LES CHEVALIERS BLANCS, film de Joachim LAFOSSE
Publié le 28 Janvier 2016
Film de Joachim Lafosse,
Avec Vincent Lindon, Louise Bourgoin, Valérie Donzelli, Reda Kateb
Synopsis : Jacques Arnault, président de l’ONG "Move for kids", a convaincu des familles françaises en mal d’adoption de financer une opération d'exfiltration d'orphelins d’un pays d’Afrique dévasté par la guerre. Entouré d’une équipe de bénévoles dévoués à sa cause, il a un mois pour trouver 300 enfants en bas âge et les ramener en France. Mais pour réussir, il doit persuader ses interlocuteurs africains et les chefs de village qu’il va installer un orphelinat et assurer un avenir sur place à ces jeunes victimes de guerre, dissimulant le but ultime de son expédition...
Mon humble avis : Ce film, tourné au Maroc, s'inspire de l'affaire de l'Arche de Zoé, qui survint en 2007, au Tchad, mais laisse une large place au fictionnel.
J'aime ce genre de film, qui permet ensuite d'aller boire un verre avec mes "coséanseurs" et de discuter réellement, de se questionner, de se positionner... même si le film ne prend pas réellement position, il relate. Un peu comme un reportage en fait. Un reportage qui s'intéresse aussi aux caractères complexes des personnages.
Les chevaliers Blancs, c'est un film dont les sujets principaux sont les rapports entre l'Afrique et l'Occident, le Néocolonialisme, l'humanitaire, et les conséquences de l'ingérence. "L'enfer est pavé de bonnes intentions", voilà une expression qui pourrait presque résumer le film à elle seule. Presque car ce film est vraiment dense et permet moult ressentis.
Jusqu'où va la bonne foi ? La bonne foi pardonne -t-elle l'aveuglement, la prétention, même si celle-ci est quelque part de sauver le monde ? Comment ce qui saute aux yeux du spectateur n'a-t-il pas sauté aux yeux des protagonistes ? Le spectateur voit bien que la différence criante dans les façons de communiquer entre les blancs et leur argent, et les Tchadiens qui ne pensent qu'à l'avenir de leurs enfants.
Certains pourront trouver certaines longueurs dans ce film. Mais je pense qu'elles sont nécessaires pour rendre compte de la langueur, de la lenteur de l'Afrique, des démarches, des aléas. Alors, il y a l'attente, la patience, l'impatience.
Ce film, entre plénitude et tension, est intense, captivant et servi par des acteurs très classes, tout en nuances et/ou discrétion (excellente Louise Bourgoin et bien sûr le bluffant Vincent Lindon). C'est simple, on oublie que l'on a affaire à des comédiens, à un film. On a l'impression de vivre cette histoire, en spectateur impuissant certes, mais de la vivre tout de même.