narratrice. Une narratrice qui se cherche, autant auprès des femmes que des hommes. S'il y avait eu quelque délicatesse, mon intérêt aurait pu demeurer. Mais non. Catherine Cusset flirte même (à mon humble avis) avec une certaine vulgarité. (je ne veux pas lire Christine Angot et voilà que j'ai l'impression de me retrouver dans un de ses livres. ) Il est ici souvent (trop souvent) question de s*xe énorme, ou de s*xe qui ne bandent pas, et de "boucher un trou". Ces passages trop récurrents sont servi d'un style qui parfois se veut poétique, mais pour moi, de la poésie de collégienne et surtout, l'analyse psychologique qui pourrait en découler brille par son absence.
Et la religion dans tout cela ? La narratrice raconte effectivement sa petite enfance entre un père croyant et une mère athée. L'importance de Dieu tout puissant et la découverte pour la narratrice que "ce Dieu qu'elle vénère est celui des faibles". J'espérais que Catherine Cusset évoquerait les conséquences heureuses ou malheureuses de son éducation catholique au cours de sa vie, que cela soit au lycée ou dans sa vie d'adulte, car une telle éducation a forcément un impact sur l'évolution de chacun.
Mais non, encore une fois. Certes, temps qu'elle est dans la large tranche d'âge primaire/fin de lycée, la narratrice souffre de sa soumission aux autres, aux tout puissants et de son sentiment de culpabilité, ce qui résume assez bien pour moi ce qu'impose toute religion dogmatique. Mais ensuite, il semble bien que Marie, la narratrice ait mis toutes les miettes de son éducation dans un tiroir. Car les valeurs morales que l'on peut recevoir d'une éducation religieuse semblent la déserter (toujours selon mon humble avis). Qui plus est, je n'ai ressenti aucune empathie ni affection pour cette Marie qui, d'agaçante de mièvrerie et de soumission, devient détestable de caprice et d'exigence envers les autres. Elle se plaint de son égocentrisme, mais que fait elle pour en sortir ? Elle change d'avis comme elle change de chemise, tombe "amoureuse" tous les 2 jours de sa prof de français, de sa meilleur amie, d'un type rencontré en vacances, puis passe son temps à grincher dès qu'on la quitte, alors qu'elle exige de son premier petit ami "sérieux" qu'il lui reste fidèle alors qu'elle lui raconte ses frasques "extra-conjugales". Et pour moi lectrice, tout cela est qui plus est devenu très redondant.
Bref, pour moi, ce livre est vide, il n'en sort rien sauf une interrogation : comment une telle auteure, qui a écrit des chefs d'oeuvre, peut ainsi râter sa rentrée littéraire ? C'en fut au point qu'à une trentaine de page de la fin, je suis allée lire quelques critiques sur Babelio, afin de savoir si mon ressenti et ma colère m'étaient strictement personnelles, ou si ma dernière heure de lecture m'apporterait une bonne surprise. Ma colère et mon impression de perte de temps étaient telles que j'ai renoncé à aller écouter Catherine Cusset en conférence à Rennes le lendemain soir. Gâchis, consternation et dégoût, voilà un résumé de mes impressions à la lecture d'"Une éducation catholique"