LA FETE DES MERES, film de Marie-Castille MENTION-SCHAAR

Publié le 28 Mai 2018

Film de Marie-Castille MENTION- SCHAAR

Avec Audrey Fleurot, Clotilde Courau, Olivia Côte, Nicole Garcia

 

Elles sont Présidente de la République, nounou, boulangère, comédienne, prof, fleuriste, journaliste, sans emploi, pédiatre. Elles sont possessives, bienveillantes, maladroites, absentes, omniprésentes, débordées, culpabilisantes, indulgentes, aimantes, fragiles, en pleine possession de leurs moyens ou perdant la tête. Bien vivantes ou déjà un souvenir ... Fils ou fille, nous restons quoiqu'il arrive leur enfant avec l'envie qu'elles nous lâchent et la peur qu'elles nous quittent. Et puis nous devenons maman ... et ça va être notre fête !

 

 

Mon humble avis : Celles et ceux qui s'attendent à un film drôle, comme peut le laisser supposer la bande annonce seront déçus. Tout comme celles et ceux qui imaginent ici une véritable histoire.

Car La fête des mères est un film choral, qui met en scène une multitude de personnages qui se croisent et s'entrecroisent sans être conscients de leurs "X" degrés de séparation, finalement infimes, qui les séparent ou les rapproches. Toutes et tous sont reliés par un fil que seuls les spectateurs peuvent remarquer.

Ce film est un hymne aux mères qui assurent d'une façon ou d'une autre la transmission, mais aussi à toutes les femmes. Il décortique avec justesse, sensibilité et discrétion les rapports des mères avec leurs enfants, qu'ils soient encore enfants ou devenus adultes. Il se penche autant sur le ressenti des mères, que celui des enfants. Il y a le ressenti, les ressentiments, l'amour, l'admiration, la tendresse, l'incapacité à communiquer, l'absence d'instinct maternel devant une certaine pression sociale qui fait croire que celui-ci est naturel et spontané.

Toutes les mères sont réunies dans ce film. Les absentes, car décédées ou en rupture familiale, les vivantes mais jamais là, même quand elles sont là. Celles qui ont l'instinct maternel sur-dimensionné et d'autres qui ne l'ont pas (encore). Les vieillissantes, et celles qui perdent la tête pour cause d'Alzheimer, mais qui n'oublient pas les mots qui piquent. Celles qui attendent avec joie, celles qui viennent d'apprendre qu'elles attendent et qui en sont terrifiées. Celles qui ne le seront jamais biologiquement mais qui attendent aussi l'enfant qui viendra de loin. Celles qui aimeraient que leur adulte d'enfant leur lâche les baskets. Celles qui sont fières, celles qui doutent, celles pour qui la maternité est juste naturelle et un long fleuve pas forcément tranquille mais qui se calme avec le temps... Celles qui ne seront jamais grand-mère parce que le fils est homosexuel. Car au-delà des mères, c'est de la parentalité que traite ce film. De la parentalité classique, de la monoparentalité, de d'homoparentalité.

La fête des mères n'oublient pas les femmes qui ne seront jamais mère parce qu'elles ne le souhaitent pas et qui sont souvent montrées du doigts par la société.

Ce film à l'esthétique parfaite est donc une succession de saynètes, avec à chaque fois un personnage qui donne le relais à un autre pour la saynète suivante. Le tout est admirablement bien filmé, avec douceur et pudeur, délicatesse et force. Il se dégage de très fortes émotions et celles-ci seront différentes selon que vous soyez mère ou pas, selon les relations que vous entretenez avec vos parents... La fête des mères vous offre un autre regard sur l'autre justement, d'autres points de vue, d'autres témoignages, d'autres explications... Et qui que vous soyez, quoique vous viviez, quoique vous ressentiez, vous pourrez vous dire : "je ne suis pas la/le seul(e)"...

C'est vraiment un très beau film, porté admirablement par tous les comédiens et comédiennes.

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

Repost0
Commenter cet article
G
Très envie de le voir
Répondre