DE SON VIVANT, film d'Emmanuelle BERCOT
Publié le 9 Décembre 2021
Film d'Emmanuelle Bercot
Avec Benoît Magimel, Catherine Deneuve, Cécile de France, Gabriel Sara
Synopsis : Un homme condamné trop jeune par la maladie. La souffrance d’une mère face à l’inacceptable. Le dévouement d’un médecin (le docteur SARA dans son propre rôle) et d’une infirmière pour les accompagner sur l’impossible chemin. Une année, quatre saisons, pour « danser » avec la maladie, l’apprivoiser, et comprendre ce que ça signifie : mourir de son vivant.
Mon humble avis : Un très très beau film... Dur évidemment, mais pas horrible. Un film sur la vie, sur la mort... Que je ne conseille pas de voir si l'on est ou si l'on a été confronté récemment à ce genre de maladie et de décès... trop tôt.
La maladie ici, c'est le cancer du pancréas, sans espoir de guérison, pour Benjamin, 39 ans... Il ne lui reste que quelques mois à vivre... Mais le film n'est pas sur la maladie en elle-même. Evidemment, on constate une certaine dégradation physique sur Benoît Magimel... Non le film est sur l'annonce, la réception du diagnostic, par le patient, par ses proches... L'union sacrée qui se crée avec le personnel soignant et notamment l'oncologue, personnage ici plein de bonté, de douceur et de vérité, joué par Gabriel Sara, l'oncologue qui a inspiré cette histoire à Emmanuel Bercot.
Ce film nous met face aux décès de nos proches, à notre position de proche... Amis, épouse/époux, enfants... Nos réactions, nos révoltes, nos faux pas, nos regrets, notre maladresse, notre énergie de faire au mieux. C'est à travers le personnage de Catherine Deneuve, sublime et humble une fois de plus, qui nous permet ce regard, ces questionnements.
Mais nous sommes aussi face à notre fin certaine, à travers le personnage de Benoît Magimel... La douleur, la maladie, la peur, les regrets, le regard sur notre vie, réussie ou trop vide selon le goût et les rêves de chacun. Ce film s'attaque à un tabou et regarde la mort en face, avec beaucoup d'humanité.
Il y a la révolte de l'entourage et du patient... Et puis l'acceptation face à l'inéluctable, après un chemin parcouru main dans la main avec le personnel soignant, qui accompagne en phase terminale, qui soulage, faute de pouvoir soigner. Ce personnel qui souffre aussi de cette impuissance, de très belles scènes lui sont consacrées. La compassion du médecin est saisissante et sonne tellement juste, qu'on en viendrait à espérer la présence de celui-ci lorsque notre moment approchera. L'accompagnement est autant "spirituel" que médical et ce film offre de belles réflexions sur la vie... et sa fin...
Mon seul regret, c'est que quelques répliques sont murmurées. Murmures liés à la faiblesse du personnage de Benjamin, mais aussi parfois à l'intimité de la situation. Et dans ces cas-là, elles ont parfois été inaudibles pour moi, alors qu'elles étaient certainement très belles et pleines de sens, et semblaient advenir à des moments clés du chemin de Benjamin. Dommage. Le murmure est réaliste, mais pour le spectateur, il serait mieux de les rendre plus audibles...
Evidemment, je ne peux clore ce billet sans manifester mon admiration pour Benoît Magimel qui porte ici un rôle aussi grand que lourd, et le tout, avec un réel brio et une sobriété bienvenue. Magimel a donné de sa personne pour interpréter Benjamin. Le tournage ayant été longuement interrompu par deux fois, (notamment à cause du Covid), c'est en tout 60 kg que Benoît Magimel a perdus, repris etc... Son interprétation est vraiment bouleversante et mériterait une belle récompense du milieu.
Je suis contente d'avoir vu ce film qui pour moi, a plutôt été comme apaisant, même s'il est triste, dur, bouleversant, remuant, comme la vie et son issue peuvent l'être. Je l'ai vu, mais je ne le reverrai pas s'il passait à la télé ou autre.... Aussi parce que ce film est inoubliable.