MAC DO : CLAP DE FIN !
Publié le 11 Juillet 2017
Et voilà, j'ai quitté le Mc Do ! Après 15 mois de bons et loyaux services !
Bon, en fait, cela fait un moment que je dois écrire ce billet et que je savoure ma démission et ma liberté retrouvée !
Lettre de démission déposée le 9 juin ! 15 jours de préavis ! Cela tombe bien, le 10 juin, je suis en vacances pour deux semaines, donc même pas besoin de retourner travailler ! Le pied ! C'est donc l'esprit libre que je suis partie randonner à Lanzarote.
C'est sûr, il y a plus d'un an, je me montrais très enthousiaste lorsque j'évoquais mon embauche et mon travail... que je ne trouvais pas désagréable, faute d'être passionnant. Là-dessus, je n'ai pas tellement changé d'avis : oui, pour moi, le contact avec la clientèle se passait très bien et me plaisait, mes rides (uniques dans mon Mc Do), mon efficacité et mon sens inné du service client faisaient que les clients me respectaient et appréciaient tant mon travail que ma façon d'être.
Certes, au début, je me voyais rester au Mc Do jusqu'à ma retraite, ou en tous cas jusqu'à ce que mon corps l'accepte et me permette de suivre le rythme. Parce que, dans ma façon d'être, dès que j'arrive quelque part, je suis persuadé d'être dans un monde bienveillant, un monde de Bisounours quelque part.
Allez, en vrac, les 10 excellentes raisons qui m'ont poussée à dire STOP !
1- Au Mc Do, il est globalement interdit de penser, de proposer, de réfléchir, et surtout de parler. Dire bonjour à une collègue passe encore, mais lui demander des nouvelles de son fils malade, ça, c'est crime de Lèse Majesté ! Même quand vous parlez boulot avec une collègue, une manager qui vous observe au loin vous interpelle pour vous dire : "Géraldine, tu es là pour travailler, pas pour parler". Et pire encore, lorsque vous papotez avec une cliente en lui servant son café et poursuivez 2 mn la conversation, une mini-chef est là pour vous crier : "Géraldine, tu as du travail" ! Et la cliente de lever les yeux au ciel et qui dit "bonjour l'ambiance, bon courage à vous". Bref, la honte, quand la méthode de management militaire dégouline jusque sur les clients. Bref, j'avais souvent l'impression d'être dans un camp de redressement pour délinquants bons à rien. Et évidemment, cela ne convenait pas du tout à mon caractère ouvert et curieux !
2- Une hiérarchie nivelée et si abondante qu'on a l'impression qu'il y a plus de "chefs" qu'il n'y a de troufions. Des formateurs, des assistants de manager, des managers grade 1, grade 2, grade 3, le chef du restaurant, les superviseurs et tout en haut, Dieu, le propriétaire de la franchise. D'ailleurs, sauf s'ils s'adressent à vous, il est interdit de parler à Dieu et à ses anges. En tous cas, il me l'a été interdit, moi qui parlait à Dieu facilement, avec autant de bonhomie que de respect, mais ne le prenant pas pour Dieu himself, même si j'admire l'empire qu'il a bâti. Donc ça non plus, cela ne me convient pas.
3 - Qui dit hiérarchie multiple, dit ordres contradictoires. Et les ordres, ils s'exécutent sans discuter. Tu n'as pas le droit de faire ça. Ah bon ? Pourquoi ? Parce que ! Donc tu finis par exécuter des ordres sans les comprendre vraiment. Quant aux membres de cette hiérarchie, ils développent tous un stress à chaque approche de rush, comme si une guerre nucléaire s'annonçait ou que nous étions au Ritz et nous préparions à accueillir un émir qatari et toute sa suite !
4- Toute initiative est interdite. Même si à un moment du rush tu te retrouves désoeuvrée et que tu prends l'initiative d'encaisser des clients qui attendent, et bien si tu n'es pas postée à la caisse, tu ne peux pas y aller sans aller demander la permission au manager qui peut se trouver à l'autre bout du restaurant.... Ou comment perdre du temps et faire attendre le client... Bref, cette méthode de management qui ne laisse aucune autonomie ne me convenait pas.
5- La communication ? Un mot pas très connu là-bas. Aussi bien pour dire qu'il y a rupture sur un produit, ou sur un nouveau process j'en passe et des meilleurs. J'ai été recrutée l'an dernier par une personne charmante (et je le pense vraiment, pas d'ironie ici) en tant que travailleuse handicapée, puisque suite à mon AVC etc, je dispose d'une RQTH. (Reconnaissance Travailleur Handicapé). Sauf qu'il n'y a eu presque aucune communication sur mon handicape au sein de l'équipe, au point que certains managers l'ignoraient. Et lorsque je me disais fatiguée, j'ai tout de même eu droit à de charmantes réflexions comme "Il ne faut pas se cacher derrière son handicap" !!! Et que régulièrement, je ressentais l'agacement de certaines devant mon incapacité à retenir certaines choses, par manque de pratique le plus souvent.
6- Le turn over est tel que finalement, à quelques exceptions près, on a l'impression de travailler avec des inconnus, surtout qu'avec l'interdiction de parler, les horaires différents et les pauses déjeuner décalées, il est bien difficile de faire réellement connaissance avec ses collègues.
7- J'ai pris 4 kg en un an. Ben oui, qui dit travailler au Mc Do, dit manger au Mc Do. Déjà parce qu'en fin de service, on meurt de faim et qu'en plus, c'est gratuit (avantages en nature). Mais attention, on ne mange pas ce que l'on veut ni en quantité illimité. Un rush travaillé = 10 points et chaque type d'aliment vaut X points en fonction de son coût, de sa taille et de son apport en calories. Et vous ne pouvez prendre 2 produits de même catégorie...A un point que cela en devient ridicule. Remarquant ma prise de poids, sur la fin, j'ai voulu arrêter les frites et compenser par 2 desserts : une compote ou un mini yaourt et un fruit à croquer. Interdit !
8- On dit que le travail sociabilise... C'est peut-être vrai pour les timides qui ne sortent pas de chez eux, les gens qui s'ennuient ou autre, mais pas pour moi. Mon travail au Mc Do m'a partiellement désocialisée. Pour deux raisons : A quelques exceptions près, j'avais plus du double de l'âge de mes collègues, et j'étais même souvent plus âgée que leurs parents. Alors évidemment, nos centres d'intérêts ne se rejoignaient pas vraiment (nos conversations dépassaient rarement le sujet du travail), ni nos modes de vie et encore moins notre vie sociale. Les jeunes du Mc Do forment en général une bonne bande de potes qui sortent jusqu'à plus d'heure etc... Je n'avais rien à faire là-dedans et ne m'y sentais pas à ma place, malgré mon affection pour nombre d'entre-eux.
L'autre raison, c'est que des suites de mon AVC, je suis très fatigable. Aussi, je travaillais 3h30 au Mc Do (de 10h à 13h30) et ensuite, je rentrais chez moi pour me coucher et dormir souvent pendant 3 heures. Résultat des courses, rien de passionnant fait dans la journée, aucun enrichissement intellectuel ou culturel, j'avais vraiment l'impression de faner, de ne plus être moi. Et puis le prorata d'heures travaillées par rapport aux heures dormies était vraiment trop proche, pas rentable du tout.
9- Depuis mon arrivée au Mc Do en mars 2016, 3 jeunes nanas m'ont prises en grippe. Un moment, j'ai cru être parvenue à obtenir leur sympathie, leur respect et leur confiance. Et en fait, non... Alors, la sensation d'être le bouc émissaire et d'approcher un relatif harcèlement psychologique a grandi. Et bien entendu, comme elles étaient toutes les 3 mes N+ 1/2 ou N+1, et bien je leur devais quoiqu'il en soit le respect malgré mon envie de leur dire leur 4 vérités.
10- Une radinerie honteuse et malvenue... En novembre dernier, comme chaque année, j'ai participé à la collecte de la banque alimentaire. Dans le stock Mc Do, je louchais sur 2 grandes boites de chips Mexicaines qui ne serviraient plus, "La campagne Mexique" étant terminée, et qui finiraient par se périmer. J'ai demandé à mon big chef si je pouvais les emmener pour la Banque Alimentaire. Ok, des chips ne sont pas un aliment essentiel, mais je pensais que pour des gens qui ne mangent pas à leur faim, avoir un petit plus sympa de temps en temps, et bien c'est sympa. Réponse du big chef : Euh non, je ne préfère pas. Si on fait soirée équipier, cela fera des économies. Je parlais à mon chef de gens qui ne mangent pas à leur faim et nous étions dans le temple de la sur-bouffe mondiale. Hum hum. Bref, c'est une mentalité qui ne me plait pas.
Dix bonnes raisons.... Et une onzième, tout à fait personnelle.
Comme je suis reconnue en incapacité partielle suite à mon AVC, je bénéficie d'aides de l'Etat. Je vous passerai les détails, mais globalement, je travaillais au Mc Do uniquement "pour la gloire" ou presque, mon maigre salaire étant défalqué de mes aides. Alors travailler dans conditions, quand on ne retire ni enrichissement personnel ni financier, et bien, je ne vois pas trop l'intérêt. Que je travaille ou pas, la différence en fin de mois se calcule en une centaine d'Euros. Alors, plutôt que de rester enfermée dans une spirale qui de toute façon ne mènera à rien, j'ai dit stop !
Mais rassurez-vous, je n'ai pas l'intention de me la couler douce au frais de l'Etat, même si ma santé pourrait me le permettre. J'ai mes jambes, j'ai mes bras, j'ai mon langage, je considère donc que je peux apporter ma pierre à l'édifice, pourvu que je trouve un environnement qui me conviennent, tant psychologiquement que médicalement.... Certes, cela serait très facile si le monde de l'entreprise s'ouvrait un peu. Car le problème en France, c'est que l'on veut bien embaucher un handicapé pour éviter certaines taxes (puisqu'il y a un quota obligatoire sous peine de taxe). Donc on veut bien le handicapé, mais rarement le handicap qui va avec... Et autre difficulté, mon handicap est invisible et difficilement quantifiable.
J'ai pour l'instant deux pistes de travail. L'un qui serait "alimentaire", l'autre qui serait passionnant ! Mais "à suivre", je n'en suis qu'aux premiers contacts, donc je n'en dirais pas plus, ignorant tout de l'issue qui s'annoncera dans les semaines prochaines.
Sinon, pour mériter ma pitance, je songe à ne plus travailler, mais à consacrer les 14 heures/semaines que je passais au MC do au bénévolat.
Le bénévolat me sociabilisera réellement et j'aurais franchement l'impression d'être utile et d'être sans doute plus appréciée à ma juste valeur. Dans le bénévolat, mon caractère et mes divers talents seront certainement plus utilisés à bon escient.
Je songe donc retourner à la SPA promener les pauvres toutous. Ma fatigue du travail m'ayant amenée à cesser cette activité ces derniers mois.
Je songe à modifier mon bénévolat annuel à la Banque Alimentaire en bénévolat hebdomadaire, comme je l'avais prévu juste avant d'être embauchée au Mc Do.
Enfin, je songe à m'investir dans l'accueil des réfugiés en France, sur Rennes évidemment. En me méfiant néanmoins des lourdes conséquences que cela pourrait avoir sur mon équilibre psychologique. Disons que j'étudie sérieusement la question. Donner des cours de français ? Apprendre aux migrants à évoluer dans la ville ? Etc... A voir, mais je sais déjà à quelle association je m'adresserai en septembre.
Car oui, pour l'instant, mises à part mes 2 pistes de travail, je me pause et me repose. Je prends soin de moi, et surtout, je mange des fruits et des légumes !