LE FESTIN, de Margaret KENNEDY
Publié le 20 Juin 2024
Roman - Editions Table ronde - 480 pages - 24 €
Réédition en mars 2022 (Existe aussi en poche) Parution d'origine en 1950
Mon pitch : 1947, dans les Cornouailles. Le Manoir de Pendizack, transformé en hôtel par ses propriétaires, vient de disparaitre sous l'éboulement de la falaise qui le surplombait. Un certain nombre de ses occupants sont donc décédés, et le prêtre de la commune a bien du mal à se concentrer pour rédiger son oraison funèbre. Ce livre raconte la semaine qui précède le drame, avec espièglerie et ironie.
Tentation : La blogo
Fournisseur : La bib de St Lunaire
Mon humble avis : Je dois être l'une des dernières, sur la blogo, à lire ce roman que l'on a beaucoup vu il y a deux ans. J'ai enfin pris le temps de le lire, et mon Dieu, mais c'est un régal, un pur régal ! Les pages se tournent toutes seules, on rit, on est offusqué, on tremble, on se dit "oh, Margaret a osé"... Vraiment, les dialogues, caustiques à souhait, sont truculents d'humour noir... ou british, de d'ironie, cruauté, de dérision, et en même temps, criants de vérité.
Dans cet hôtel, ça persiffle à tous les étages et à tous propos. Il faut dire que les personnages adultes, à une ou deux exceptions près, brillent dans l'ignominie et franchement, on adore les détester, tant ils nous font, quelque part, rire sur la nature humaine, car oui, des fois, il vaut mieux en rire. Chacun représente en quelque sorte un des péchés capitaux. On sait dès le début, que certain périront dans l'effondrement de la falaise. Le jeu, je vous l'accorde un peu cruel, pour le lecteur, est de deviner qui survivra au drame. Margaret Kennedy met d'ailleurs nos nerfs à rude épreuve tant elle ne manque pas d'idées de rebondissements, qui même s'ils paraissent minimes, retardent l'advenue de la catastrophe. Qui aura la vie sauve ? Chaque pêché est-il aussi capital que les autres ? Il vous faudra vous plonger dans ce livre pour le savoir.
Il faut remettre ce roman dans son contexte historique. Deux ans après la guerre. Certains en sont encore traumatisés, d'autres ne l'ont pas vécue puisqu'ils ont fui aux Etats Unis. Mais tous en subissent les conséquences : le rationnement et les tickets qui vont avec... Et chacun (ou presque) veut tirer la couverture à soi.
Quoiqu'il en soit, le Festin peut se livre à différents degrés. Le premier, celui d'une comédie satirique, où il règne un peu une ambiance et un style "Desperates Housewives" ou "Quatre mariages et un enterrement", vu toutes les vacheries que s'envoient, l'air de rien, les uns et les autres.
Le second, comme une fable qui décrypte la nature humaine dans les difficultés. Et là, le symbole dans le livre est fort... Plus la faille entre les pensionnaires de l'hôtel s'élargit, plus celle de la falaise en fait autant et au final, tout s'écroule. Une communauté qui se déchire, ou chacun tire à soi la couverture au mépris des autres, menant ainsi à un effondrement... Ca ne vous dire rien ? Tout parallélisme avec la climat politique actuel de la France n'est-il que pur sarcasme de ma part ?
En tout cas, lisez ce roman, votre moment sera excellent, même peut-être mieux... mémorable ! Car ce Festin, je ne suis pas là de l'oublier... Ah oui, qui plus est superbement écrit et mené !