DANS LES FORETS DE SIBERIE, film de Safy NEBBOU
Publié le 21 Juin 2016
Film de Safy Nebbou
Avec Raphael Personnaz et Evgueni Sidikhine
Synopsis : Pour assouvir un besoin de liberté, Teddy décide de partir loin du bruit du monde, et s’installe seul dans une cabane, sur les rives gelées du lac Baïkal.
Une nuit, perdu dans le blizzard, il est secouru par Aleksei, un Russe en cavale qui vit caché dans la forêt sibérienne depuis des années.
Entre ces deux hommes que tout oppose, l’amitié va naître aussi soudaine qu’essentielle.
Mon humble avis : Ce film est une libre adaptation du livre éponyme et autobiographique de Sylvain Tesson. Libre adaption car Safy Nebbou y a ajouté le personnage d'Aleksei, ce qui apporte un nouveau souffle au scénario en deuxième partie du film. Et surtout, la présence d'Aleksei permet de développer une amitié aussi forte que minimaliste entre deux hommes qui n'auraient jamais dû se rencontrer.
Ce film est tout simplement magnifique, tant par les décors naturels de Sibérie, que par l'aventure humaine qu'il présente. Tout y semble naturel et sobre, rien de grandiloquent ! Tout est dans le silence, les silences entre les deux hommes, les dialogues épurés pour cause de différences linguistiques, le soleil sur la glace, le craquement de la glace, le blizzard, les yeux grands ouverts et ébahis de Raphael Personnaz. La sobriété n'empêche en rien l'émotion, bien au contraire, l'humour, les moments qui sont aussi cocasses qu'inquiétants (comme la scène où Teddy se baigne nu dans la glace et qu'apparait alors un ours !)
Dépaysement, introspection, initiation, partage et apprivoisement d'un environnement hostile et d'un homme désociabilisé, humilité, l'ivresse de la liberté, la solitude, le temps qui passe, la vie autrement, le choix. Le choix, c'est bien la question essentielle du film... Le choix de sa liberté, ou de sa prison. Car oui, il y a une autre façon de purger sa peine qu'en milieu pénitencier.
Bref, j'ai été subjugué par ce film qui m'a permis de vivre au plus près une aventure que je n'aurai jamais le cran de tenter... Ou alors si, mais sur une île déserte avec 30 degrés de plus.
Une mention + + + pour Raphael Personnaz qui trouve ici un rôle magistral, qui lui permet d'exprimer toute l'étendue de son talent, et quel talent ! Il faut savoir que celui-ci est quasiment seul à l'écran sur les trois quarts du film, donc sans dialogues ou presque. Tout passe donc par les expressions du visage, le regard...
Le regard, voilà ce qui nous manque bien aujourd'hui dans notre société de consommation et d'urgence, nous ne savons plus regarder... Dans les forêts de Sibérie nous offre une belle fenêtre et un temps de pause pour voir... autrement.