PATIENTS, film de GRAND CORPS MALADE et Mehdi IDIR
Publié le 6 Mars 2017
Film de Grand Corps Malade et Mehdi Idir
Avec Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly
Synopsis : Se laver, s'habiller, marcher, jouer au basket, voici ce que Ben ne peut plus faire à son arrivée dans un centre de rééducation suite à un grave accident. Ses nouveaux amis sont tétras, paras, traumas crâniens.... Bref, toute la crème du handicap. Ensemble ils vont apprendre la patience. Ils vont résister, se vanner, s'engueuler, se séduire mais surtout trouver l'énergie pour réapprendre à vivre. Patients est l'histoire d'une renaissance, d'un voyage chaotique fait de victoires et de défaites, de larmes et d’éclats de rire, mais surtout de rencontres : on ne guérit pas seul.
Mon humble avis : Patients est une formidable leçon de vie, de courage, de persévérance !
C'est aussi et surtout un film autobiographique. Le slameur Grand Corps Malade y raconte sa rééducation, suite à un bête accident de piscine qui l'a rendu tétraplégique.
Durant l'heure cinquante du film, nous évoluons donc dans un centre de rééducation pour grands traumas, qui, huit clos oblige, devient comme un microcosme avec ses différents habitants, rituels etc. Nous y faisons connaissance d'autres patients mais aussi du personnel soignant, qui reste tout de même en second plan.
Le sujet est grave et pourtant, on ne tombe jamais dans le pathos. Ceci, grâce à l'humour et à l'autodérision du personnage de Ben et de certains de ses comparses. Alors, on passe du rire aux larmes, car évidemment, la vie de ces jeunes handicapés n'est tout de même pas une partie de plaisir, certains passages nous laissent en apnée devant le terrible de la situation.
Dans cette bande de potes réunis par le handicap, chacun vit et ressent son sort de différentes manières. Il y a ceux pour qui c'est nouveau, d'autres qui sont presque nés avec. Ceux-ci deviennent presque les mentors des premiers.
Le film ne cache rien de l'humilité qu'il faut pour vivre ainsi entièrement dépendant des autres, depuis la situation la plus intime jusqu'aux repas etc. Mais tout est filmé avec tendresse, avec une belle et réelle pudeur qui ne met jamais le spectateur en situation de voyeur.
Le casting est bien évidemment formidable et partie essentielle de la parfaite réussite de ce film. Mention très spéciale au jeune Pablo Pauly qui interprète Ben (Grand Corps Malade). On a vraiment l'impression d'avoir Grand Corps Malade face à nous.
Bien sûr, Patients est propice à la réflexion sur le handicap. Etre handicapé c'est alors oublier ses rêves et comme la fourchette ou le téléphone le sont, trouver des rêves adaptés. Vivre le quotidien personnel mais aussi sociétal où tout va trop vite pour eux. Partout, être toujours précédé de son handicap avant d'être une personne, une personnalité.
Etant moi-même en situation de handicap, ce film m'a évidemment particulièrement émue. Même je n'ai "pas à me plaindre", mon handicap étant invisible, mais de ce fait, très souvent oublié par mon entourage, et de de fait aussi, très méconnu dans ces conséquences sur mon quotidien, ce qui provoque souvent de l'incompréhension, voire de la gentille moquerie lorsque ma mémoire me fait cruellement défaut par exemple. Ou de l'agacement quand je dois me concentrer lorsqu'il me faut un certain temps pour retrouver le nom d'une collègue que je vois tous les jours par exemple. Mais j'ai, moi aussi, dû adapter ma vie et mes rêves. De conseillère voyages je suis devenue équipière Mc Do et je ne ferai donc pas le tour du monde comme j'en rêvais. Je vois moins loin, moins grand, et je ronronne avec mes chats qui remplacent haut les pattes tous mes renoncements.
Un film incontournable ! Et par pitié, rester jusqu'au bout du générique. Les spectateurs qui partageaient la salle avec moi m'ont fait halluciner en partant dès le clap de fin ! La musique du générique est un slam de Grand Corps Malade, sur le sujet de Patients, et fait donc intégralement partie du film bon sang ! Un peu de respect !