DEBOUT-PAYE, de GAUTZ
Publié le 24 Avril 2015
Roman - éditions Nouvel Attila -172 pages - 17 €
Parution le 28 août 2014 - Rentrée littéraire
L'histoire : Debout-Payéest le roman familial d'Ossiri, étudiant ivoirien sans papier atterri en France dans les années 1990 pour démarrer une carrière de vigile. C'est l'histoire d'un immigré, de l'enfer qu'il vit pour se loger et pour travailler, et du regard qu'il pose sur notre pays
Tentation : La blogo
Fournisseur : La bib'
Mon humble avis : Ce roman, qui s'est dressé au travers de la blogo depuis septembre, fait figure d'OVNI dans la dernière rentrée littéraire.
Mi roman - mi auto fiction - mi succession de saynettes.
Les saynettes, ce sont celles vécues par l'auteur, alors qu'il était vigile chez Camaïeu Paris Bastille et chez Séphora Champs Elysées. Il y a comme un air de "les tribulations d'une caissière" d'Anna Sam... Vigile, métier sous payé, souvent méprisé et dénigré. Vigile fait partie de ces boulots que le milieu appelle "debout-payé". La mission est de restée debout, et d'être à l'affût du moindre vol susceptible.
Gautz nous offre donc son regard et ses observations d'émigré debout-payé. Nombre de ses confidences sont hilarantes, certaines désespérantes sur l'image qu'elle montre de la mentalité du monde actuel. L'humour devient parfois cynmisme, quand notre vigile explique par exemple les rencontres improbables qui se forment au rayon rouge à lèvres à minuit, sur les Champs : les travelots, les femmes voilées du riche Moyen Orient, et les prostituées qui conseillent ses mêmes femmes voilées alors qu'elles s'apprête à aller retrouver les maris de celles ci... Très drôle aussi la différence comportementale des gens, en fonction de leurs origines éthniques, géographiques ou sociales, quand le BIP du portique de sécurité retentit ! Bref, Gautz voit tout, dissèque tout, analyse tout. Pour combler l'ennui sans doute. Et dans ces saynettes, on y apprend comment repérer un voleur potentiel, comment supporter la musique attroce diffusée dans les magasins toute la sainte journée, les codes qu'utilisent entre eux les vigiles pour décrire les suspects... Bref, jusqu'à maintenant, je disais bonjour au vigile quand j'entrais dans un magasin, maintenant, je vais me demander comment il me "déshabille" LOL !!!
Entre une série de saynettes, se cache le véritable roman. Celui d'une famille ivoirienne, ou les hommes émigrés deviennent vigile de père en fils. La partie roman est franchement intéressante, dans le sens où elle retrace l'évolution des relations entre la Frances et ses anciennes colonnie ces quarante dernières années, et l'influence de cette évolution tant sur la vie des émigrés en France que dans le métier de vigile. Ce métier qui fut aussi chamboulé par l'aire du 11 septembre 2001. Bien sûr, y sont évoqués les drames des squatts, des sans papiers.
Le tout avec lucidité, justesse, intelligence et humour.
J'ai hélas était parfois perdue parmi les personnages du roman... et comme celui-ci est entrecoupé de série de saynettes, il n'était pas aisé pour moi, entre les saynettes et mes propres interruptions de lecture, de m'y retrouver et de conservé mon intérêt intact pour leur histoire.
Un roman, jamais loin du reportage, que je vous conseille de lire.
10/6
« Chinois. Avec la quantité énorme d’habits fabriqués au pays de Mao, on peut dire qu’un Chinois dans un magasin de fringues, c’est un retour à l’envoyeur. »