NEVADA, film de Laure DE CLERMONT TONNERRE
Publié le 21 Juin 2019
Film de Laure De Clermon Tonnerre
Avec Matthias Schoenaerts, Bruce Dern, Jason Mitchell
Synopsis : Incarcéré dans une prison du Nevada, Roman n’a plus de contact avec l’extérieur ni avec sa fille... Pour tenter de le sortir de son mutisme et de sa violence, on lui propose d’intégrer un programme de réhabilitation sociale grâce au dressage de chevaux sauvages. Aux côtés de ces mustangs aussi imprévisibles que lui, Roman va peu à peu réapprendre à se contrôler et surmonter son passé.
Mon humble avis : Nevada est un très beau film sur la rédemption à travers l'animal. A travers, ou grâce, ou avec... Car ici, tout semble sauvage, indomptable, à réactions imprévisibles... La nature désertique mais soudain soumise à une tornade... Les chevaux, capturés à l'état sauvage pour être dressés et vendus aux enchères. Les hommes... Nous sommes en univers carcéral avec ses lois, ses us et coutumes jamais tendres et ses prisonniers qui ont tous un lourd passif et luttent continuellement pour contenir leur rage, leur colère, leur haine... Roman est l'un d'entre eux... Et c'est un cheval sauvage, qu'il est chargé de dressé, qui va lui montrer qui il peut être, qui il est au plus profond. C'est un cheval qui va le révéler à lui-même qui se ferme au monde des hommes.
Ce film ne pouvait que me parler, c'est d'ailleurs ce qui m'a motivée à aller le voir. Dans ma vie, plus de chevaux, mais des chats, des sauvetages, des trappages... Des chats les plus sociabilisés aux plus sauvageons. Les chats m'ont sauvée aussi, et ils m'ont montré ce que je peux faire, ce que je peux être. Avant de dresser un animal (ce qu'on ne fait pas avec les chats), on les socialise puis on les sociabilise, il faut l'apprivoiser, lui donner confiance en l'humain, avec patience, humilité. Et puis il y a ce moment où tout bascule, où l'animal accepte le contact, la main... Et ce moment est une joie et une émotion intense, jamais gagné d'avance. Mais qui change tout. J'aurais aimé que le film développe un peu plus l'apprivoisement du cheval, quitte à prolonger le film d'un quart d'heure... Car une fois le premier contact physique établi entre l'homme et l'animal... et bien dans la séance suivante, l'homme est déjà sur son dos... D'où une légère frustration pour moi, mais qui n'enlève rien à la force et la beauté du film.
Le film montre parfaitement cela, grâce notamment à son interprète principal Matthias Schoenaerts qui livre ici une performance aussi extraordinaire que bouleversante. Pour lui, très peu de dialogues. Tout se passe par les regards, les émotions du visage. Son interprétation est vraiment toute en force contenue, comme son physique d'ailleurs.
Il faut savoir que le film a été tourné dans des conditions quasi réelles. Les scènes générales de prison l'ont été dans une prison en activité. Les scènes plus individuelles, dans une prison proche mais désaffectée. Les rôles secondaires sont tenus par d'anciens détenus qui ont suivi ce programme de réhabilitation par le dressage de chevaux mustangs sauvages, qui existent réellement dans différents états de l'Ouest américain. A savoir qu'à la fin de leur peine, les prisonniers qui sont passés par ce programme sont beaucoup moins enclins à la récidive.
Un très bon film donc, sur la rédemption, la découverte de soi-même, la réconciliation, la guérison de certains maux, grâce à un animal, sur ce qui peut être domptable (donc apaisé)... ou non...
Un film parrainé et produit par Robert Redford... tout de même.